Le Tigre et l’Euphrate, les deux fleuves mythiques qui ont abreuvé l’une des plus brillantes civilisations de l’histoire de l’humanité, seront bientôt à sec dans le sud de l’Irak.
Les activités humaines, le manque de pluie, le réchauffement climatique et la construction de barrages et d’ouvrages hydrauliques en Iran et en Turquie font que les deux fleuves ont vu leur débit baisser de plus de 50% tout en continuant à s’assécher chaque jour un peu plus.
L’eau devient si rare que les paysans sont forcés d’abandonner leurs terres et leurs cultures, de vendre leurs bêtes et de changer de mode de vie du jour au lendemain avec, comme inévitables corollaires, l’exode intérieur vers les grandes villes ou l’émigration clandestine vers d’autres cieux.
Bien évidemment, le coût humain et les conséquences sur l’environnement de tels bouleversements climatiques sont on peut plus dramatiques. Plusieurs reportages parus dans des médias internationaux rendent compte de cette ahurissante et amère réalité irakienne.
C’est un cataclysme qui marque un tournant de l’histoire de l’humanité et qui prouve, si besoin est, que le réchauffement climatique est une réalité qui est en train de bouleverser et de remodeler le monde.
Particulièrement les pays semi-arides comme l’Irak, ainsi que les pays du Sahel, du Proche et du Moyen-Orient, qui risquent de se transformer rapidement en déserts stériles et inhospitaliers si rien n’est fait pour arrêter cette spirale infernale.
C’est un signal fort car le Tigre et l’Euphrate, symboles historiques de fécondité, fertilité et prospérité, ont abreuvé et irrigué l’une des plus brillantes civilisations de l’histoire de l’humanité. Celle de la Mésopotamie, dont le nom vient du grec «meso», qui signifie «au milieu de» et «potamos», qui désigne le «fleuve». Le pays de l’entre-deux-fleuves.
Le Croissant fertile qui a irrigué Sumer et donné au monde Babylone est à l’origine de plusieurs évolutions fondamentales de l’histoire humaine, comme l’agriculture au néolithique, le premier système d’écriture, créé entre 3400 et 3200 av. J.-C., l’administration, les villes ou l’Etat.
Tout un monde. Celui que nous connaissons aujourd’hui. Dans le sud de l’Irak, l’été venu, les habitants sont déjà dans l’après-réchauffement climatique : sécheresse, tempêtes de sable fréquentes, désertification galopante, températures en hausse à des niveaux jamais atteints auparavant et coupures fréquentes d’électricité pour cause de délestage. Les Nations unies viennent d’ailleurs de classer l’Irak parmi les 5 pays les plus exposés au monde au réchauffement climatique.
C’est le pays laboratoire où l’on peut étudier les conséquences du réchauffement climatique qui attend l’humanité si elle ne prend pas les mesures adéquates pour réduire les émissions des gaz à effet de serre dans l’atmosphère.
Ce qui se passe aujourd’hui en Irak devrait nous alerter, nous interpeller, nous intéresser au plus haut point, nous les Algériens, tant il y a de ressemblances entre nos deux pays en termes de climat, population et de besoins en développement. Nous devrions d’ores et déjà retenir cette leçon que l’Irak nous offre à son corps défendant et mettre la gestion de l’eau au centre de toutes nos préoccupations.