Ce projet, qui sera présenté devant le Conseil des ministres pour adoption, compte des changements importants, dont la possibilité de dresser une liste locale et d’intégrer des produits dangereux faisant l’objet d’un large trafic, tels que la prégabaline et le tramadol, dans la liste officielle des psychotropes.
Face à la hausse du trafic des psychotropes et les énormes saisies enregistrées régulièrement par les services de sécurité, de nouveaux médicaments ont été insérés dans la liste des psychotropes par le ministère de la Justice. Cette information a été dévoilée, hier, par le Dr Messaoud Belambri, président du Syndicat national autonome des pharmaciens d’officine (Snapo), lors d’une journée scientifique organisée à l’hôtel Marriott de Constantine.
Les psychotropes et leur classification ont fait l’objet de différentes interventions. «Nous avons abordé le volet des psychotropes parce qu’il y a toute une réglementation qui a vu le jour depuis environ 18 mois. Deux décrets ont mis en place le cadre réglementaire administratif et technique pour la détention et la dispensation des médicaments psychotropes. Ce qui entre dans le cadre de la prise en charge des citoyens et leur santé mentale, à laquelle la loi sanitaire 18-11 du 2 juillet 2018 accorde un très grand intérêt. Et seul le pharmacien a le droit de détenir ce produit et le dispenser aux citoyens», a déclaré à El Watan le président du Snapo, en marge de la rencontre.
Le même responsable a évoqué les deux arrêtés portant la classification officielle des médicaments, à savoir l’arrêté interministériel du mois d’août 2021 et l’arrêté ministériel publié au Journal officiel du 7 mai 2022 portant la classification des psychotropes selon la loi 04-18. A propos de cette loi de lutte contre tout usage illicite des psychotropes, notre interlocuteur a fait savoir que son contenu a été révisé et qu’un projet modificatif annoncé par le ministre de la Justice est en cours d’établissement.
«Ce projet, auquel on est associés, qui est celui du gouvernement et attribué au ministère de la Justice, sera présenté incessamment devant le Conseil des ministres, pour qu’il soit adopté et publié au Journal officiel. Il y a des changements très importants qui ont été annoncés par le ministre de la Justice, dont la possibilité de faire une liste locale et d’intégrer des produits dangereux faisant l’objet d’un large trafic sur le terrain, tel que la prégabaline et le tramadol dans la liste officielle des psychotropes.
Cela, pour éviter toute forme de trafic», a expliqué le Dr Belambri. Et de souligner qu’un total d’environ 5 médicaments, dont les deux susmentionnés, le trihexyphénidyle, connu sous le nom d’Artane, et autres seront intégrés dans ladite liste. Toute pratique illicite liée à ces médicaments tombera sous le coup des sanctions de la loi 04-18. Ce n’est pas tout, un fichier électronique national sera également lancé par les autorités compétentes, donnant par la suite naissance à l’ordonnance électronique sécurisée, selon notre interlocuteur.
Un article juridique pour protéger les pharmaciens
Toujours dans le même cadre des nouvelles lois liées à l’activité des pharmaciens, le président national du Snapo annonce un nouvel article en voie d’établissement protégeant les professionnels de santé, dont les médecins et les pharmaciens, contre les intimidations, les menaces et les agressions. «Il ne faut pas oublier qu’on a eu plusieurs assassinats dans des officines, sans parler des agressions qui sont quotidiennes.
Pas plus tard qu’hier (dimanche, ndlr), il y a eu une tentative d’agression avec un fusil de chasse dans une officine de la wilaya de Oum El Bouaghi. Certes, on n’a pas de chiffres précis sur les agressions, faute de déclaration des concernés, mais il y a tellement d’effractions, de casses d’officine et d’agressions physiques à l’arme blanche. On a eu trois assassinats entre 2019 et 2020 dans des officines, deux en plein jour et un pendant la nuit», a rappelé le Dr Belambri.
Et de renchérir qu’au moins 65% des officines appartiennent à des femmes, vues comme une proie facile en matière de vente de psychotropes, surtout que le pharmacien assure également des gardes pendant la nuit et les jours fériés.
«Au sein de cette structure de santé ouverte à tout le monde, le pharmacien est hautement exposé. En plus, 4500 officines se trouvent dans des zones enclavées, retirées et presque désertes. C’est un facteur qui représente un danger pour la profession», a-t-il regretté, estimant que le pharmacien, selon la loi, est appelé à assurer certains services liés à la santé, notamment le conseil médical, la prévention, le dépistage et la vaccination.