Prudence diplomatique

03/03/2022 mis à jour: 17:12
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La guerre russo-ukrainienne boucle sa première semaine avec son lot de victimes et de destructions, de contingents de réfugiés fuyant les zones de combat vers les pays voisins.

Les répercussions géopolitiques, économiques et humanitaires de ce conflit sont telles, que l’onde de choc a été ressentie sous toutes les latitudes, à des degrés et sous des formes diverses.

Le monde globalisé d’aujourd’hui ne laisse personne indifférent et (faussement) neutre, comme le suggèrent certains positionnements dictés par la realpolitik et le souci de préserver les intérêts nationaux ou des régimes en place.

Entre les Etats membres de l’Union européenne et de l’Alliance atlantique, dont les intérêts commandent de voler naturellement au secours de l’allié ukrainien, et ceux qui, au nom d’une alliance géostratégique contre l’ennemi commun, s’alignent tout aussi franchement derrière la Russie, à l’instar des présidents syrien, Bachar Al Assad, et vénézuélien, Nicolas Maduro, qui ont sauvé leur trône grâce au parapluie russe, ou encore du président tchétchène, Ramzan Kadyrov, qui a envoyé ses troupes combattre aux côtés des soldats russes, il y a tout un aréopage de pays qui se sont réfugiés dans le confort diplomatique du silence radio.

Cette dernière position, qui se veut à équidistance entre les deux belligérants, traduit tout l’embarras des gouvernements ayant la particularité d’entretenir des relations politiques, économiques et commerciales tout aussi bonnes, à la fois avec la Russie et l’Ukraine et, plus largement, avec les grandes puissances impliquées dans cette guerre aux côtés de Kiev.

L’Algérie, pour sa part, a exprimé sa voix traditionnelle privilégiant la solution diplomatique dans les conflits internationaux. Elle l’a exprimée dans le cadre des institutions panarabe et panafricaine, à travers le communiqué de l’Union africaine du 24 février et celui de la Ligue des Etats arabes réunie le 28 février dernier en session extraordinaire.

Cette position prudente, qui se veut neutre, est justifiée, officiellement, par le principe constitutionnel de la non-immixtion de l’Algérie dans les affaires internes des Etats.

Elle se reflète dans le traitement médiatique détaché de l’événement par la presse publique, particulièrement par la télévision nationale qui s’en tient scrupuleusement à répercuter l’information et les images à l’état brut, évitant tout commentaire susceptible d’être mal interprété par les belligérants.

A l’issue de cette guerre, la Russie ne manquera pas de tirer les leçons de son bras de fer avec l’Occident en faisant l’inventaire de ses pertes et profits, de ses alliés et amis ou supposés comme tels, qui l’ont soutenue ou qui lui ont tourné le dos.

Lorsque les canons de la guerre cesseront de tonner, il faudra s’attendre à voir s’instaurer, aux plans bilatéral et multilatéral, de nouveaux rapports entre les parties impliquées, ou concernées, à un degré ou à un autre dans ce conflit, à l’instar de l’accord sur la construction de ce gazoduc du siècle reliant la Sibérie à la Chine via la Mongolie, annoncé mardi en guise d’alternative aux représailles européennes exercées sur le gazoduc Nord Stream.

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