Rencontre avec Fouad Boukhalfa à l’espace culturel Bachir Mentouri : «Je ne suis pas le maître absolu de mon écriture»

10/02/2024 mis à jour: 02:23
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A gauche l’universitaire et journaliste Jaoudet Gassouma, au centre l’auteur Fouad Boukhalfa et à droite la poétesse Fouzia Laradi

L’établissement arts et culture de la wilaya d’Alger a organisé une rencontre avec l’auteur Fouad Boukhlafa 
au niveau de l’espace culturel Bachir Mentouri à Alger, dans le cadre de son rendez-vous hebdomadaire «Les mercredis du verbe».

Fouad Boukhlafa est un passionné d’écriture littéraire, poétique et philosophique. Il a interrompu ses études universitaires depuis plus d’une quarantaine d’années, pour exercer différents métiers, à savoir enseignant, animateur culturel, correspondant de presse, responsable de stocks.

 Il milite entre autres dans le volontariat pour la réforme agraire, dans le ciné-club, dans le théâtre amateur et pour les droits humains… Après avoir publié Un langage charnel de l’être : Wichêm (le tatouage absolu ou la ligne expressive de la créativité), Fouad Boukhlafa a signé un second livre Chose D’être, Genres littéraires composés, paru avec le concours du ministère de la Culture et des Arts et les éditions El Fairouz culturelle production en 2023. 

C’est justement,  ce dernier-né qu’il est venu présenter devant une assistance assez nombreuse. Dans une introduction assez habile, l’universitaire, journaliste et plasticien Jaoudet Gassouma définit le poète Fouad Boukhalfa comme un personnage ayant beaucoup d’épaisseur. «Connaître Fouad Boukhalfa, dit-il, c’est une expérience. Il a un parcours singulier qui de par sa discrétion passe partout.

 Il a interrompu ses études universitaires pour faire mille métiers. Fouad Boukhalfa est un personnage du questionnement. C’est un être évanescent de lumière et de littérature. C’est un être qui est fait de différentes formes. Il a une forme éthérée, mentale et philosophique». 

L’ouvrage atypique et déconcertant à la fois Chose d’être, Genres littéraires composés, comporte 37 titres, étalés sur 218 pages. Pour Fouad Boukhalfa, le titre est intuitif. Il souligne que son livre donne la voix à des êtres qui ne sont pas médiatiquement visibles par la société. 
 

Prise de conscience

Revenant sur le processus d’écriture, l’orateur estime qu’on écrit ce que l’on ressent. Par la suite, à travers le travail du texte, c’est l’écriture qui nous amène à écrire. «Je ne suis qu’un médium. Je ne suis pas le maître absolu de mon écriture. A force d’écrire et de reprendre l’écriture, de développer, je deviens un médium par rapport à quelque chose qui est en train de se faire et qui me dépasse. Au moment de l’écriture, il y a une prise de conscience. C’est-à-dire qu’on touche à la blessure qui était enfoui en nous, à l’image d’un trauma ou autres. 

Dix ans, quinze ans après, on est ébranlés, on pleure».L’écriture et la mise en page des textes de Fouad Boukhlafa sont bien étudiées. Il laisse des interlignes. Chaque interligne et chaque mot ont une place  bien précise. Comment l’auteur est-il arrivé à cette écriture et réflexion ? Il confie qu’à un moment donné de sa vie, il était sans travail pendant une année. Pendant cette durée, il a décidé de reprendre tous ses textes afin de les classer par catégories, dont la condition d’être, le sens d’être, ou encore bien être prêt. 

Au fur et à mesure de la classification de ses textes en relation avec des événements donnés, ses textes ont pris de l’ampleur. Ils se sont développés tels qu’ils ont pris place et se sont imposés par rapport à d’autres textes. «Et c’est là que ces textes se sont cristallisés pour former des ouvrages, des compositions qui sont prêt à l’édition», précise-t-il.
 

Écriture singulière

La technique d’écriture de Fouad Boukhalfa est assez singulière. Il se plaît à user et abuser de majuscules, d’interligne au nombre de quatre, de rythme verbal, de courbure oblique de la ligne et  de  mise en exergue de l’accord rythmique. Pour notre poète et philosophe, écrire, c’est se relire. C’est cette relecture qui nous amène à cette écriture. «Au départ, il y a une ouverture poétique spontanée. 

La finalité du texte vient avec la manière de dire la chose. Mais en même temps, c’est une manière de retravailler le texte et ce, jusqu’ à la finition», détaille-t-il. Fouad Boukhalfa ne s’en cache pas en soutenant que quand il écrit, il ne  sait pas de quel thème il s’agit. Au fur et à mesure qu’il  avance  dans l’écriture, se précise la thématique. 

Cependant, le fil conducteur de ses textes repose sur le sentiment d’amour. «Il n’y a pas, à proprement parler, un thème préétabli, comme le cas d’un sujet de rédaction prédéfini, à traiter, car en fait, l’aboutissement thématique, qui demeure, quoiqu’on  dise, dans le voisinage d’une interprétation aléatoire, relativement subjectif est le résultat d’un développement, d’une écriture… Je ne saurais imposer des limites définitives à un thème précis, car je ne représente, en fait, d’une certaine manière que cet autre lecteur qui s’est relu, sans cesse, de telle sorte qu’il donna sens à un travail de création…»

 Dès que l’idée se précise, dès qu’un thème se dégage du texte en cours de formation, il y a éclatement de diverses possibilités de cheminements de lectures interprétatives. Chaque lecteur saura certainement, dégager quelques «unité thématiques», se forger une opinion, en prenant plaisir à lire une composition d’art littéraire, telle que celle-ci, intitulée «Chose d’être».
 

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