L’Afrique du Sud travaille à convaincre la Russie de revenir sur sa décision d’annulation de l’accord céréalier appelé Initiative de la mer du Nord.
Le président Cyril Ramaphosa, dans son discours à la nation prononcé à la veille de la tenue du Sommet des pays BRICS à Johannesburg, a assuré poursuivre «les consultations visant à ouvrir la mer Noire aux exportations de céréales vers les marchés mondiaux», rapporte Sputnik.
Avec sa position de pays membre des BRICS, dont fait aussi partie la Russie, l’Afrique du Sud espère pouvoir arracher un oui de Moscou et relancer l’accord céréalier arrivé à sa fin le 17 juillet dernier. Le président Ramaphosa estime porter la voix des pays africains qui souhaitent une réactivation de l’accord.
Pour rappel, l’Initiative de la mer Noire a été conclue en juillet 2022 à Istanbul entre la Russie et l’Ukraine, sous l’égide des Nations unies et de la Turquie et avait pour objectif de permettre le passage des marchandises ukrainiennes à travers la mer Noire. L’application de l’accord avait permis de rétablir les chaînes d’approvisionnement et a eu un effet sur le marché céréalier avec des baisses conséquentes des prix.
L’objectif était de permettre aux pays pauvres et en développement d’avoir accès à des quantités de céréales acceptables et moins chères. La partie russe a contesté le fait que la majorité du grain ukrainien soit livrée aux pays occidentaux et non pas aux pays pauvres comme prévu par l’accord.
Et d’affirmer que les couloirs maritimes destinés au passage des céréales, ont été utilisés par l’Ukraine pour envoyer des drones aquatiques. Moscou a également conditionné le retour à l’accord par l’annulation des sanctions économiques dont elle fait l’objet.
Le Secrétaire d’Etat américain, Antony Blinken, avait affirmé, la semaine écoulée, que Washington a «tout fait pour que la Russie retourne à l’accord», notamment la résolution des problèmes bancaires et de transport invoqués par Moscou.
«Nous avons dit à nos banques que nous soutenions l’exportation de céréales russes et qu’elles n’avaient pas à craindre des sanctions à cet égard», avait-t-il déclaré à la radio RFI. Outre l’Afrique du Sud, l’Inde, autre pays membre du bloc des BRICS, s’est prononcé pour la réactivation de l’accord céréalier.
«L’Inde soutient les efforts du Secrétaire général des Nations unies en vue de prolonger l’Initiative céréalière de la mer Noire… et espère une sortie rapide de l’impasse actuelle», avait déclaré, deux jours après la fin de l’accord, Ruchira Kamboj, représentante permanente de l’Inde à l’ONU.
L’arrêt de l’initiative a vite provoqué une hausse des prix des denrées alimentaires dont les céréales, alertait la FAO dans son dernier rapport mensuel sur les prix des produits alimentaires.
Le Secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, et en appelant la Russie à revoir sa décision, a souligné que cet accord «est une bouée de sauvetage pour la sécurité alimentaire mondiale et une lueur d’espoir dans un monde trouble».
Selon des chiffres de l’ONU, l’Initiative de la mer Noire a permis l’exportation de 32 millions de tonnes de produits agricoles ukrainiens, dont près de 19 millions vers des pays en développement. Ceci et de permettre une baisse de 23% des prix alimentaires.
Le président de la Commission de l’Union africaine, Moussa Faki Mahamat, a de son côté indiqué que l’accord «doit être étendu au bénéfice de tous les peuples du monde, africains en particulier». Ramaphosa pourrait-il faire changer d’avis à Vladimir Poutine lors de ce Sommet décisif des BRICS et l’amener à relancer l’accord de la mer Noire ?
Surtout que les pays africains sont invités en grand nombre afin de prendre part à un forum sur le partenariat BRICS-Afrique ? Nous le saurons en suivant l’évolution des discussions au cours de cet événement mondial qu’abritera l’Afrique du Sud du 22 au 24 août.