Le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, a annoncé, lors de la dernière réunion du Conseil des ministres, la réduction de l’âge de départ à la retraite de 3 ans au profit des enseignants du secteur de l’éducation.
Qui peut en bénéficier ? Le communiqué de la Présidence cite l’ensemble des enseignants, tous paliers confondus. Par détails, il s’agit, selon l’article 12 du statut particulier des fonctionnaires appartenant aux corps spécifiques de l’éducation nationale, du personnel enseignant, des personnels de direction des établissements d’éducation et d’enseignement, des personnels d’inspection et des corps des censeurs.
C’est-à-dire tous les postes qui découlent des postes de l’enseignement, soit les inspecteurs, les censeurs et les directeurs des écoles primaires, collèges et lycées, en plus des enseignants. Qui a le droit de déposer le dossier de retraite ? Les hommes nés en 1968, soit 57 ans, les femmes nées en 1976 ayant trois enfants, soit 49 ans, les femmes nées en 1973 sans enfant, soit 52 ans. Pour répondre aux questionnements de plusieurs enseignants, il faut attendre la publication des décrets d’application. La décision prise par le chef de l’Etat, «satisfaisante», devra libérer au moins 10 000 postes pédagogiques, selon Sadek Dziri, de l’Union nationale des personnels de l’éducation et de la formation. Quel est le nombre des travailleurs ayant exprimé leur volonté de départ en retraite ? Le chiffre serait «considérable», même si, précise le syndicaliste, il serait nombreux à vouloir se «rétracter» pour bénéficier des nouvelles augmentations salariales prévues à partir d’avril.
De l’avis de Messaoud Boudiba, du Conseil national autonome de personnel d’enseignant du secteur ternaire de l’éducation, la démarche du Président reflète une «reconnaissance explicite des autorités supérieures de la spécificité et de la difficulté de la profession en tant que métier très pénible nécessitant une attention particulière».
Tellement pénible que le syndicat réclame une «retraite pour l’enseignant après 25 ans de service effectif». «Nous attendions une réduction de 5 ans, comme annoncé précédemment lors du Conseil des ministres du 22 décembre 2024 et confirmé dans le décret exécutif 25/54. Néanmoins, nous considérons cette étape comme positive et aspirons à rectifier la situation en permettant à l’enseignant de bénéficier d’une réduction de cinq ans», commente M. Boudiba.
Métier pénible
«Une avancée significative pour les enseignants, de l’avis de Nabil Ferguenis, du Syndicat national des travailleurs de l’éducation (SNTE) à Béjaïa, qui estime «essentiel de considérer les parcours professionnels variés afin d’assurer une équité dans le calcul des pensions». Des mesures complémentaires adaptées aux différentes situations professionnelles garantiraient une retraite satisfaisante et méritée pour tous les acteurs du secteur éducatif, ajoute-t-il.
Car la problématique des carrières débutées tardivement est soulevée dans le secteur de l’éducation. Traditionnellement, pour bénéficier d’une pension de retraite complète, les enseignants doivent justifier d’une durée de service minimale, souvent fixée à 32 ans.
Cependant, de nombreux enseignants commencent leur carrière tardivement, ce qui complique l’atteinte de cette durée de service au moment de leur départ anticipé. Par exemple, un enseignant débutant à 30 ans atteindrait 29 ans de service à 59 ans, soit en deçà des 32 ans requis. Ne pas atteindre les 32 ans de service pourrait entraîner une réduction proportionnelle de la pension de retraite, impactant le niveau de vie des retraités concernés. Les enseignants ayant commencé tardivement pourraient, note M. Ferguenis, «se sentir désavantagés par rapport à leurs collègues ayant débuté plus tôt, malgré une contribution similaire en termes de qualité et d’effort». C’est pour cela qu’il est recommandé, pour garantir une mise en œuvre juste de cette mesure, d’envisager le «rachat des années d’études».
C’est-à-dire permettre aux enseignants de racheter une partie de leurs années d’études supérieures pour les intégrer dans le calcul de la durée de service. Il est nécessaire de prendre en compte la pénibilité, soit établir des critères de pénibilité permettant une réduction supplémentaire de la durée de service requise pour certains enseignants.
Et aussi, selon les recommandations du SNTE, d’offrir des options de départ à la retraite avec des conditions proportionnelles pour ceux n’ayant pas atteint la durée de service minimale, sans pénalités excessives.