La protection durable de l’environnement et la qualité de vie dépendent étroitement de quatre piliers basiques que sont le pouvoir d’achat (aspects socio-économiques), l’écologie (préservation des ressources naturelles (l’air, l’eau, le sol et le végétal), l’aménagement intégré des territoires (régions homoécologiques potentielles) et l’urbanisation durable (infrastructures respectueuses de l’environnement).
Le pouvoir d’achat reste fortement dépendant de la politique sociale et économie du pays et de leurs retombées sur le citoyen à la recherche d’équité salariale, de commodités de vie et de santé. Ce n’est qu’à travers une réelle maîtrise des territoires avec leurs potentialités que les investisseurs productifs peuvent améliorer la situation économique et ses répercussions sur les salaires et prise en charge réelle des travailleurs.
Le salaire minimum actuel même s’il a été revalorisé ne répond que partiellement aux besoins vitaux des travailleurs face à l’inflation et à la cherté de la vie.
Des études montrent que la qualité environnementale d’un territoire dépend du pouvoir d’achat source de développement humain.
Diagnostic de la situation environnementale du territoire
Les dangers permanents qui menacent l’environnement et la qualité de vie sont au nombre de trois, à savoir :
L’aménagement du territoire : L’aménagement du territoire constitue la base fondamentale de tout projet national, régional et local de développement socioéconomique durable et ses retombées sur la population. Il se définit comme la recherche dans le cadre géographique et écologique de l’Algérie à travers une meilleure répartition des hommes en fonction des ressources naturelles et de leur préservation ainsi que de l’activité économique.
Il s’articule autour des trois points : l’aménagement du territoire apparaît comme une exigence de justice spatiale par la correction des disparités ; aussi comme une exigence économique en termes de croissance d’efficacité, de développement et de l’environnement et il repose sur une exigence technique qui introduit l’idée d’une spécialisation fonctionnelle des territoires, pilier du développement économique.
Actuellement, l’aménagement du territoire présente des signes de dysfonctionnement du système car ce système d’organisation spatiale ne répond plus aux sollicitations du système démographique et économique. En Algérie, ce concept est né en 1987 avec la loi n° 87-03 du 27 janvier 1987 relative à l’aménagement du territoire suivi de la loi n° 2001-20 du 12 décembre 2001 relative à l’aménagement et au développement durable du territoire et du schéma national d’aménagement du territoire qui a été adopté en juin 2010.
Ce dernier découpe le pays en 8 régions ne se basant sur aucune méthode intégrée et de planification écologique pratique d’aménagement et ne prend pas totalement en charge la protection de l’environnement et l’évaluation des potentialités de chaque espace.
L’état des lieux est alarmant puisque l’agriculture n’occupe que 8 millions d’hectares sur un potentiel de 20 millions, l’écosystème forestier n’occupe que 4,3 millions d’hectares sur les 12 potentiels ; le steppe unique rempart naturel contre la désertification ne couvre que 3 millions d’hectares sur les 8 potentiellement présents. L’érosion menace plus de 12 millions d’hectares au même titre que la désertisation et la désertification impactant 5 et 8 millions d’hectares annuellement et les inondations faisant perdre au pays plus de 5 milliards de mètres cubes annuellement sur les 15 reçus.
L’urbanisation : L’urbanisation est un autre fléau menaçant la qualité environnementale à travers son impact sur la population, les terres agricoles et qui ronge en moyenne plus de 8000 ha annuellement en moyenne. Toutes les grandes villes ont absorbé l’exode rural depuis les années 1975 de par leur attractivité économique et qualité de vie. L’étalement urbain ou «périurbanisation» est un phénomène apparu dès les années 1970 et qui s’est multiplié durant les années 1990 à cause du terrorisme et n’a fait que se pérenniser.
L’exploitation des recensements et des statistiques de l’INS permet de faire une synthèse sur l’évolution de ces deux indicateurs. La population urbaine est passée de 6,7 millions en 1977 à plus de 30 millions. Pour répondre aux besoins en logements, plus 450 000 ha ont été bétonnés en 20 ans soit une moyenne annuelle de 10 000 ha de terres agricoles.
La projection des zones d’habitat urbain nouvelles en Algérie a tourné le dos à l’histoire d’une société tout entière pour se lancer sur le sentier incertain d’une occidentalisation à outrance de l’habitation, d’une standardisation excessive des logements où la composition architecturale et urbaine fait cruellement défaut.
L’absence de prise en charge des spécificités régionales et locales, le caractère sommaire des études et l’inadaptation des règlements élaborés se sont traduits par la production d’un cadre bâti monotone et de qualité médiocre. Cette urbanisation reste celle des années 70 concentrée sur l’habitat collectif en cité dense où les COS et les CUS restent assez élevés ignorant les infrastructures d’accompagnement.
Le ratio d’espaces verts reste de l’ordre de 2 m2 par habitant au lieu des de 10 m2 imposés par des circulaires, la largeur des trottoirs ne permet pas la plantation d’arbres d’alignement, les places publiques quasi-absentes ainsi que les jardins publics et les squares, les aires de stationnement. En absence de syndic et d’espace de gestion collective de la qualité de vie au niveau des cités, il est utopique d’améliorer la qualité de vie dans ces cités dortoirs.
Les principales pollutions
Les eaux usées : L’Algérie dispose actuellement de 240 stations d’épuration des eaux usées (STEP) pour une population de 46 millions d’habitants. Le volume d’eaux usées rejeté est estimé à 3 millions de m3/jour, dont moins de 25% (1 million de m3/jour) sont effectivement épurés. Les eaux usées constituent un véritable potentiel estimé à 2 milliards à l’horizon 2030, un gisement quasi-permanent moins onéreux puisque le coût de revient du traitement ne dépasse pas les 25 DA/m3).
L’épuration éviterait en plus la pollution des nappes phréatiques et permettrait d’irriguer au moins 500 000 ha. Les capacités actuelles de traitement répondant aux normes ne dépassent pas 800 000 m3. Pour accroître les capacités de traitement il faut recourir au lagunage et à la phytoremédiation au niveau des petites agglomérations dépourvues de tissu industriel.
La pluviométrie concerne surtout la partie septentrionale du pays est estimée entre 15 et 19 milliards m3 avec des possibilités de récupération extrêmes de 7 à 9. Seule une petite fraction de 3 milliards m3 s’infiltre pour recharger les nappes souterraines d’où la nécessité d’’un accroissement du taux de couverture végétal à travers un programme d’agroforesterie sur au moins 10 millions d’hectares.
Les déchets : avec un volume moyen annuel de déchets domestiques de plus de 18 millions de tonnes où plus de 90% sont enfouis alors que 80% de ces déchets constituent un gisement inépuisable de matière première.
Le tissu industriel en Algérie génère annuellement plus de 325 000 tonnes de déchets tous types confondus, estime un responsable à la direction générale de l’environnement et du développement durable au ministère, soulignant que près de 50% de ces volumes peuvent être recyclés au sein même des unités industrielles.
Le recyclage des déchets reste de l’ordre de 10% et ne concerne que les métaux ferreux et la plastique. 80% de nos déchets sont enfouis dans des CET et exigent en moyenne plus de 200 ha annuellement à cause d’une politique axée sur l’enfouissement décrétée depuis 2001. (A Suivre)
Pr K. Benabdeli , [email protected]
Spécialité : Management environnemental