Publication. Staten Island de Mahmoud Aroua : Le chemin de l’espoir

03/12/2023 mis à jour: 00:31
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Staten Island de l’auteur Mahmoud est une fiction romanesque qui se lit d’un trait avec en prime une intrigue et des rebondissements à volonté.

Edité par la maison d’édition privée El Faïrouz culturelle et production, le quatrième roman Staten Island, de Mahmoud Aroua, convie le lecteur à découvrir une narration  bien ficelée avec des personnages quelque peu timides mais  attachantes. Staten Island est avant tout la rencontre entre une histoire et un style. 

Deux ingrédients d’une qualité indiscutable que l’auteur a servis avec des doses bien ajustées. L’histoire en question se résume en 285 pages bien denses. Dès le parcours de l’incipit, le lecteur est envoûté dans un premier temps par le temps et l’espace : Baghdad, an de grâce 810.  Plus on progresse dans la lecture, plus on découvre qu’une deuxième histoire contemporaine se superpose à la première. 

En effet, le roman Staten Island  n’est autre que l’histoire  d’une rencontre  que mille ans séparent.  Il y a, d’une part, Ulaiyah, une princesse de Baghdad, qui a vécu au IXe siècle et, d’autre part, Alex Morgan, un universitaire de 25 ans qui habite et étudie à Staten Island à New York.  Celui-ci prépare un doctorat en histoire médiévale. Les deux protagonistes traversent une période assez difficile. 

Si Ulaiyah vient de perdre son mari dans un passé lointain, le jeune prince Zayd, la femme d’Alex, pour sa part, il ne lui reste que quelques jours à vivre. En effet, atteint d’un mal incurable,  Zayd se consume telle une chandelle, puis décède. Bien que croyante, Ulaiyah refuse d’accepter le départ de son mari vers l’Eternel. Elle décide de consulter l’alchimiste cheikh Naserddine, et ce, quelque doit les conséquences. 

Ce dernier lui propose de lui préparer une potion qui lui provoquera une mort naturelle, tout en préservant son âme dans une bouteille jetée à la mer.  Le vieil homme lui remit un parchemin calligraphié. «Elle appliqua son index au bas de la  feuille après l’avoir trempé dans la cire liquide rougeâtre. Le contrat fût enroulé puis attaché par une petite corde tressée, il retourna dans le coffre en bois, incrusté de nacré que le savant gardait précieusement.» 

L’alchimiste remit à la servante d’Ulaiyah une fiole en lui donnant toutefois une dernière recommandation : «Une fois que la princesse aura avalé  la potion et d’apprêtera à rejoindre l’au-delà, recueillez son dernier souffle dans une bouteille pareille à  celle-ci, puis refermez-la hermétiquement. Vous annoncez  la mort d’Ulaiyah, elle recevra les ablutions et sera inhumée selon la charia. Son décès sera  imputé  à une fièvre ardente fulminante», écrit  Mahmoud Aroua. Dès lors ce qui va réunir ces deux âmes tourmentées, c’est une bouteille. Alors qu’Alex est plongé dans ses pensées lors d’une balade en longeant le rivage, un galet luisant attire son attention. 

«Il s’agenouilla pour le ramasser et son pied heurta un objet enfoui dans le sable. Il lâcha la pierre et commença à creuser. Une bouteille polie par l’érosion lui apparut. Intrigué, Alex la soupesa puis l’examina sous la lumière du soleil. Des lignes sinueuses gravées sur toute la surface la rendaient opaque. Il tenta de l’ouvrir, en vain. Il allait la lancer, la renvoyer à l’océan  quand l’image du  film Une bouteille à la mer lui vient à l’esprit. Et si elle contenait un message ? Une  histoire ? Ou une réplique du passé ? Il l’enfouit dans son sac et retourna chez lui», lit-on en page  40. Alex ignore totalement que l’âme de la princesse est à l’intérieur de la bouteille. Il découvre, d’ailleurs, cette bouteille quelques secondes avant que sa femme ne meurt. 

Les événements se précipitent pour Alex. Au moment où son épouse meurt, l’âme d’Ulaiyah s’incruste dans le corps de la défunte. Au-delà de ce va-et-vient entre ces deux histoires poignantes-traversées par des siècles de séparations, l’auteur Mahmoud Aroua  a l’inspiration débordante  et  choisit de planter l’histoire d’Alex à Staten Island. Il s’agit  de l’un des cinq arrondissements de la ville de New York, les quatre autres étant Manhattan, Brooklyn, Queens et le Bronx. Staten Island est l’arrondissement le moins urbain et le moins peuplé de la ville de New York. 

L’île abrite depuis la deuxième moitié du XXe siècle le plus important site d’enfouissement des déchets de New York, fermé au début 2001 pour son excessive production de méthane, mais rouvert la même année pour y entreposer les débris du World Trade Center avant d’être de nouveau fermé. A travers ce voyage, Staten Island, l’auteur de Sentiments sous anesthésie a voulu également transmettre un message d’espoir : celui de ne jamais perdre espoir et s’accrocher à la vie. L’autre particularité de l’écriture de Mahmoud Aroua, c’est de truffer ses lignes de proverbes, de pensées, de maximes algériennes et universelles. Un livre à  lire absolument! 
 

Pour rappel, Mahmoud Aroua est médecin anesthésiste-réanimateur. Il est passionné  de littérature, de poésie et d’histoire de la médecine. Il est l’auteur de plusieurs publication, dont entre autres  Fenêtre sur rêves (poèmes, 1998), Comme un boomerang (nouvelles, Éd. Alpha, 2009), L’Enfant qui ne pleure jamais (récit, Éd. Lazhari Labter, 2011) et Ibn Rushd, le médecin (essai, Éd. Alpha, 2014),  Un ange chez Mc Donald’s (Editions Edilivre) et Sentiments sous anesthésie (Anep 2019)
 

 

 

Mahmoud Aroua- Staten Island.
Maison d’édition privée El Fairouz culturelle et production
285 pages. 1er semestre 2023.
 

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