Publication - Les Gens du Peuplier d’Arezki Metref : Aux confins du rêve

31/12/2023 mis à jour: 08:28
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l L’auteur de l’ouvrage décrit cette Algérie post-indépendance en exhibant de la dérision, de l’humour et des dérives fantasmatiques des personnages.

Les Gens du Peuplier est un roman aux relents existentiels sorti aux éditions Casbah. Il décrit cette Algérie post-indépendance en exhibant de la dérision, de l’humour et des dérives fantasmatiques des personnages. 

Il se nourrit, le plus souvent, de ces histoires engluées dans la contingence et la banalité tout en les portant jusqu’aux confins du rêve. Nous sommes en 1958, en pleine guerre d’Algérie. Boubakar Atamar, le personnage principal n’a que six ans, mais il sera propulsé comme d’une fatalité de l’existence vers ce monde de «la Cité du Peuplier». 

Ce personnage, qui emprunte son caractère à sa propre histoire, est de cette veine de héros inoubliables et marquants. L’évocation de son nom à lui seul laisse présumer déjà une force et une énergie incommensurable en lui. La guerre pour l’indépendance, qui arrive au début de l’histoire, effacera toutes les divergences liées aux conditions sociales de tous «ces Gens du Peuplier» qui arrivent ou qui sont déjà arrivés des différents coins de l’Algérie. Boubakar Atamar découvrira d’autres noms et d’autres personnages, surtout après l’indépendance. 

Cela coïncide avec l’adolescence, et l’adolescence est une période où l’on voit souvent les choses sur un mirador haut, toujours supérieur aux autres. Ensemble, avec Zayyem, Bouftika, Levreq, Omar, et d’autres, ils donneront tout un monde entortillé dans des histoires drôles et succulentes. Des histoires où l’ambition côtoie le fantasme, le mythique joue avec la réalité et l’humour se mélange parfois à la gravité. Ce n’est pourtant rien d’autre que la description de cette Algérie post-indépendance où la réalité taquine en permanence l’invraisemblable. 

En plus de sa belle texture littéraire, l’épaisseur de ce roman est surtout dans le cheminement des personnages qui se fait dans un espace ouvert à toutes les possibilités. Ce cheminement s’habillera d’un lexique de drôlerie, d’humour, de fantasmes, mais ne se coupera jamais de la réalité. Le roman ne se coupera pas également des différentes agitations de l’histoire, la grande. On a l’impression que cette dernière évolue juste derrière la Cité du peuplier, car on entendra des noms célèbres comme Mao, Nasser et d’autres. 

Ce roman foisonnant est peuplé aussi par des êtres pittoresques comme Zampano, sorti directement de l’imaginaire de Garcia Marquez. Son monde à lui s’édulcore par des mensonges, des fantasmes abusifs mais toujours en apparaissant avec ce côté à la fois ingénu et drôle. Il s’adonnera à une véritable odyssée pour masquer sa propre réalité. 

Son seul objectif est de tromper son vis-à-vis quitte à ce qu’il soit confondu dans ses mensonges. Dans le monde complexe de ce roman, d’autres noms arrivent par moments pour embellir sans toutefois parvenir à décaler la narration. Les événements se succèdent, se superposent, mais le récit retrouve toujours le Je omniprésent du narrateur. Comme si l’auteur refusait des vérités toutes simples, les scènes se métamorphosent et engendrent parfois un monde extravagant, pleins de couleurs et d’imaginations. Un monde de contingences, de futilités. Mais un monde où se répand le destin des hommes. Boubakar Atamar, lui, fendra les flots de la vie avec ces relents envoûtants propres aux fables et aux légendes. 

Au prix d’une mutation du nom (Il deviendra Bob Atamar) et certainement aussi du caractère, il sera propulsé par le destin en ex Union Soviétique d’abord puis à Hollywood pour devenir cinéaste. Une narration aux images allégoriques fortes, à la construction constante dans le mouvement, riche et dense par le contenu. Un roman dont on ne lasse pas de lire et de relire.   Lounès Ghezali 
 

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