Réhabilitation des établissements hôteliers : Les cas édifiants du Cirta et du Panoramic

12/12/2023 mis à jour: 00:15
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Protea Hotel Constantine (ex-Panoramic) - Photo : D. R.

L’événement Constantine, capitale de la culture arabe (CCCA) 2015, qui a fait couler beaucoup d’encre, continue de livrer les dessous d’une gestion fort décriée, et qui a fini par intéresser la justice. En 2023, c’est la Cour des comptes (CC) qui en fait état à travers le programme de réhabilitation et modernisation (PRM) dont ont bénéficié les hôtels Cirta et Panoramic.

Selon l’Institution supérieure de contrôle de patrimoine et fonds publics, la mise en œuvre de PRM, initié par l’Etat en faveur du secteur public, et englobant 61 structures hôtelières, a été entravée par plusieurs facteurs, dont la faiblesse de ses études techniques et économiques, l’absence d’une gouvernance et les déficiences caractérisant les procédures de contrôle interne.

Dans le patrimoine géré par l’entreprise de gestion touristique EGT-Est figurent les deux symboles du parc hôtelier constantinois. En raison de la perspective de la manifestation de 2015, l’urgence de la livraison des deux établissements étoilés était motif à délégation.

Sur décision des pouvoirs publics en 2011, leur réhabilitation et modernisation sont dévolues à la Société des investissements hôteliers (SIH), devenue maître d’ouvrage délégué (MOD). Les conventions qui en découlent stipulent que l’EGT-Est soit informée de la situation technique et financière de chaque étape du projet, documents à l’appui.

Or, relève le rapport de la CC, cette dernière, en sa qualité de propriétaire, n’a jamais été associée dans l’estimation des coûts des PRM fixés à 4,65 milliards de dinars pour le Panoramic, et 6 milliards de dinars pour le Cirta. Dans le détail, il est fait cas d’une série de dysfonctionnements, à l’exemple du transfert total des crédits bancaires des PRM.

Leur versement s’est effectué sur deux comptes distincts auprès du CPA suivant la décision du Premier ministre, le 3 juillet 2014. Transfert qui a été considéré par la Banque comme une consommation totale des crédits. De ce fait, «les échéances de remboursement et les intérêts dus par l’EGT-Est courent à partir de cette date et non à partir de l’utilisation réelle des crédits».

Des coûts exorbitants

Et la liste des anomalies est longue. Face à l’absence de coordination, l’EGT-Est est dépourvue, depuis l’entame des travaux, de rapports périodiques sur l’état de leur avancement ainsi que des dossiers techniques et des situations financières et comptables. Les torts ne se sont pas arrêtés là.

Il est question du défaut de transfert au profit de l’EGT-Est de l’hôtel Panoramic, entré en exploitation après achèvement des travaux de modernisation sans qu’elle n’ait à sa disposition des informations financières et commerciales sur son activité.

Le Cirta, quant à lui, a consommé la totalité de l’enveloppe financière qui lui a été consacrée sans l’achèvement des travaux, lesquels sont à l’arrêt dès le 30 novembre 2022. «L’EGT-Est n’a pas recouru à la résiliation des conventions en dépit du manquement flagrant du MOD SIH à ses engagements», note la Cour des comptes.

Et de citer comme exemple de préjudices les coûts unitaires moyens exorbitants de la rénovation d’une chambre, estimé à 77,1 millions de dinars au Panoramic et 89,5 millions de dinars à Cirta, comparativement à une chambre de l’hôtel Mazafran (EGT Zeralda) ou de l’hôtel El Marsa (EGT-Sidi Fredj) qui sont respectivement de 7,51 millions de dinars et 31,46 millions de dinars.

Outre le fait que l’ex-DG de SIH a signé, en date du 9 mai 2016, un contrat de management des hôtels avec une chaîne internationale, ce qui induit pour l’EGT-Est des frais de management, des impôts et taxes, sans bénéficier des revenus de l’exploitation du Panoramic.

Dans sa réponse, le DG par intérim du groupe public hôtellerie, tourisme et thermalisme (HTT) dont relèvent ces structures, enfonce davantage la SIH.

Il appuie le rapport de la CC par d’autres éléments relatifs à des manquements graves à la réglementation des marchés publics, à la réduction par la SIH du nombre de chambres du Cirta de 72 à 54 sans consultation préalable de l’EGT-Est, l’acceptation de clauses scélérates comme la durée du contrat (30 ans avec renouvellement automatique pour 20 supplémentaires) ou encore le recours à la législation étrangère dans le principe d’arbitrage.

Autre point soulevé, celui de l’accaparement d’une parcelle de terrain mitoyenne à l’hôtel Cirta et son intégration au projet de modernisation. Ce litige demeure pendant avec la commune de 
Constantine. 


 

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