C’est une France fracturée et des plus incertaines qui se présente à nous avec les résultats que nous connaissons. Ces résultats ne rassurent pas la communauté musulmane, particulièrement celle issue du Maghreb et précisément d’Algérie.
Elle a échappé au pire avec la défaite électorale de Marine Le Pen, qui avait promis de lui faire la guerre une fois aux commandes, tout comme Eric Zemmour, le nouveau fasciste français disqualifié par le scrutin. Bien que n’ayant pas une sympathie particulière pour les musulmans, Emmanuel Macron n’a jamais eu le projet de leur mener la vie dure, voire de les expulser.
Pour autant, cela ne rassure pas ces derniers, Marine Le Pen peut très bien accéder au pouvoir par une autre porte, celle des législatives du mois de juin, et ce n’est pas une vue de l’esprit du fait de son score élevé à la présidentielle du 24 avril. C’est le plus fort taux enregistré par l’extrême droite de l’histoire, ce qui signifie que son électorat est mobilisé et peut l’être davantage pour la conquête de l’Assemblée nationale.
Une fois cette institution conquise, la leader du Rassemblement national aura le loisir d’initier toutes sortes de lois anti-émigration et contre la communauté musulmane, et bloquer toutes celles qui leur sont favorables.
Marine Le Pen en fait son cheval de bataille et, pour ce faire, elle va ratisser large en direction des divers courants de droite sensibles à son programme et surtout déçus par la déconfiture de leur parti traditionnel, Les Républicains, leur candidate Valérie Pécresse qui n’a même pas dépassé les 5% et cela au premier tour.
Toute la droite française pourrait désormais se ranger derrière Marine Le Pen, d’autant que celle-ci, tout en stigmatisant l’émigration et les musulmans, se force à éviter ses excès d’antan, afin de ne pas paraître trop raciste et donc faire fuir bon nombre d’entre eux.
Sans doute aussi que le bilan du quinquennat d’Emmanuel Macron jugé négatif, voire désastreux, a conduit bon nombre de Français à le priver de leurs voix et à les rabattre sur le leader du Rassemblement national.
La crise économique que traverse le pays, sensiblement aggravée par la Covid-19, la chute de la production industrielle et les retombées de la guerre entre la Russie et l’Ukraine sont des appels d’air en faveur de Marine Le Pen. Rien n’est gagné donc pour les musulmans de France et pour les émigrés toutes nationalités confondues, ce sera un cauchemar si l’hémicycle est conquis par l’extrême droite paradoxalement aussi vainqueur qu’Emmanuel Macron du scrutin du 24 avril.
Inévitablement, ils devront se mobiliser davantage qu’avant pour faire valoir leurs droits et éviter qu’ils ne subissent de durs moments. Ils ont possibilité, lors des législatives, de faire barrage partout en France au Rassemblement national en votant pour le candidat le plus sécurisant, en l’occurrence Mélenchon et son parti La France insoumise.
Les musulmans français sont une force électorale non négligeable pour peu que se développe chez eux une grande conscience des enjeux, qu’ils s’organisent mieux qu’ils ne le sont actuellement et qu’ils dépassent enfin leurs divergences doctrinales.