Plus qu’une poignée de mois nous sépare du coup d’envoi de la Coupe du monde au Qatar, prévue du 21 novembre au 18 décembre 2022.
L’organisation du plus grand événement footballistique avait été accordée par la FIFA à Doha, rappelle-t-on, en 2010, suscitant une vive polémique sur les conditions de cette attribution.
Mais au-delà des soupçons de corruption qui ont entouré ce choix, il y a un autre sujet qui vaut de vives critiques au richissime Etat gazier du Golfe : les conditions de travail de centaines de milliers d’ouvriers immigrés engagés sur les chantiers de construction des stades, des hôtels et autres infrastructures en lien avec l’événement planétaire.
Le quotidien britannique The Guardian a rapporté, en février 2021, qu’au moins 6500 travailleurs migrants ont perdu la vie sur les chantiers de la Coupe du monde du Qatar depuis le début des travaux en 2010-2011. Cette situation a fait que plusieurs ONG, militants des droits humains, personnalités sportives, artistes… sont montés au créneau pour dénoncer les violations répétées en matière de droit du travail au Qatar.
On voit même depuis quelque temps des sélections, comme celle de la Norvège, du Danemark ou encore des Pays-Bas, se joindre à cette campagne, allant jusqu’à menacer de boycotter la grand-messe footballistique de l’hiver prochain.
Parmi les organisations les plus actives sur ce sujet : Amnesty International. Dans un communiqué diffusé jeudi dernier et faisant état d’un nouveau rapport adressé à la FIFA à propos de la situation des travailleurs au Qatar, l’ONG basée à Londres réclame un dédommagement conséquent au profit de ces ouvriers traités en parias. «La FIFA devrait réserver un montant minimum de 420 millions d’euros afin de fournir des réparations aux centaines de milliers de travailleurs-euses migrants ayant subi des violations des droits humains au Qatar lors des préparatifs pour la Coupe du monde 2022», peut-on lire dans ce communiqué.
La publication d’Amnesty International indique qu’une lettre ouverte «accompagnant ce rapport» a été adressée par Amnesty «et une coalition d’organisations de défense des droits humains et d’organisations de supporters» à la FIFA. Les signataires de cette lettre ouverte «demandent au président de la FIFA, Gianni Infantino, de travailler avec le Qatar en vue de mettre en place un programme global de réparation».
Amnesty souligne que «ce montant de 420 millions d’euros sera sans doute le minimum nécessaire pour couvrir tout un éventail de coûts d’indemnisation et financer les initiatives visant à protéger les droits des travailleurs-euses à l’avenir». «Cependant, précise l’ONG, la somme totale permettant de rembourser les salaires non versés et les frais de recrutement exorbitants payés par des centaines de milliers de travailleurs-euses et de verser les indemnisations pour les blessés et les morts, pourrait s’avérer plus élevée. Elle doit être évaluée dans le cadre d’un processus participatif incluant, notamment, les syndicats, les organisations de la société civile et l’Organisation internationale du travail (OIT).»
Amnesty International rappelle que «depuis 2010, les droits de centaines de milliers de travailleurs-euses migrants au Qatar ont été bafoués alors qu’ils étaient employés à la construction de stades, d’hôtels, de transports et autres infrastructures destinés à accueillir la Coupe du monde 2022».
A partir de 2017-2018, «le Qatar a adopté une série de réformes importantes du droit du travail dans le but de mieux protéger les droits des travailleurs-euses, mais du fait d’une application partielle, les violations perdurent», constate l’ONG.