Dans une enceinte de l’Arena Paris où avaient pris place de nombreux Algériens, drapeaux déployés et scandant le nom d’Imène a tue-tête, notre boxeuse nationale est montée sur le ring pour croiser les gants, après quelques jours de polémique pesante, qui n’a visiblement pas eu d’effets sur son mental.
Comme à ses moments difficiles, elle sait faire le vide dans sa tête, aidée par un encadrement à son chevet de façon permanente pour la requinquer psychologiquement. Aidée par une ambiance bruyante toute acquise a sa cause, Imène Khelif dès qu›a retenti le gong, n’allait pas tergiverser longtemps pour trouver la mesure de son adversaire et s’assurer la bonne distance.
D’entrée donc, sans opérer une prudence relative comme on en voit souvent dans les matches de boxe, elle est allée droit au but en plaçant deux direct du droit et un uppercut qui n’a pas touché le menton de son adversaire. Elle imprimera ainsi la cadence tout le long du premier round en contenant les rushs parfois désordonnés de son adversaire hongroise, Hamori Ana Luca. Jusqu’à la fin des trois minutes Imene Khellif tiendra son adversaire à distance tout en cherchant à placer sa droite. La pause interviendra avec un avantage des cinq juges pour notre compatriote (10-9) et dans le brouhaha de joie entretenu par la galerie des supporters d’Imène. Bon pour le moral.
Dès la reprise, Imène khellif accentue la pression sur la Hongroise qui paraissait, par moments, déséquilibrée au point de s’accrocher à notre pugiliste et se laisser tomber au sol feignant d’avoir été poussée.
Omar Kharoum(Suite en pages 12 et 13)
Trompé par cette manœuvre malicieuse, l’arbitre sanctionnera même Imène d’un avertissement que tout compte fait elle n’a pas mérité. Malgré cela, la Hongroise ne donne pas une réplique vigoureuse et les quelques frappes qu’elle lançait de façon désordonnée étaient ou esquivées ou se perdaient dans les gants. Encore un round remporté par Imène Khelif.
A l’amorce du troisième round, et comme il sied à un boxeur qui sent que l’issue du match lui échappe, Hamori Ana Luca met ses dernières forces dans la bataille en se ruant en vue d’un hypothétique et incertain knock out (les KO sont rares dans cette catégorie et quand les pugilistes sont en plus protégés par un casque amortisseur). Notre boxeuse ne fait pas dans le calcul même si elle savait qu’elle menait au score. Elle maintiendra la même pression en assenant à son adversaire plusieurs jabs et uppercuts jusqu’à rassurer l’assistance que l’issue de ce duel ne faisait aucun doute. En remportant le combat à l’unanimité des cinq juges, Imène Khelif accède aux demi-finales de la catégorie des -66 kg et s’adjuge d’ores et déjà une médaille de bronze.
Dans l’autre quart de finale qui désigne l’adversaire d’Imène Khelif pour les demi-finales entre la Turque Surmeneli Busenoz et la Thailandaise Suwanna Pheng Janjaem, la bataille fut âpre. Avant cette confrontation, Imène Khelif s’est laissée aller à des confidences en précisant que la finale se jouera en demi-finales entre elle et la boxeuse turque qu’elle avait croisée aux JO de Tokyo en 2021 et dont elle connaissait le niveau.
Au terme du combat qui s’est terminé sur une décision partagée des cinq juges, la Thailandaise a su profiter des faiblesses de la Turque dans la dernière ligne droite pour l’emporter au finish. Contrairement à ce qu’elle pensait, Imène Khelif devra écarter la Thailandaise, longiligne, de bonne tenue et pratiquant une boxe classique pour espérer se qualifier en finale. Ce sera pour Imène un combat difficile.
Paris, envoyé spécial Omar Kharoum
«Je me bats pour l’Algérie et les Algériens»
En zone mixte, une nuée de journalistes et des dizaines de caméras du monde entier campaient le long des barrières de séparation, ne laissant filtrer que quelques bribes des paroles d’Imène Khelif.
«Je suis heureuse de cet exploit qui me donne déjà une première médaille en attendant mieux, Inch’Allah. Après avoir essuyé tant de pression, j’ai su réagir positivement malgré le tapage médiatique qui s’est abattu sur un sujet clos depuis longtemps. Mes compatriotes m’ont soutenue et je me bats, malgré les souffrances que j’ai endurées pour arriver là où je suis, pour l’Algérie et les Algériens. Il ne me reste qu’à concrétiser l’objectif que je me suis assigné. J’ai été heureuse de voir que toute la salle m’a soutenue avant, pendant et après mon combat et les nombreuses marques de sympathie qu’on m’a témoignées de l’extérieur, qui, en riposte à ces attaques malveillantes sur ma personne, m’ont renforcée. Je suis fière de l’Algérie, fière de mes frères et sœurs algériens et fière de ma féminité.»