Amnesty International a rendu public, hier, son rapport annuel sur le recours à la peine de mort dans le monde. En 2023, les cinq pays ayant procédé au plus grand nombre d’exécutions sont l’Iran (au moins 853), la Chine (plusieurs milliers), l’Arabie Saoudite (172), la Somalie (au moins 38) et enfin les Etats-Unis (24). L’Iran représente à lui seul, selon le rapport, 74% de toutes les exécutions recensées, et l’Arabie Saoudite 15%. La Somalie et les Etats-Unis ont procédé à davantage d’exécutions en 2023 que l’année précédente.
Le nombre de peines capitales prononcées dans le monde a augmenté, selon Amnesty, de 20% en 2023, atteignant ainsi un total de 2428. En 2023, le nombre d’exécutions a atteint son plus haut niveau en près d’une décennie, notamment en raison d’une flambée des mises à mort au Moyen-Orient. Mais le fait positif, selon le rapport, est que le nombre de pays ayant aboli la peine de mort ou ayant décidé de ne plus l’appliquer continue à progresser.
Au total, 1153 exécutions ont eu lieu en 2023, sans compter les milliers d’autres auxquelles la Chine aurait procédé, ce qui représente une hausse de plus de 30% par rapport à 2022. Il s’agit du chiffre le plus élevé enregistré par Amnesty International depuis 2015, année où 1634 personnes avaient été exécutées. «En dépit de cette augmentation, le nombre de pays ayant procédé à des exécutions n’a jamais été aussi bas.
A ce jour, 112 pays ont aboli totalement la peine capitale et 144 l’ont fait en droit ou dans la pratique. Nous continuerons jusqu’à ce que la peine de mort soit abolie», a soutenu Agnès Callamard, SG de l’ONG, invitant à ce titre le président américain, Joe Biden, à tenir «enfin sa promesse d’abolir la peine capitale au niveau fédéral».
«Secret d’état»
Selon elle, un certain nombre d’Etats américains ont montré leur «attachement inquiétant» à la peine de mort et leur intention d’investir des ressources pour ôter des vies humaines. Mais, une fois de plus, relève le document, c’est en Chine qu’ont été exécutées le plus grand nombre de personnes condamnées. «Mais, note-t-il, il est toujours impossible de connaître la véritable ampleur du recours à la peine capitale dans ce pays, ces données étant classées secret d’Etat.»
Concernant l’Afrique subsaharienne, les sentences capitales et les exécutions se sont multipliées en 2023. Le nombre d’exécutions recensées dans la région a plus que triplé, passant de 11 en 2022 à 38 en 2023, et le nombre de condamnations à mort enregistrées y a augmenté de 66% : il était de 494 en 2023 contre 298 en 2022. En outre, aucun pays de la région n’a aboli la peine capitale en 2023.
S’agissant du Moyen-Orient et l’Afrique du Nord, le nombre d’exécutions recensées a augmenté de 30%, passant de 825 en 2022 à 1073 en 2023, et le nombre de condamnations à mort enregistrées a également augmenté, pour atteindre 950 (contre 827 en 2022). Pour ce qui est de l’Algérie, AI rapporte que le nombre de condamnations à mort prononcées par les tribunaux algériens a considérablement baissé ces dernières années, passant de 62 en 2015 à 9 en 2021. L’ONG a recensé au moins 38 condamnations à mort en 2023, contre 54 en 2022.