Rencontre littéraire à Mascara : Bouziane Ben Achour, écrivain aux voix multiples

29/01/2025 mis à jour: 14:13
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Bouziane Ben Achour (à droite) avec El Keurti Mohamed à Mascara

Samedi 25 janvier, le centre El Amel de Mascara a été le théâtre d’une riche rencontre littéraire, en présence de Bouziane Ben Achour, dramaturge, essayiste, écrivain et critique de théâtre. Un événement qui a rassemblé des auteurs, des figures du théâtre et des écrivains de renom de la cité Emir Abdelkader, notamment Mohamed El Keurti, Abdelaziz Abdelmoudjib, Ahmed Fidouh, Sid Ahmed Sahla et Remil Habib.

 

Bouziane Ben Achour, auteur prolifique et témoin privilégié de l’évolution du théâtre algérien, a présenté son dernier roman, Le Crépuscule d’un anonyme, publié chez El Kalima Editions, ainsi que son essai Journal de bord d’un témoin du théâtre algérien, édité par Nadar. A travers un débat interactif et riche en échanges, il a retracé les étapes marquantes de sa carrière, tout en évoquant ses contributions dans les domaines du théâtre, de la littérature et du journalisme. 

Recruté dans sa jeunesse au Théâtre d’Oran, qui venait de changer de statut en Théâtre régional d’Oran, par le regretté Abdelkader Aloula, grande figure du théâtre algérien, Bouziane Ben Achour a commencé sa carrière comme comédien professionnel. Sur les conseils avisés d’Aloula, il décide toutefois de suspendre son activité théâtrale pour se consacrer à ses études de sociologie. Cependant, sa passion pour le théâtre reste intacte. Il rejoint ensuite le journal El Djoumhouria, où il mêle journalisme et activités théâtrales improvisées au sein des locaux du quotidien.

Au fil des années, Bouziane Ben Achour s’impose comme une plume spécialisée dans le théâtre au sein de la presse écrite, passant par des journaux comme Algérie Actualité et El Watan, où il occupe le poste de directeur régional de l’Ouest. 

De retour à El Djoumhouria, il devient directeur général avant de prendre sa retraite.L’écriture théâtrale constitue l’une des constantes de la carrière de Bouziane Ben Achour, avec une vingtaine de pièces à son actif. Parmi elles, Sayade El Melh, montée en 1994 au Théâtre régional d’Oran, marque ses débuts. Ses œuvres, jouées sur plusieurs scènes nationales et internationales, notamment en France, au Maroc, en Tunisie, au Caire et à Damas, explorent des thématiques profondément ancrées dans les réalités sociales et culturelles de l’Algérie. Parallèlement, Bouziane Ben Achour s’est distingué comme essayiste. Au cours de son parcours, il a publié quatre essais remarquables sur le théâtre algérien, ainsi qu’un essai sur la musique algérienne. 

Durant la décennie noire, Bouziane Ben Achour s’oriente vers la littérature romanesque pour combler le manque de récits sur cette période sombre. Son premier roman, inspiré de son expérience de journaliste, marque le début d’une série d’œuvres poignantes : Dix années de solitude, Sentinelle oubliée, Bientôt finira la peine, entre autres. 
 

Échanges

Cette transition vers la fiction s’inscrit dans la continuité naturelle de son engagement artistique et intellectuel. Dans son essai Journal de bord d’un témoin du théâtre algérien, Bouziane Ben Achour jette un regard sur les grandes évolutions du théâtre et partage ses réflexions sur le parcours de grandes figures de la scène artistique et théâtrale, offrant une ressource précieuse pour les chercheurs et la mémoire culturelle algérienne. 

Lors de cette rencontre, Bouziane Ben Achour a dialogué avec des figures culturelles emblématiques de la wilaya de Mascara. Parmi elles, Mohammed El Keurti, passionné de littérature et président du plus ancien ciné-club d’Algérie, actif depuis 1987 ; Abdelaziz Abdelmoudjib, homme de théâtre ; Ahmed Fidouh, romancier, traducteur et auteur du roman Amitié gâchée ; Sid Ahmed Sahla, journaliste et dramaturge ; et Remil Habib, auteur du roman Cri dans la nuit. 

Ces échanges ont mis en lumière des thématiques essentielles, comme la mémoire culturelle et la transmission artistique, deux axes majeurs de l’œuvre de Bouziane Ben Achour. Il est important de rappeler que le journaliste, auteur et critique de théâtre Mohammed Kali était, le 7 décembre 2024, hôte du centre El Amel pour une vente-dédicace suivie d’un débat autour de son dernier ouvrage Raï, Oh! ma déraison, publié par les éditions Chihe International. 

Dans cet essai, Mohammed Kali aligne les preuves et démontre que, si les deux genres emblématiques du raï ont recours aux seuls instruments traditionnels, comme la gasba et le galal, ils ne jouent ni la même partition ni ne chantent le même genre de textes. 

Contrairement à l’assertion commune selon laquelle le raï serait né dans les lieux de la marge, l’auteur met en évidence les conditions historiques ayant présidé à son émergence. Selon lui, le raï trouve plutôt ses racines dans une modernité subie au début du XXe siècle, notamment avec l’avènement du travail féminin salarié en milieu rural, dans les travaux agricoles.

Enfin, à travers cet essai, Mohammed Kali revient sur la genèse du genre : comment le Raï «trab» a-t-il accouché du Raï dit «moderne», et comment ce dernier a évolué depuis son internationalisation ? À travers son œuvre multidimensionnelle et son témoignage unique sur l’évolution du théâtre et de la littérature en Algérie, Bouziane Ben Achour s’impose comme un acteur incontournable de la scène culturelle algérienne. 

De même, les analyses de Mohammed Kali enrichissent la compréhension du patrimoine musical national. Ensemble, ces figures inspirent les générations actuelles et futures à explorer et valoriser les richesses du patrimoine culturel algérien.   

Mascara 
De notre correspondant  Souag Abdelouahab

 

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