Rencontre de dialogue et de concertation : Ce que des partis politiques ont dit à Tebboune

23/05/2024 mis à jour: 12:41
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Photo : D. R.

Certains partis ayant pris part à l’enclave ont rendu publique, hier, la teneur des déclarations de leurs premiers responsables respectifs.

Le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, a réuni, mardi, les chefs de parti politique siégeant dans les assemblées nationales et locales. Pas mois de 27 leaders politiques de différentes obédiences ont été conviés à ce conclave auquel étaient également présents le Premier ministre, Nadir Larbaoui, et le directeur de cabinet de la présidence de la République, Boualem Boualem.

Durant plus de huit heures qu’aura duré cette rencontre au Centre international des conférences (CIC) Abdellatif Rahal, les chefs de parti ont fait part de leurs préoccupations et soumis des propositions sur plusieurs questions nationales et internationales avant d’écouter les réponses du chef de l’Etat. Certains partis ayant pris part à l’enclave ont rendu publique, au lendemain de la rencontre, la teneur des déclarations de leurs premiers responsables respectifs.

Dans un communiqué, le président de Jil Jadid, Djilali Sofiane, a estimé que «le rôle des partis politiques doit être évalué et intégré dans une perspective d’organisation de la société, plurielle par essence». «Celle-ci a donc besoin de divers canaux d’expression qui soient légitimes au regard de la loi. Cependant, toute tentation d’homogénéisation de la pensée par la contrainte créera une réaction de défiance et de perte de confiance des citoyens», relève-t-il.

Pour M. Djilali, avoir des «approches différentes» du progrès du pays n’est pas un «danger mais au contraire améliore le rendement et oblige à toujours donner le meilleur de soi». «Dans cet esprit, Jil Jadid espère que le débat public soit ouvert largement, permettant la confrontation d’idées et de projets dans les médias nationaux à l’effet de renforcer les liens entre les citoyens et la classe politique, qu’elle soit au pouvoir ou dans l’opposition», insiste-t-il.

Aussi, pour l’intervenant, si «le cadre du dialogue instauré aujourd’hui est institué, alors il pourra devenir le lieu d’une réflexion puis d’un consensus national sur les nécessaires, bien que parfois douloureuses, réformes pour engager le pays sur la voie d’un développement accéléré sous l’égide d’un Etat souverain et maître de son destin».

«Front patriotique»

De son côté, le premier secrétaire du Front des forces socialistes (FFS), Youcef Aouchiche, a salué cette initiative, même s’il aurait souhaité qu’elle intervienne plus tôt pour permettre un «grand débat» national sur les questions stratégiques qui engagent la nation. A l’adresse du chef de l’Etat, M. Aouchiche a estimé que pour que le «front patriotique soit solide et durable», il devrait résulter d’un «vrai dialogue avec les forces politiques et sociales dans le respect du pluralisme politique, syndical, médiatique  et culturel».

Aouchiche appelle le président Tebboune à prendre des «mesures d’apaisement» : « A la veille d’une échéance politique importante pour le pays, nous vous appelons à prendre des mesures de détente en déverrouillant les champs politique et médiatique, en libérant les détenus d’opinion et en ordonnant la cessation du harcèlement de citoyens pour des publications critiques non diffamatoires.»

Il a également profité de l’occasion pour rappeler au chef de l’Etat «la nécessité de l’abrogation ou la réforme de certaines lois qui sont en contradiction avec l’esprit de la Constitution et les principes démocratiques et de l’Etat de droit». Il a cité dans ce sens l’article 87 bis du code pénal, les lois sur les syndicats, l’information, les élections...

Le Parti des travailleurs (PT) a rendu compte des points soulevés par sa secrétaire générale, Louisa Hanoune, lors de cette rencontre. A ce titre, elle a évoqué la «nécessité» de lever «les restrictions à la pratique politique» «en libérant complètement les médias» et «en révisant la gestion de la publicité publique pour que sa distribution soit équitable, où les journaux actuellement inexistants bénéficient de privilèges, alors que les vrais journaux en sont privés». 
Elle a réitéré la demande de «libération des détenus d’opinion, des prisonniers politiques et l’arrêt des poursuites judiciaires pour des raisons politiques».

«Dialogue franc et constructif»

Elle a à cet effet demandé «l’abrogation» de l’article 87 du code pénal «qui a ouvert la voie à des restrictions, mais aussi à la criminalisation de l’exercice politique, syndical et journalistique». Dans le volet social, la SG du PT a abordé l’affaire des milliers de  commerçants condamnés pour spéculation et exhorté le Président à exercer son pouvoir pour décider d’une grâce présidentielle en faveur des prévenus.

La candidate du PT au prochain scrutin a fait part de «la tragédie des 18 000 travailleurs de Sonelgaz qui ont été licenciés arbitrairement, ainsi que les souffrances causées par les salaires non payés aux dizaines de milliers de travailleurs du secteur économique». Mme Hanoune a aussi insisté sur la nécessité de «renforcer» le pouvoir d’achat, «car même les hausses des salaires des fonctionnaires ont été englouties par l’inflation».

Dans son intervention, elle a plaidé pour la révision de l’allocation chômage qui est actuellement «exclusive et temporaire» alors que «les chiffres publiés par l’agence de l’emploi font état de l’existence de 2,1 millions de chômeurs». Concernant le plan international, cette rencontre a permis aux participants d’évoquer la cause palestinienne et le génocide perpétré par l’entité sioniste à Ghaza.

Mme Hanoune a réitéré, à cet effet, son appel «au retrait de l’Algérie de la Ligue arabe». Les partis conviés à la rencontre avec le président de la République, à l’instar du FLN, du RND, du Mouvement El Bina, du Front El Moustakbal, MSP, se sont tous félicités du «dialogue franc et constructif» qui a prévalu. «Cette réunion était une opportunité pour les partis de débattre des mutations politiques majeures qui nécessitent un débat national», se réjouit le président du MSP, Abdelali Hassani Cherif.

Charfi : «La présidentielle se déroulera dans des conditions optimales»

Le président de l’Autorité nationale indépendante des élections (ANIE), Mohamed Charfi, a assuré, hier depuis la wilaya de Laghouat, que «le prochain scrutin présidentiel se déroulera dans des conditions et normes optimales en termes de transparence et  de démocratie». S’exprimant lors d’une visite de travail dans la région, M. Charfi a affirmé que «l’ANIE, forte d’une grande expérience et jouissant des ressources matérielles, technologiques et d’un staff compétent, ne ménagera aucun effort pour la consécration de la transparence lors de la prochaine échéance présidentielle».

Il a, dans ce cadre, signalé que «l’ANIE s’est attelée, depuis son institution, à lutter contre toutes les formes de fraude et les rendre impossibles». Partant du slogan choisi pour cette prochaine consultation populaire portant «Confirmation du processus démocratique électoral», cette instance a,  déclare M. Charfi, fait preuve de bonne organisation, de rigueur, de vigilance et de détermination pour la consécration de la transparence et la neutralité, affirmant le «succès à toutes échéances électorales supervisées par l’ANIE».

Le président de l’ANIE a soutenu que l’instance a franchi de grands pas en termes d’exploitation de l’outil numérique permettant, ainsi, à tout candidat pour les prochaines présidentielles de présenter ses formulaires au niveau de la délégation de wilaya sans se déplacer à Alger, avant d’être comptabilisés par voie numérique.

Il a rassuré, à ce titre, que «l’erreur sera totalement inexistante avec l’authentification numérique en présence des notaires, des huissiers et des cadres habilités». M. Charfi a, lors de sa visite dans la wilaya de Laghouat, procédé à l’inauguration du siège de la délégation de l’ANIE, avant d’inspecter le terrain devant servir d’assiette pour son futur siège. (APS)

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