Le ministère de l’Agriculture a décidé de prendre les devants cette année pour éviter les importantes pertes dans les récoltes durant les saisons précédentes.
Avec ses 19 millions de palmiers-dattiers producteurs, occupant 172 000 hectares de terres sahariennes et ayant produit plus de 11 millions de tonnes de dattes en 2021, pour un revenu global de 487 milliards de dinars, représentant 14% de la production agricole nationale, la phœniciculture constitue un créneau de l’agriculture algérienne dont les retombées positives et les bénéfices socioéconomiques sont indéniables pour les populations du Sud, mais aussi pour tout le pays et son économie.
On dénombre 300 cultivars de dattes, dont la variété portant le label «Deglet Nour» prisée par les amateurs de dattes du monde entier.
Les dattes offrent une large panoplie de produits dérivés, tels que l’éthanol, l’alcool, le vinaigre, le suc (rob), la farine (rouina) et la pâte de datte avec laquelle sont confectionnés des gâteaux et des friandises, du miel, un genre de décoction ressemblant à du café, du charbon actif utilisé dans les systèmes de filtration des eaux et même de l’aliment pour bétail fabriqué avec les rebuts et les noyaux des dattes.
D’ailleurs, de plus en plus d’investisseurs et d’exportateurs, trouvant une opportunité de diversifier leurs activités en s’appuyant sur toutes les potentialités du palmier-dattier, sont séduits par l’importante plus-value escomptée.
Accordant une attention particulière à ce secteur, le ministère de l’Agriculture et du Développement rural a pris cette année les devants en matière de protection phytosanitaire et de lutte contre les ravageurs du palmier-dattier.
Dans ce contexte, le Centre de recherches scientifiques et techniques sur les régions arides (CRSTRA) de Biskra vient d’abriter une journée d’étude et de sensibilisation nationale à laquelle ont pris part des responsables du secteur de l’agriculture et du développement rural de plusieurs wilayas, des producteurs de dattes, des organismes et des spécialistes en botanique et en agriculture saharienne.
Des mesures à suivre scrupuleusement
Cette rencontre vise à mettre en avant les actions publiques dans le domaine de la protection des exploitations agricoles et l’importance et la nécessité de prévenir les fléaux pouvant toucher les récoltes de dattes induites par des conditions climatiques peu favorables, par les incendies et surtout par l’apparition de foyers d’oligonychus afrasiaticus (Boufaroua), qui est un acarien du groupe des tétranyques tisserand, et du myelois ou pyrale de la datte qui est un ver minuscule se transformant en papillon (Soussa).
Ces ennemis endémiques du palmier-dattier sont capables de gâter de 30 à 50% de la production saisonnière de dattes, et ainsi mettre en péril le devenir de milliers de familles.
«Pour aider les phœniciculteurs à prémunir leurs récoltes contre ces parasites pour la saison 2022, un réseau national de surveillance et de veille est mis en place depuis 2002 ayant la charge de signaler les foyers de pullulement du Boufaroua et de la pyrale de la datte.
Un réseau renforcé par une Caisse nationale du développement agricole finançant les campagnes de protection phytosanitaire confiées à l’Institut national de protection des végétaux (INPV), agissant en fonction des besoins et en réponse aux alertes lancées par les producteurs de dattes de 21 wilayas.
Cette année, l’INPV, secondé par des entreprises privées,procédera au traitement de plus de 4 millions de palmiers-dattiers contre ces ravageurs selon un plan d’intervention concocté au préalable», a déclaré le SG du ministère de l’Agriculture et du Développement rural.
Avant de lancer officiellement cette campagne à partir de Biskra, le même responsable a souligné que pour empêcher l’irruption et la propagation de foyers parasitaires dans les régimes de dattes, il fallait impérativement nettoyer les palmeraies, les désherber régulièrement, traiter et assainir les autres arbres fruitiers exploités en intercalaire, parfaitement connaître le mode d’utilisation et les effets des substances pesticides et aménager des pistes carrossables dans les palmeraies pour faciliter l’accès aux engins et camions des épandeurs de l’INPV et de la Protection civile.