Report de la généralisation du code-barres : L’incompréhensible décision du ministère du Commerce

26/04/2022 mis à jour: 18:30
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Photo : D. R.

Prévue initialement début 2022, conformément à l’arrêté interministériel du 16 décembre 2021 portant règlement technique fixant les conditions et les modalités applicables à l’apposition du code-barres, celle-ci semble faire face à des lenteurs et des blocages.

La généralisation de l’apposition du code-barres sur les produits destinés à la consommation humaine se fait toujours attendre. Elle est reportée jusqu’à nouvel ordre. Prévue initialement début 2022, conformément à l’arrêté interministériel du 16 décembre 2021 portant règlement technique fixant les conditions et les modalités applicables à l’apposition du code-barres, celle-ci semble faire face à des lenteurs et des blocages.

Elle n’enregistre pas d’engouement du côté des opérateurs économiques. Mais cette raison n’explique pas à elle seule ce report. Le ministère du Commerce et de la Promotion des exportations a juste annoncé la semaine dernière, dans un communiqué rendu public, que cet ajournement permettra d’assurer la réunion des conditions nécessaires à l’entrée en vigueur des dispositions de l’arrêté interministériel du 16 février 2021, portant règlement technique fixant les conditions et les modalités.

Il a appelé dans le même sillage les opérateurs économiques concernés à se rapprocher des directions de commerce des wilayas et des Chambres de commerce et d’industrie pour leur fournir toutes les informations et les explications relatives à ce nouveau système pour mieux préparer leur adhésion à cette démarche.

Une année n’aura donc pas suffi aux entreprises ni au ministère du Commerce pour opérer ce changement. Un changement qui devrait exclure dans un premier temps les produits importés faisant l’objet d’une domiciliation bancaire avant l’entrée en vigueur.

C’est-à-dire que la généralisation de l’utilisation du code-barres devrait au début concerner uniquement les produits locaux et ceux destinés à l’exportation. Si avant la promulgation du texte, le vide juridique expliquait le désintérêt des opérateurs économiques à la codification, maintenant que le règlement est adopté, on assiste à des reports sans fixer de date limite. Et pourtant, l’utilisation du code-barres permettra de limiter les pratiques illégales. Le code assure en effet l’identification automatique du produit et identifie la traçabilité.

Il facilite, par ailleurs, les opérations de contrôle numérique et la protection du consommateur. De même qu’il permettra aux opérateurs économiques de commercialiser des produits répondant aux normes internationales et d’accéder ainsi aux marchés extérieurs. En décidant donc de ce report, l’adaptation aux standards internationaux en matière d’identification et de codification des marchandises mais aussi de traçabilité de la chaîne logistique est remise aux calendes grecques.

C’est aussi une manière de donner libre champ à la prolifération des pratiques illégale, notamment la contrefaçon. Déjà que la sphère commerciale est dominée par l’informel et que le marché manque de maturité dans ce domaine. D’ailleurs, sur plus de 2 millions d’opérateurs économiques inscrits au registre du commerce, environ 10 000 entreprises seulement disposent d’un code-barres linéaire sur leurs produits.

Si certains produits algériens disposent de code-barres, aucun carton ou palette n’en a. Autrement dit, la relation entre le client et le fournisseur ne se fait pas conformément aux normes en vigueur à travers le monde.

Ce défaut concerne plusieurs secteurs d’activités, particulièrement le l’industrie pharmaceutique. Dans ce secteur, aucune entreprise sur les 60 laboratoires algériens n’a adopté jusqu’à aujourd’hui les standards GS1 Datamatrix, à l’exception d’une seule tentative de la part du groupe Saidal, selon GS1.GS1.

A titre indicatif, GS1 Datamatrix est un code-barres matriciel qui dispose d’une capacité à stocker un grand nombre de données sur une surface imprimée très réduite et lui confère de réels atouts pour la sécurité sanitaire, la lutte contre la contrefaçon. Son appartenance aux normes internationales couplée à la syntaxe GS1 lui garantissent un usage public  parfaitement ouvert ainsi qu’une reconnaissance dans le monde entier. Datamatrix est également exigé par de nombreux pays (Union européenne, Egypte, Etats-Unis, Jordanie…) dans les opérations d’exportation, notamment pour les produits pharmaceutiques.

A l’ère où les entreprises algériennes du secteur cherchent à pénétrer le marché international, ne faudrait-il pas accélérer ce processus et se mettre aux normes au risque de perdre cette ouverture. C’est le cas aussi pour d’autres secteurs où les entreprises, dont la majorité des PME, ont besoin, selon l’économiste Brahim Guendouzi, d’être accompagnées pour opérer le passage à la codification. 

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