Le rapport fait remarquer que le PIB par habitant des pays de la région MENA affectés par un conflit «aurait pu être en moyenne 45% plus élevé, sept ans après le début du conflit. Cette perte équivaut aux progrès moyens réalisés par la région au cours des 35 dernières années».
La croissance reste morose dans la région du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord (MENA), en raison des incertitudes exacerbées par la conflit régional», selon le dernier rapport semestriel de la Banque mondiale sur la situation économique dans la région MENA, rendu public mercredi dernier. Ce rapport, intitulé «Croissance au Moyen-Orient et en Afrique du Nord», prévoit une croissance modeste du produit intérieur brut (PIB) de la région, avec une augmentation en termes réels prévue à 2,2% en 2024, contre 1,8 en 2023.
«Cette légère hausse, note le communiqué, est principalement due aux pays du Conseil de coopération du Golfe (CCG), où la croissance devrait passer de 0,5% en 2023 à 1,9% en 2024. En revanche, dans le reste de la région MENA, un ralentissement est attendu. La croissance des pays importateurs de pétrole devrait passer de 3,2% en 2023 à 2,1% en 2024, tandis que celle des pays exportateurs de pétrole hors CCG devrait reculer de 3,2% à 2,7%.»
Selon les prévisions du projet de loi de finances 2025, la croissance économique de l’Algérie devrait «atteindre un taux de 4,5% en 2025» tandis que «les prévisions de clôture de l’exercice 2024 le situent à 4,4%». Ce communiqué souligne que «le rapport utilise une mesure innovante – l’écart des prévisions parmi les prévisionnistes du secteur privé – pour évaluer les niveaux d’incertitude».
Et d’indiquer que, «selon cette mesure, l’incertitude économique dans la région MENA est actuellement deux fois supérieure à la moyenne des autres marchés émergents et économies en développement dans le monde». Evoquant le conflit en cours au Moyen-Orient, dont il dit qu’il a déjà engendré un lourd bilan humain et économique, les Territoires palestiniens «sont au bord de l’effondrement, enregistrant la plus forte contraction économique jamais enregistrée».
Croissance inclusive
«L’économie de Ghaza s’est contractée de 86% au premier semestre 2024, tandis que la Cisjordanie fait face à une crise budgétaire et du secteur privé sans précédent. Au Liban, également affecté par le conflit, les perspectives demeurent extrêmement incertaines, dépendant de l’évolution du conflit», souligne la BM.
Aucune aide alimentaire n’est entrée dans le nord de Ghaza depuis début octobre et la population n’a plus aucun moyen de faire face à la situation, ont, selon l’APS, alerté mercredi dernier les agences humanitaires des Nations unies, déplorant l’effondrement des systèmes alimentaires et le risque de famine devenu «réel».
Le rapport fait remarquer que le PIB par habitant des pays de la région MENA affectés par un conflit «aurait pu être en moyenne 45% plus élevé, sept ans après le début du conflit. Cette perte équivaut aux progrès moyens réalisés par la région au cours des 35 dernières années». Cet texte souligne également «les principales opportunités» permettant aux pays d’accélérer rapidement la croissance inclusive en intensifiant les réformes.
Pour cela, il recommande de «rééquilibrer» le rôle des secteurs public et privé. Par ailleurs, cette institution de Bretton Woods souligne que «le taux d’activité des femmes au Moyen-Orient et en Afrique du Nord reste le plus faible au monde, à seulement 19%». La BM affirme que «pour que les économies prospèrent, les femmes doivent être incluses».
«Combler les écarts entre les sexes en matière d’emploi pourrait entraîner une augmentation significative de 51% du revenu par habitant dans un pays moyen de la région MENA», a-t-il indiqué. «Une transformation du rôle de l’Etat entraînerait des gains de productivité substantiels», a déclaré l’économiste en chef de la BM pour la région MENA, Roberta Gatti.