Ces trois dernières années, en particulier depuis février 2022, les pays MENA ont enregistré des taux d’inflation élevés qui sont dus en partie aux dépréciations monétaires et à l’inhabituelle turbulence des termes de l’échange», selon une étude «Trouver le juste équilibre : emploi et salaires en temps de crise dans la région MENA» du bulletin d’information du groupe de la Banque mondiale paru en octobre 2023.
En Algérie, le taux d’inflation en 2023 est estimé à 9,3% contre 9,3 en 2022, tandis que les prévisions pour 2024 le situent à 8,6%. L’étude en question note que «l’inflation des prix des denrées alimentaires réduit le niveau de sécurité alimentaire, en particulier chez les ménages les plus vulnérables».
Les pressions à la hausse des prix intérieurs des denrées alimentaires restent «fortes». L’indice mondial des prix alimentaires de la Banque mondiale, fait-elle remarquer, était de 44% supérieur en août 2023 à ce qu’il était en juin 2019.
«Les prix des produits agricoles (blé, maïs et huiles végétales) n’ont cessé de baisser au premier semestre de 2023, mais leur volatilité s’est renforcée durant l’été, et le prix des huiles comestibles, en particulier, a considérablement augmenté. On s’attend à ce que les prix du maïs jaune et de l’huile de soja restent supérieurs aux niveaux prépandémiques jusqu’en 2024». L’inflation alimentaire en monnaie nationale, a-t-elle indiqué, devrait rester élevée, compte tenu des pressions qui continuent de s’exercer sur les monnaies des pays de la région.
«En Egypte, elle a atteint environ 72% en août 2023 en glissement annuel. En Tunisie et au Maroc, elle reste élevée, s’établissant à 15% et 11%, respectivement», a-t-elle précisé. Et d’affirmer que les taux d’inflation alimentaire sont nettement supérieurs au taux d’inflation global et nuisent de façon disproportionnée aux ménages les plus pauvres et les plus vulnérables, qui consacrent généralement une part plus importante de leurs revenus à l’alimentation.
Activité faible
L’inflation, qui tend à réduire la demande réelle globale, influe aussi négativement sur l’économie mondiale. En 2024, la croissance mondiale devrait rebondir légèrement pour atteindre 2,3%.
Cette enquête examine par ailleurs en quoi les chocs macroéconomiques «réduisent» les salaires réels et/ou renforcent les taux de l’emploi informel et du chômage.
On souligne qu’avant même le choc induit par la Covid-19, les marchés du travail de la région MENA étaient confrontés à des «défis structurels de longue date». Par rapport à d’autres pays émergents et pays en développement, les pays MENA affichent des taux d’activité inférieurs (47% contre 61%) et des taux de chômage plus élevés (13% contre 8%).
La région MENA, a-t-on indiqué, est également la région du monde où le taux d’activité des femmes est le plus faible. «Ces estimations semblent indiquer, affirme-t-on, que le nombre de travailleurs potentiellement sujets à des périodes d’inactivité en raison des chocs macroéconomiques de 2020-2022 s’élèverait à 5,11 millions de personnes au total dans la région.»
Cette étude souligne, enfin, que «les données de panel sont une compilation d’indicateurs de l’OIT (estimations nationales). Elles ne forment cependant pas un panel équilibré. En d’autres termes, tous les indicateurs du marché du travail ne sont pas disponibles pour chaque pays et pour chaque année entre 1990 et 2021. En ce qui concerne la région MENA, les données incluent l’Arabie Saoudite, Bahreïn, la Cisjordanie et Ghaza, l’Egypte, les Emirats arabes unis, l’Iran, la Jordanie, le Maroc, Oman et la Tunisie.»