Il suffit de constater le nombre de magasins d’herboristes et de produits du terroir qui s’ouvrent dans nos villes, comme à El Kseur ou à Béjaïa, et aussi du nombre de vidéos sur la phytothérapie diffusées sur le net ainsi que le nombre de boutiques on-line pour s’apercevoir de la tendance croissante que prend ce marché.
Ainsi Yahyaoui Alaoua du village Tabelout (Aokas) est déjà un passionné des plantes sauvages et un botaniste autodidacte. Il a saisi cette opportunité pour investir dans la production des huiles essentielles et végétales ainsi que dans la transformation des composants des plantes (racines, feuilles écorces, fleurs et graines).
Pour ce faire, notre artisan a aménagé un grand local en laboratoire dans sa villa, au niveau de son village Tabelout. Il y a installé un alambic pour la distillation des plantes, d’une capacité de 60 litres et d’une production estimée à 100 ml d’huile essentielle en 9 heures, un pressoir à huile végétale qui produit 1 litre d’huile végétale en 24 heures et une table-laveuse de plantes.
Comme l’opération de séchage à l’air libre nécessite des grandes surfaces, il a loué à proximité de sa demeure un autre garage qu’il a commencé à aménager aussi.
Pour se procurer des matières premières, il se déplace dans différents lieus, bien que la région de l’implantation de l’atelier se trouve, sur le versant nord des montagnes des Babors, est assez riche en flore et suffisamment dense. Car cela demeure insuffisant, soit en quantité, soit en variété.
«Quelquefois, il faut errer dans plusieurs régions du pays pour en récolter des quantités suffisantes d’une variété précise de plante», nous disait-il. «Pour certaines plantes, je dois me déplacer jusque dans les hauts plateaux, voire au sud pour se les procurer», explique-t-il. «Pour y remédier à ces tracasseries qui me prennent beaucoup de temps, j’ai acquis une parcelle de terre de 15 hectares auprès de la direction des forêts à proximité de la nouvelle cité Ighi Ouzarif et j’ai cultivé 3 hectares du romarin», nous renseigne-t-il.
En somme, il produit environ 80 variétés entre les huiles essentielles, les huiles végétales, les huiles de macération et les différentes tisanes.
Sur ses étals, on peut distinguer un tas de flacons de 60 ml d’huiles essentielles de thuya, de l’auge, de citron, de la sauge, de basilic et de la carotte sauvage étalés. Comme on a repéré d’autres flacons portant le logo «Terroir du sahel» sur les étiquettes, remplis des huiles végétales de nigelle, de l’oléastre, d’arachide… Et d’autres tubes remplis des huiles de macération d’ortie, de laurier et de bourrache.
Mais aussi des sacs conwtenant des tisanes qui attendent leur mise en emballage. A rappeler que cette petite entreprise de M. Yahyaoui a déjà participé à plusieurs foires et salons de produits naturels à l’étranger. «Au salon de Bamako de produits du terroir qui a duré une dizaine de jours, j’ai éwcoulé toute la marchandise que j’ai prise avec moi», nous a-t-il avoué. «J’ai participé aussi à la foire de Moscou de vente des produits naturels et j’ai décroché une bonne commande», poursuit-il. «Mais ce client m’a exigé une bonne qualité d’emballage, la chose que je ne peux pas satisfaire pour des contraintes financières», regrette-t-il.
À titre indicatif, un tube de 10 ml de l’huile essentielle de la lavande est proposé pour le prix de détail à 1850 DA par une boutique on-line en Algérie. Sur le marché mondial, les prix des huiles essentielles varient entre 200 $ et 300 $ le litre.