Régulation du marché : Les mesures annoncées à l’épreuve du terrain

11/03/2024 mis à jour: 02:18
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Photo : D. R.

Les dernières mesures du gouvernement pour faire face à l’augmentation des prix et juguler l’inflation auront-elles l’effet escompté sur le terrain ? L’inflation qui prend habituellement de l’ampleur en cette période de l’année marquée par la recherche du gain des commerçants et par la frénésie de la consommation par ailleurs sera-t-elle maîtrisée ?

L’inflation, qui est déjà à un niveau élevé depuis quelques mois, ayant frôlé les 10% fin 2023, a laminé le pouvoir d’achat des Algériens qui ont vu encore le taux augmenter en janvier dernier, selon la dernière note de l’Office national des statistiques (ONS). L’indice général des prix à la consommation a en effet connu, au niveau national, une augmentation de 0,7%.

Ce sont justement les prix des biens alimentaires qui ont affiché une hausse de 1%. Et c’est sur cette catégorie de produits que la pression se fait justement ressentir durant le Ramadhan avec des prix en hausse, particulièrement pour les viandes blanche et rouge, les fruits ainsi que certains légumes. Comme c’est le cas depuis quelques années, le gouvernement a opté pour les marchés de proximité pour faire baisser cette pression.

Des marchés au nombre de 477 ouverts à l’échelle nationale avec la participation de 8402 opérateurs économiques. Mais qu’en sera-t-il de l’impact ? Avec 477 points pour 1541 communes, l’impact s’annonce déjà réduit puisque ces marchés ne couvriront finalement que près de 31% des communes, soit moins du tiers.

Ce qui est le cas depuis leur lancement mais également tout au long de l’année sachant que la sphère commerciale connaît un grand déficit en infrastructures. Et ce, que ce soit pour les marchés de gros, les marchés de détail ou pour les grandes surfaces.

Autant donc prendre en charge cette problématique. «Ouvrir des marchés de proximité pour permettre aux consommateurs d’acquérir leurs besoins directement du producteur et mettre fin aux opportunistes et intermédiaires» assurera certes la disponibilité des produits à des prix «abordables» mais pas à toute la population, notamment dans les zones reculées.

En effet, avec des infrastructures commerciales dédiées aux produits de large consommation (notamment les produits agricoles frais) loin d’être aux normes, que ce soit en matière d’hygiène, d’organisation ou plus globalement de conditions de distribution, des efforts s’imposent pour améliorer la chaîne de commercialisation.

A commencer par la gestion de ces structures en assurant un équilibre en matière d’implantation. Cette question d’organisation et de modernisation du marché des produits de large de consommation est remise sur le tapis à chaque Ramadhan à travers des orientations et des instructions adressées aux différents acteurs intervenant dans la chaîne de distribution sans pour autant être effectivement prise en charge.

Ce qui limite l’effet des mesures prises pour réguler le marché. Et pourtant, l’on parle depuis quelques années de la nécessité d’adopter les normes de gouvernance dans la gestion du service public, en accordant notamment des facilitations indispensables aux producteurs et aux agriculteurs.

Le ministre du Commerce et de la Promotion des exportations, Tayeb Zitouni, a, pour rappel, déjà dévoilé en 2023 une feuille de route portant sur l’organisation du secteur, dont la mise en œuvre d’un «plan de distribution». Qu’en est-il de cette démarche, sachant qu’en 2021, le secteur recensait près de 3000 chambres froides et plus de 1800 entrepôts déclarés.

Et qu’à chaque fois, la nécessité d’investir davantage dans les chambres froides et les espaces de dépôt pour une meilleure régulation du marché est soulignée ?

Ce qui est certain, c’est qu’au-delà des mesures conjoncturelles, la nécessité d’ouvrir de  nouveaux marchés de gros et de proximité s’impose pour répondre aux besoins. Mais aussi pour réduire les niveaux d’inflation.

Le secteur du commerce compte, pour rappel, 54 marchés de vente de gros des fruits et légumes, dont 41 gérés par les collectivités locales et 9 marchés relevant de la société publique de réalisation et de gestion des marchés de gros Magros. Et ce, en plus de trois opérateurs privés (Tizi Ouzou, Batna, Sidi Bel Abbés), ainsi qu’un marché de coopérative agricole (Saïda).

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