De nombreuses publications vont illustrer en France le soixantième anniversaire de l’indépendance algérienne. D’ores et déjà, la revue Mémoires en jeu annonce un numéro spécial.
Quelles mémoires pour la guerre d’indépendance algérienne 60 ans après ?». Codirigé par Catherine Brun, Sébastien Ledoux et Philippe Mesnard, la sortie du numéro exceptionnel de Mémoires en jeu est prévue le 10 février prochain, un mois avant le 19 mars 2022 qui marquera les soixante ans du cessez-le-feu en Algérie, mettant fin à 132 ans de colonisation dont 8 ans d’une guerre féroce. Les concepteurs ont élaboré ce numéro en deux volets : Histoire, politique & société et Littérature, arts & cultures.
Dans la première partie, un large espace est accordé par voie d’entretiens à des historiens, tels que Benjamin Stora, Amar Mohand-Amer, Sylvie Thénault ou Raphaëlle Branche.
Des contributeurs se penchent aussi sur la question de l’évolution de la mémoire des harkis et la référence de la guerre d’Algérie introduite avec force dans le hirak en février 2019 et tout au long de cette année mémorable.
D’autre part, cinq portfolios de 8 à 15 pages offrent le regard de trois photographes et artistes : Nadjia Makhlouf sur les femmes combattantes, Katia Kameli et son roman algérien et Fethi Sahraoui sur les camps et lieux de répression et de déplacement en Algérie.
Sites mémoriels en Rhône Alpes
Parmi les temps forts, un parcours en région Auvergne-Rhône-Alpes avec les réseaux Mémorha & Traces sur les sites mémoriels marqués par la guerre d’Algérie sur ces territoires.
Enfin, une dernière section aborde la question de la mémoire du conflit dans le cadre scolaire en France et du rapport des jeunes générations à ce conflit.
La seconde partie laisse le champ libre à une dizaine de chercheuses et chercheurs qui questionnent les enjeux culturels d’œuvres artistiques ayant pour toile de fond les relations franco-algériennes. Avec particulièrement un pan littéraire avec la fresque anticoloniale de Mathieu Belezi, les romans de Maïssa Bey et Hajar Bali, un roman contrefactuel de Roland C.
Wagner, le film Des Hommes de Lucas Belvaux adapté du roman de Laurent Mauvignier, mais aussi la manière dont la littérature jeunesse, la bande dessinée, le cinéma et le théâtre s’emparent de ce conflit et de ses répercussions. Un entretien avec le journaliste et dramaturge algérien Mustapha Benfodil éclaire sa posture et sa démarche artistique.
Des études portent également sur le cas du rap français et du rap algérien pour comprendre l’alchimie mémorielle commune aux deux pays.
Dans une dernière section Place Publique, on trouve une conversation entre la psychanalyste Karima Lazali et le plasticien Kader Attia. La question de la guerre de Libération dans l’édition algérienne et française est posée, avec notamment un entretien avec François Gèze, acteur historique du secteur.