Quatre ans après l’apparition de la Covid-19, les déficits budgétaires et les niveaux d’endettement sont plus élevés que ceux prévus avant la pandémie et devraient le rester à moyen terme. Si des mesures décisives ne sont pas prises, la dette publique mondiale devrait dépasser 100% du PIB d’ici à 2029.
La priorité doit donc être de reconstituer l’espace budgétaire afin de rendre les pays plus résistants aux chocs futurs et leur permettre de réaliser les investissements publics nécessaires pour assurer la transition climatique et technologique.» Il s’agit là d’une des conclusions du rapport annuel 2024 du Fonds monétaire international (FMI).
Dans ce contexte, le Fonds a sérié les principales priorités consistant à «reconstituer les réserves, relancer la croissance à moyen terme et veiller à ce que ses politiques, ses mécanismes de prêt et sa gouvernance soient adaptés à un monde en mutation». Commentant le sujet de l’inflation qui constitue depuis quelques années l’une des priorités du fonds et des Etats, il considérera que «l’inflation mondiale devrait progressivement reculer, et les pays avancés devraient atteindre leurs objectifs d’inflation plus rapidement que les pays émergents et les pays en développement».
Un retour complet à la stabilité des prix n’est pas encore garanti, a-t-il indiqué, et les dirigeants des Banques centrales devront «soigneusement mettre en balance le risque d’un assouplissement prématuré» et celui d’une trop longue attente. «Compte tenu de la diversité des dynamiques de l’inflation, il convient d’adopter des approches propres à chaque pays», a-t-il recommandé, tout en soulignant que «la croissance à moyen terme devrait rester faible». Le rapport affirme que, selon les projections du FMI, la croissance mondiale devrait être de 3,1% en 2029, soit, a-t-il fait observer, «l’une des prévisions à cinq ans les plus basses depuis des décennies».
Et de conclure : «Cela n’augure rien de bon pour la réduction de la pauvreté et la création d’emplois dont ont besoin les populations de jeunes en plein essor dans les pays en développement et les pays émergents.» Pour soutenir la croissance à moyen terme, note le rapport, les pays devront définir un ensemble approprié de mesures qui leur permettra de contenir l’inflation et de remettre les finances publiques sur une trajectoire durable.
Le FMI affirme qu’il reste déterminé à relever les défis liés à la dette mondiale et à renforcer l’efficacité du Cadre commun du G20 pour le traitement de la dette. Il considère que malgré sa résilience après la pandémie, l’économie mondiale devrait connaître des «perturbations» en raison d’une multitude de forces transformatrices, notamment le changement climatique, la fragmentation géopolitique, les conflits, le passage au numérique (et les cyberrisques qui y sont associés) et l’intelligence artificielle (IA). «L’avenir immédiat, a-t-il écrit, devrait être marqué par une grande incertitude.» Les bouleversements concernant le commerce, les flux de capitaux et les investissements sont déjà en train de «remodeler» l’économie mondiale.
Le FMI a souligné que «près de 3000 mesures de restriction des échanges ont été imposées en 2023, soit près de trois fois plus qu’en 2019. Cette conjoncture risque de réduire à néant les gains d’efficacité que l’intégration économique mondiale a permis d’obtenir par le passé». En l’absence d’interventions opportunes des pouvoirs publics ou d’une impulsion donnée par les nouvelles technologies, la croissance mondiale, a-t-il conclu, ne devrait être que de 3,1% d’ici à la fin de la décennie, soit 1 point de pourcentage de moins que sa moyenne antérieure à la pandémie (2000-19).