Staffan de Mistura, l’envoyé personnel du secrétaire général de l’ONU pour le Sahara occidental, vient d’effectuer une troisième visite dans les camps de réfugiés sahraouis, depuis sa nomination à ce poste en 2021. Cela fait 3 ans que M. de Mistura fait des efforts louables dans le but de relancer le processus d’autodétermination du peuple sahraoui, conformément aux résolutions des Nations unies et de l’Union africaine.
Malheureusement, il n’est pas aidé par certaines puissances occidentales, qui s’évertuent à lui mettre des bâtons dans les roues, tout cela pour protéger une monarchie moyenâgeuse qui n’est même pas capable d’être à l’écoute du peuple marocain. On imagine mal qu’elle serait en mesure de faire justice au peuple sahraoui, qu’elle n’a pas vaincu ni sur le terrain militaire ni sur le plan diplomatique, parce que tout simplement ce dernier a la légalité internationale et la charte des Nations unies avec lui. C’est ce que refuse d'admettre la monarchie alaouite parce que la violence et des protections occultes lui permettent de survivre.
La France, par exemple, s’est érigée en protecteur de la monarchie alaouite. Récemment, le président Macron a encore cherché à brouiller les cartes, c’est devenu chez lui une spécialité, en envoyant une missive au roi Mohammed VI dans laquelle il l’informe de son soutien au «plan d’autonomie» marocain, un plan, et c’est un secret de Polichinelle, qui a été concocté à l’Elysée. Par contre, il faut reconnaître que Paris a toujours voté les résolutions onusiennes sur le Sahara occidental.
L’attachement français au Maroc ne date pas d’aujourd’hui. Il y a une année, ce pays et la Libye ont été frappés presque en même temps par un tremblement de terre dévastateur. Les pertes humaines et matérielles ont été quatre fois supérieures du côté libyen.
Pourtant, la presse française a mis le paquet sur le Maroc, accordant peu d’intérêt à la Libye. Interrogé sur ce traitement discriminatoire, le directeur d’une boîte de communication suisse a répondu ironiquement : «Marrakech est plus sexy que la Libye.» Ce traitement privilégié, Rabat le doit à une politique de communication agressive, faite de fake news, de corruption de hauts fonctionnaires internationaux, d’espionnage, y compris de ses protecteurs, comme l’a révélé ce récent scandale du logiciel israélien Pegasus, qui lui a été offert par Israël pour seconder le Mossad, lequel a développé des systèmes d’écoute ultra-perfectionnés.
Le makhzen pense qu’en jouant les seconds couteaux pour Tel-Aviv, il consolidera son pouvoir et aura des appuis dans le monde occidental. Il fait fausse route. Comme toujours. La Cour de justice de l’Union européenne (CJEU) a pratiquement annulé vendredi les accords de pêche conclus indûment entre Rabat et l’UE.
Ces accords, dit-elle, «auxquels le peuple du Sahara occidental n’a pas consenti ont été conclus en méconnaissance des principes de l’autodétermination et de l’effet relatif des traités». L’arrêt précise que «le consentement du peuple du Sahara occidental à la mise en œuvre des accords commerciaux UE-Maroc de 2019 en matière de pêche et de produits agricoles sur ce territoire non autonome est une condition de validité des décisions par lesquelles le Conseil les a approuvés au nom de l’Union». «Le Front Polisario, ajoute la CJUE, est un interlocuteur privilégié dans le cadre du processus des Nations unies en vue de la détermination du futur statut du Sahara occidental.» «Vu l’objet des décisions litigieuses et leurs incidences sur le droit de ce peuple à l’autodétermination, le Front Polisario satisfait aux conditions pour pouvoir contester devant le juge de l’Union européenne les décisions litigieuses, dans l’intérêt dudit peuple.» La CJUE a adopté un autre arrêt sur les produits agricoles du Sahara occidental.
Elle écrit : «En tant que produits importés dans l’Union européenne, les melons et les tomates récoltés au Sahara occidental doivent indiquer leur pays d’origine en vertu de la réglementation de l’Union.» Elle précise : «Cette mention doit nécessairement figurer sur les produits et ne doit pas être trompeuse, raison pour laquelle leur étiquetage doit indiquer le Sahara occidental comme étant le pays d’origine.» Quel revers pour le makhzen !
Il a nommé spécialement comme ambassadeur en Pologne Abderrahim Atmoun, qui a été chargé de gérer ces affaires avec l’UE et d’utiliser tous les moyens de corruption pour influencer les décisions. Les deux arrêts de la CJUE témoignent de l’échec total de la propagande marocaine, bâtie sur le mensonge, le faux et usage et de faux, la corruption des élites.
Il reste au makhzen une seule issue : continuer à verser son fiel sur l’Algérie, au détriment même des intérêts du peuple marocain. Seul ce dernier souffre de la fermeture de la frontière algéro-marocaine. Les dirigeants eux font des affaires avec Israël. C’est leur compagnonnage naturel.