Décidément, les travailleurs du complexe des cycles et motocycles de Guelma, une soixantaine environ, n’en finissent plus de subir de plein fouet les affres de la cherté de la vie, aggravée par l’accumulation, depuis plusieurs mois, des salaires impayés et des acomptes.
Il s’agit là d’une situation qui dure depuis de nombreuses années et à chaque mouvement de grève et de protestation, El Watan en a fait l’écho au même titre que les nombreuses visites ministérielles et les promesses d’un avenir meilleur pour ce complexe mythique des années 1970, fleuron de l’industrie mécanique à l’échelle nationale et africaine.
Mais à ce jour, les rares commandes de motocycles pour le compte d’Algérie Poste ou ceux dans un passé récent de l’ONAAPH (Office national des appareillages et accessoires pour personnes handicapées), aujourd’hui clôturées, ne semblent pas renflouer les caisses de l’usine et encore moins de régler ses dettes «pharaoniques». «Je suis très malade. Le stress d’un avenir détruit à jamais dans ce climat socioéconomique à l’usine m’a anéanti. Je ne souhaite à personne de connaître un jour l’impuissance d’un père de famille de ne pouvoir subvenir aux besoins de ses enfants des années durant alors qu’il part chaque matin au travail», déclare à El Watan un employé de Cycma.
Et de conclure : «Je pose une seule question aux responsables de notre usine. Une seule question aux décideurs en haut lieu. Pourquoi sommes-nous violentés de la sorte ? Nous sommes écrasés par le poids des problèmes de la vie. Fallait-il en arriver là ?» La vérité dite, notre interlocuteur n’en rajoutera pas un mot. En effet, si Cycma est depuis plus de 24 années à la recherche d’un partenaire étranger ou national pour relancer un deux-roues motorisé compétitif sur le marché national, il n’en demeure pas moins que les rares cas de rapprochements entre cette usine et d’autres entités se sont soldés par des coopérations éphémères ne dépassant généralement pas le stade du montage.
Quoi qu’il en soit, et pour la énième fois, le syndicat de l’entreprise placarde à l’entrée de l’usine un communiqué en date du 16 septembre «assimilé beaucoup plus à un SOS en direction de l’administration» pour dénoncer le pouvoir d’achat en nette dégradation des travailleurs.
Mais pour remonter la pente «il faudrait décrocher plus de commandes», avancent de nombreux observateurs du secteur. Ainsi côté usine, le complexe Cycma est en phase d’achever le montage d’une commande de 100 motocycles destinés à Algérie Poste, après plusieurs jours d’arrêt de travail suite à une grève, qui serait «illégale», nous dit-on, et dont l’issue a conduit à des sanctions pour un groupe de travailleurs.
Notons enfin que le PDG de Cycma a esquivé, hier, aux portes du siège de la direction générale toute tentative d’El Watan pour nous fournir plus d’informations et par la même apporter un éclairage supplémentaire en direction de l’opinion publique à Guelma. Sans commentaire !