Rapport de la Banque mondiale sur les marchés des hydrocarbures : «Les prix d’exportation du gaz algérien ont augmenté de 29%...»

08/09/2022 mis à jour: 00:13
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L’Algérie tire-t-elle vraiment avantage de la conjoncture favorable des marchés pétrolier et gazier ? La question a pendant longtemps accaparé l’attention de l’opinion publique nationale, d’autant que les moyens du pays ont déjà commencé à se raréfier depuis la baisse des cours en 2014. 

Le dernier rapport de suivi de la situation économique en Algérie de la Banque mondiale, au printemps 2022, a bien souligné la spécificité algérienne en la matière. «De janvier à septembre 2021, les prix d’exportation du gaz naturel algérien ont augmenté de 29%, contre 64% pour le prix de référence du gaz européen, du fait de la part de contrats arrimés aux prix du pétrole avec un délai dans les exportations algériennes», a fait remarquer la BM. Ainsi a-t-on relevé le manque à gagner enregistré par l’Algérie à cause sans doute de la nature des contrats signés avec les partenaires européens. Il est ainsi à se demander si des mesures ont été prises en vue de rectifier le tir au sujet de la question du prix du gaz contenu dans les contrats conclus avec les partenaires européens ? 

«Sur la même période, ajoute la même source, les prix du pétrole brut et raffiné, des condensats, du GPL et du GNL ont gagné entre 37% et 42%. Combinées avec la hausse des quantités exportées, notamment de gaz naturel et de pétrole brut, les exportations d’hydrocarbures ont augmenté de 70% en 2021, atteignant 34,1 milliards de dollars.» L’Algérie est actuellement très sollicitée par les pays européens qui ont décidé, du moins à moyen terme, de se passer du gaz russe à cause de la guerre en Ukraine. Hormis l’Espagne dont les rapports diplomatiques avec l’Algérie sont passés au second plan, suite à la volte-face de ce pays de la péninsule ibérique par rapport à la cause sahraouie, l’Italie et la France comptent vraiment augmenter leurs capacités d’importations du gaz algérien. L’Algérie pourrait augmenter jusqu’à 50% ses livraisons de gaz à la France, selon les médias français, tandis qu’avec l’Italie, des accords ont été signés fin juillet pour lui fournir des quantités importantes de gaz. 
 

La Banque mondiale a relevé que «la croissance du PIB a été soutenue par la production et les exportations d’hydrocarbures». «La hausse de la production d’hydrocarbures s’est poursuivie au T1-2022, permettant une augmentation modérée des volumes exportés. Après un troisième trimestre exceptionnel, la production de gaz naturel s’est maintenue à son niveau élevé de 2020 au T4-2021 et au T1-2022, dans un contexte de hausse marquée de la demande européenne, antérieure à la crise russo-ukrainienne. Les exportations ont ainsi égalé leur niveau élevé de 2020. 

En avril 2022, la production de pétrole brut a excédé le million de barils par jour (mb/j), s’approchant de son niveau pré-pandémie. Les exportations pétrolières ont ainsi progressé, demeurant cependant en-deçà de leur niveau pré-pandémie, la reprise de la consommation intérieure contrebalançant la levée graduelle des quotas de production de l’OPEP+. Dans le même temps, les volumes d’ex- portation de gaz de pétrole liquéfié, de condensats, de produits pétroliers raffinés et de gaz naturel liquéfié sont demeurés relativement stables», a-t-on noté. Une telle conjoncture a permis de voir se résorber le déficit du compte courant. Cette tendance a été renforcée, selon cette institution de Bretton Woods, par la hausse des exportations hors hydrocarbures (+136% en 2021), atteignant 4,5 milliards de dollars, soit 12% des exportations de biens.
L’Algérie qui reste ainsi fortement sollicitée par les pays membres de l’UE – qui cherchent à diminuer leur dépendance du gaz russe, voire à lui tourner le dos carrément à moyen terme, tel qu’il apparaît selon les déclarations de leurs responsables politiques –, est-elle capable de répondre à cette demande sans cesse croissante. 

Ses capacités de production sont telles, qu’il est à se demander si les partenaires étrangers vont désormais s’investir davantage dans le domaine d’exploration en Algérie ? La nouvelle loi sur les hydrocarbures qui a été conçue, avant la guerre en Ukraine, pour permettre au domaine minier algérien d’être plus attractif serait-elle toujours d’actualité ou non ?
 

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