Tel que conçu au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, l’ordre mondial est en train de vaciller et ce ne sont pas les conflits entre les grandes puissances qui en sont la cause.
Tout au contraire, les Etats-Unis, la Russie, la Grande-Bretagne et la France se sont bien accommodés de la configuration de l’ONU, bénéficiant d’un privilège inouï, qui est le droit de veto leur permettant de défendre leurs intérêts et d’imposer leurs points de vue. Et cela en dépit des grands bouleversements intervenus depuis 1945, notamment la décolonisation et l’émergence d’une grande variété de puissances moyennes, dont le Brésil, l’Afrique du Sud, l’Inde, et en dépit également d’une forte volonté des pays oubliés de la planète, en Amérique latine, en Asie et en Afrique, d’être écoutés et représentés au sein du Conseil de sécurité, instance dont ils demandent une profonde réforme.
Ce désordre mondial est, paradoxalement, le fait d’un minuscule Etat, à savoir Israël, créé précisément par l’ONU après la Seconde Guerre mondiale.
Dès le départ, cet Etat a commencé par déstabiliser les Etats et les populations de son voisinage à travers des aventures coloniales hégémoniques et destructrices. Des décennies durant, il a continué à mener guerres et occupations de terres et de villes, dont El Qods, poussant les Palestiniens à l’exil et à la résistance. Aujourd'hui, c’est Ghaza qui est soumise au génocide, avec des visées de même ordre sur le Liban voisin.
Les dirigeants israéliens n’ont pas hésité à se retourner contre leur géniteur qui est donc l’ONU. Ils ont attaqué l'un de ses principaux instruments : la Force intérimaire des Nations unies au Liban (Finul), troupe internationale chargée du maintien de l’ordre ; dénigré le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres et ciblé militairement l’UNRWA, qui apporte aide et assistance aux Ghazaouis en détresse. Et enfin en tuant des humanitaires onusiens. Il faut savoir que c’est le Royaume-Uni qui a confié le problème de la Palestine, après la Seconde Guerre mondiale, à l’ONU, qui l’a divisée en deux Etats indépendants, l’un arabe et l’autre juif, El Qods placée sous régime international.
En 1948, l’Etat juif inscrit dans la résolution déclare son indépendance sous le nom d’Israël et occupe militairement 77% du territoire de la Palestine sous mandat et de la majeure partie d’El Qods. Plus de la moitié de la population arabe palestinienne s’enfuit ou est expulsée. Lors de la guerre de 1967, Israël occupe ces territoires (à savoir la bande de Ghaza et la Cisjordanie).
La guerre provoque un deuxième exode palestinien et un troisième est en cours aujourd'hui à Ghaza, soumise à une destruction totale et à l'assassinat d’une partie de sa population. Même scénario en Cisjordanie avec l’accaparement des terres palestiniennes par des colons juifs suprémacistes.
L’Europe s’est impliquée dans cette sinistre saga israélienne, les pays les plus en vue, la France et l’Allemagne, «culpabilisés» par la Shoah, le premier du fait du régime collaborationniste de Vichy, le second, berceau du nazisme et de Hitler.
Davantage que l’Europe, ce sont les Etats-Unis qui ont soutenu Israël contre vents et marées. Le camp républicain est totalement acquis, sans nuance aucune, aux dirigeants de Tel-Aviv. Les démocrates, en légère modération au plan verbal, n’hésitent pas à alimenter l’arsenal militaire destructeur d’Israël et déverser sur le pays des milliards de dollars.
Réunis ensemble il y a quelques mois, démocrates et républicains ont invité et acclamé Netanyahu au moment même où des dizaines d’enfants et de femmes étaient assassinés à Ghaza. Washington a utilisé maintes fois son droit de veto au Conseil de sécurité pour contrecarrer toutes les tentatives internationales de faire cesser le carnage de Ghaza et d’instaurer un début de cessez-le-feu.
La Grande-Bretagne est sur la même ligne complice avec Tel-Aviv. On comprend pourquoi ces Etats membres du Conseil de sécurité ne veulent pas d’une réforme de cette institution, alors même que les pays dits du Sud Global ne ménagent pas leurs efforts pour les pousser à cela. Pour Washington, Londres et Paris, ce serait se priver d’un formidable instrument de soutien à Israël.
Pour la défense de cet Etat paria, ces pseudo-démocraties sacrifient tout un peuple, se mettent du côté de ses bourreaux, défient l’écrasante majorité de la planète et bafouent les règles les plus élémentaires du droit international, dont elles devaient pourtant être les garantes en tant que membres du Conseil de sécurité.