Réduction des émissions à 2°C : 80% des morts liés à la chaleur peuvent être évités

12/04/2023 mis à jour: 03:14
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Récupération à Oran de 10 tonnes de papiers d’établissements d’enseignement par mois - Photo : D. R.

A  en croire les conclusions d’une étude, publiée cette semaine dans la revue scientifique The Lancet Planetary Health, «la réduction des émissions de gaz à effet de serre permettrait d’éviter 80% des décès liés à la chaleur au Moyen-Orient et en Afrique du Nord».

Sans réduction des émissions à deux degrés, l’étude prédit que d’ici la fin du siècle, la région connaîtra 123 décès liés à la chaleur pour 100 000 habitants par an, soit 60 fois le taux actuel. Si cette moyenne est applicable aux 19 pays étudiés, le taux pourrait s’élever, selon la même étude à 423 morts pour 100 000 personnes en Iran.

Cette nouvelle étude est donc publiée à quelques mois de la tenue de la COP28, prévue à Dubai du 30 novembre au 12 décembre. Si les 196 pays signataires de l’Accord de Paris sur le climat se sont déjà engagés à limiter le réchauffement climatique bien en-dessous de 2°C par rapport à l’ère pré-industrielle et si possible à 1,5°C, ainsi qu’à décarboner leurs sources d’énergie, ces engagements peuvent rester au stade de promesse.

Surtout suite aux dernières déclarations de Sultan Al Jaber, président de la COP28, qui a appelé à «se focaliser» sur la réduction des émissions de CO2 sans s’en prendre au «progrès». «Nous sommes à un tournant historique.

Une croissance avec de moindre émission de CO2 est l’avenir», a déclaré Sultan Al Jaber. «Nous travaillons avec l’industrie énergétique pour accélérer la décarbonisation en réduisant le méthane et en développant l’hydrogène», a-t-il ajouté lors d’un forum sur l’énergie à Abou Dhabi, la capitale des Emirats.

«Continuons à nous concentrer sur le fait de freiner les émissions, mais pas le progrès !» Pour Samir Grimes, expert en environnement et développement durable, cette déclaration intervient après plus de deux décennies de recommandations et décisions dans le cadre de la Convention des Nations unies sur les changements climatiques et dans d’autres cadres encourageant ou demandant aux Parties (pays) de faire des efforts de réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES).

Écarts de réduction

Plus de sept ans après l’entrée en vigueur de l’Accord de Paris sur le climat, l’engagement opérationnel n’est, selon M. Grimes, pas à la mesure des intentions et des engagements politiques en matière de réduction de GES.

«Je pense qu’à travers cette déclaration, on reconnaît toute la difficulté de la situation qui est rendue plus complexe par l’incapacité des pays responsables des émissions des GES à donner l’exemple en matière d’effort et surtout l’incapacité de ces pays à tenir leurs promesses vis-à-vis des pays vulnérables et ceux en voie de développement», explique le spécialiste.

Alors qu’il n’y a aucun doute sur le fait que la réduction des GES affectera frontalement le secteur de l’industrie et celui de l’énergie ainsi que le fonctionnement des villes et la mobilité (transport), cependant, il y a lieu de clarifier, selon M. Grimes, la taxonomie énergétique en précisant que le gaz est une énergie propre et vertueuse.

C’est pourquoi, le spécialiste juge nécessaire de mettre en place les mécanismes et les procédures de financement liés aux pertes et dommages dus aux effets des changements climatiques, mais avant cela l’identification des sources et des mécanismes d’alimentation du fonds «pertes et dommages» décidé lors de la COP27.

Il estime aussi essentiel de fixer un objectif en matière d’adaptation, comme cela a été fait pour l’atténuation dans l’Accord de Paris sur le climat (2ºC et 1,5ºC). «Les écarts de réduction des émissions persistent, les pays, en particulier les grands émetteurs, doivent impérativement présenter des plans ambitieux visant à réduire les émissions», poursuit-il.

Pour sa part, Shakoor Hajat, l’auteur principal de l’étude, rejoint l’avis de tous les experts en environnement et assure que les conséquences seraient «catastrophiques» si la limite de 2°C n’était pas respectée.

En effet, le chercheur considère que «les pays de la région doivent développer d’autres moyens que la climatisation pour protéger leurs citoyens des dangers des chaleurs extrêmes.»

«Des mesures de santé publique, telles que des plans nationaux de protection contre la chaleur et des systèmes d’alerte, pourraient être introduites. Ce sont des mesures courantes en Europe, en Amérique du Nord et dans certaines parties de l’Asie, mais pas au Moyen-Orient», souligne-t-il.
 

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