Même en l’absence de chiffres officiels des services sanitaires ou du ministère de l’Education nationale, la situation est très compliquée : les enseignants sont fortement infectés. Les directeurs d’école et autres personnels le sont également. Selon nos sources, des directeurs d’établissement appellent à au moins une semaine de confinement, voire 10 jours, afin d’endiguer la propagation rapide du virus dans les écoles.
A peine entamé, le deuxième trimestre s’annonce très compliqué. En plus du boycott administratif lancé par le Cnapeste et les problèmes de gestion ordinaires, la pandémie de Covid-19 frappe fort le personnel éducatif, mais aussi les élèves. Le taux d’absentéisme est de plus en plus important. Même en l’absence de chiffres officiels des services sanitaires ou du ministère de l’Education nationale, la situation est très compliquée : les enseignants sont fortement infectés.
Les directeurs d’établissement et autres personnels le sont également. Ceci sans compter les élèves qui sont contaminés mais qui viennent quand même à l’école. «Les parents ne déclarent pas que leur enfant est ‘‘covidé’’. La raison est simple : ils ont peur qu’il rate des cours, notamment en ce trimestre court. Nous lançons continuellement des alertes dans nos groupes d’enseignants pour avertir nos collègues afin qu’ils isolent l’enfant des autres élèves et d’eux-mêmes.
Nous n’avons pas de salles spéciales de cours pour élèves affectés. Donc nous sommes obligés de faire avec nos moyens de bord. Nous sommes face au danger au quotidien, mais nous n’avons pas le choix», déclare une enseignante sous le couvert de l’anonymat. Pis encore, les directeurs se retrouvent sans enseignants dans plusieurs établissements et plusieurs matières à la fois. Pour ne pas être alarmistes.
Cependant ces directeurs n’ont pas le droit de chercher un remplaçant, étant donné que la loi permet à l’employé de s’absenter pendant au moins 15 jours, lorsqu’il est atteint de la Covid-19. Ce qui est actuellement le cas. Selon nos sources, des directeurs d’établissement appellent à au moins une semaine de confinement, voire 10 jours, afin d’endiguer cette propagation rapide du virus dans les écoles.
Le protocole sanitaire «inapplicable»
Cela se passe au moment où le protocole sanitaire reste inapplicable dans la majorité des établissements. La cause : le manque de moyens humains et matériels. «Avec l’augmentation du nombre de contaminations sur le territoire national, l’impact sur le secteur de l’enseignement est automatique. Le nombre de personnels, tous corps confondus, et d’élèves touchés est très important.
La situation est plus inquiétante qu’avant les vacances», s’alarme Messaoud Boudiba, porte-parole du Conseil national autonome du personnel enseignant du secteur ternaire de l’éducation (Cnapeste). Il dit que son syndicat avait demandé que les moyens humains et matériels soient mis en place durant ces 21 jours de vacances afin que le protocole sanitaire soit applicable, du moins dans son volet hygiène.
«Ce n’est malheureusement pas le cas. La reprise a été faite dans les mêmes conditions, si ce n’est pire. La prise de température à l’entrée des établissements ne se fait plus. La cause est l’absence de thermomètres frontaux. Même le gel hydroalcoolique fait défaut. Ceci sans parler de la distanciation qui n’est que souvenir. Le jumelage des sous-groupes a fait que les classes où il ne devait y avoir que 15 à 20 élèves sont saturées.
Elles contiennent entre 30 et 35 élèves. Dans certains cas, ils sont 40 élèves par classe. La prise de cette décision est justifiée par le manque d’enseignants», constate le syndicaliste, qui souligne que les campagnes de vaccination ne sont pas la «panacée» à cette situation mais plutôt l’instauration d’une culture sanitaire qui ne peut prendre effet qu’avec la présence des moyens humains, matériels et financiers.
Pour ce qui est du boycott, le porte-parole du Cnapeste annonce que près de 60% des établissements sont concernés par cette action de protestation. Le syndicat annonce le maintien de son mouvement de protestation. Les nouvelles dates de reprise des grèves cycliques seront annoncées dans les prochains jours. Ceci se passe au moment où le ministère de l’Education tient des rencontres bilatérales avec ses partenaires sociaux pour discuter des préoccupations des fonctionnaires du secteur.