L’économie mondiale passera le reste de la décennie au ralenti. Un nouveau rapport de la Banque mondiale s’attend à une baisse de la croissance de long terme qui devrait s’établir en moyenne à 2,2% jusqu’à 2030 faisant de cette décennie «celle à la plus faible croissance depuis le début du siècle».
C’est en effet le niveau le plus bas depuis trois décennies indique le rapport en appelant à une nécessaire «impulsion politique ambitieuse afin de stimuler la productivité et l’offre de travail, accroître les investissements et les échanges, et exploiter le potentiel du secteur des services».
Ce déclin de la croissance devrait toucher autant les pays développés que les pays en développement et émergents souligne l’institution de Bretton Woods dans son rapport qui est le premier du genre après la pandémie de Covid-19 et le déclenchement du conflit russo-ukrainien. «Pour les économies en développement, la baisse sera tout aussi marquée : 6% par an entre 2000 et 2010 à 4% par an pendant le reste de la décennie actuelle.
En outre, les baisses seraient beaucoup plus prononcées en cas de crise financière mondiale ou de récession», note le document de la BM. Indermit Grill, économiste en chef de la BM et premier vice-président pour l’économie du développement, avertit que «le déclin actuel de la croissance potentielle a de graves implications sur la capacité du monde à relever les défis toujours plus nombreux de notre temps : la pauvreté persistante, le creusement des écarts de revenus et le changement climatique.
Mais ce phénomène n’est pas irréversible. La vitesse limite de l’économie mondiale peut être relevée grâce à des politiques qui encouragent le travail, augmentent la productivité et accélèrent l’investissement».
La Chine, qui jouait un rôle de traction de la croissance mondiale, ne le pourra pas assure la BM en raison du ralentissement de sa croissance. «La question est désormais qui va remplacer la Chine dans son rôle, et nous pensons que cela ne doit pas venir d’un seul pays mais d’un groupe de pays», estime le même responsable lors d’une conférence de presse.
L’institution considère que la croissance potentielle peut être améliorée de 0,7 point de pourcentage en moyenne pour atteindre 2,9% à la condition que les pays optent pour une série de réformes axées sur la croissance durable en s’intéressant davantage au secteur de l’éducation et ce qu’il peut avoir comme impact sur l’économie. La pandémie de Covid a impacté négativement la scolarité des enfants et adolescents avec des conséquences à long terme sur l’économie. La BM souligne que l’impact sur la croissance du retard en termes d’éducation provoqué par la pandémie «ira bien au-delà de l’horizon fixé par ce rapport».
L’institution a, par ailleurs, averti sur l’effet des crises bancaires sur l’économie mondiale. «Les récessions ont tendance à affaiblir la croissance potentielle. Les crises bancaires systémiques sont plus dommageables dans l’immédiat que les récessions, mais leur impact s’atténue en général avec le temps» explique Franziska Ohnsorge, chef de service à la cellule Perspectives de la Banque mondiale et auteure principale du rapport.
En termes de mesures à mettre en action par les pays, la BM préconise d’abord une harmonisation des cadres monétaires, budgétaires et financiers en donnant la priorité à la maîtrise de l’inflation, à la stabilité du secteur financier et à la réduction de la dette entre autres actions.
La BM suggère également d’intensifier les investissements, de réduire les coûts des échanges commerciaux, de miser sur les services et d’accroître la participation au marché du travail.