Le cabinet conseil Finabi a rendu public un communiqué dans lequel il ébauche une analyse sur cette stratégie inscrite dans le processus de modernisation du secteur bancaire national. Dans cette note d’analyse, intitulée «Ouverture du capital du CPA : risques et ébauche d’un plan d’action», Finabi Conseil détecte «deux risques significatifs à maîtriser pour réussir la levée des fonds escomptés».
L’ouverture du capital du Crédit populaire algérien (CPA) devrait, selon les autorités de tutelle, intervenir d’ici la fin de l’année en cours. Cette ouverture du capital à hauteur de 30% doit avoir lieu avant celle de la BDL prévue pour la première moitié de l’année prochaine et se déroulera par un appel d’offres au niveau du marché boursier.
Lors du dernier Conseil des ministres, le président Tebboune avait instruit le gouvernement de prendre en considération certaines conditions avant d’aboutir à l’objectif d’ouverture du capital de banques publiques. Le chef de l’Etat estime ainsi qu’une telle opération «doit tenir compte des méthodes de gestion modernes… et s’inscrire dans une vision nouvelle, globale et intégrée qui attire les fonds en dehors du système bancaire».
La place financière est attentive à la démarche et au mécanisme qui sera choisi pour arriver à ouvrir le capital du CPA. Le cabinet conseil Finabi a rendu public un communiqué dans lequel il ébauche une analyse sur cette stratégie inscrite dans le processus de modernisation du secteur bancaire national. Dans cette note d’analyse, intitulée «Ouverture du capital du CPA : risques et ébauche d’un plan d’action», Finabi Conseil détecte «deux risques significatifs à maîtriser pour réussir la levée des fonds escomptés».
Selon les analystes de ce cabinet algérien, il y a d’abord un risque culturel à prendre en ligne de compte. «Le poids de l’intermédiation financière (intérêts encaissés sur les actifs bancaires-intérêts payés sur les ressources) représente plus de 85% du produit du CPA ! Son résultat net (37,5 milliards de dinars en 2022) est le fruit d’une activité bancaire classique», remarque le cabinet en notant que la finance islamique reste «marginale» pour le moment dans le résultat net de cette banque publique.
«Si l’objectif stratégique est d’attirer des ressources des particuliers en dehors du système bancaire classique pour améliorer l’inclusion financière, nous risquons un rejet culturel car cette frange de la société considère le fait d’investir dans une banque classique comme étant prohibé d’un point de vue religieux.»
Selon la même analyse, la demande «sera matérialisée par des investisseurs institutionnels (compagnies d’assurances, EPE publique à BFR négatifs)». Ce résultat ferait, note Finabi, s’éloigner l’objectif d’améliorer l’inclusion financière.
Dans ce cas de figure, l’analyse suggère que la communication financière doit mettre «en exergue les ressources qui seront récoltées par cette ouverture de capital qui seront injectées pour booster le modèle économique de la finance islamique au niveau du CPA (une filiale dédiée est préférable afin d’éviter toute ambiguïté) ou la création d’une banque d’investissement afin d’accompagner l’objectif cardinal de la réforme bancaire (financement de l’économie réelle)».
Le deuxième risque évoqué par Finabi concerne la prudence actuelle dans la politique de distribution des dividendes. «La rentabilité financière du CPA est de 13,54% en 2022 contre 12% en 2021. Le résultat net a connu un bond significatif de 23%. Cependant, en décortiquant l’évolution des réserves de la banque sur 7 ans, nous avons observé qu’en moyenne, 53% du résultat net de chaque exercice est logé en réserves, et seul 47% est distribué sous forme de dividendes à l’Etat actionnaire», explique l’analyse qui mentionne un ratio de dividendes distribués/fonds propres de 6,5% inférieur au taux d’intérêt des OAT sur 10 ans.
«La valeur comptable des fonds propres du CPA à la fin 2022 était de 276,92 mds de DA», indique la même source. Et d’ajouter que l’évaluation financière des fonds propres du CPA doit être plus faible que la valeur comptable de ces derniers pour deux raisons principales, à savoir : les actifs immobiliers ont déjà été réévalués en 2019 et l’actif net a été corrigé partiellement.
Secundo, une partie des crédits à l’économie ne reflètent pas la réalité qui nécessite d’être dépréciés. «Le niveau de dividendes distribuable prévisionnelle sera amélioré en réduisant la valeur des fonds propres du CPA», indique-t-on.