Prix du pétrole : Que compte faire l'Arabie Saoudite

09/10/2024 mis à jour: 05:38
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Photo : D. R.

Dans un tweet sur la plateforme X (ex-Twitter), le secrétariat de l’Opep a «réfuté catégoriquement» les affirmations formulées dans l’article publié par le journal américain, à quelques heures de la réunion du Comité de suivi de l’Opep (JMMc).

L’OPEP a réfuté les informations rapportées par le Wall Street Journal (WSJ), selon lesquelles le ministre saoudien de l’Energie aurait averti les membres de l’OPEP+ d’une baisse potentielle du prix du pétrole, à 50 dollars le baril, s’ils ne respectaient pas les réductions de production convenues. Dans un tweet sur la plateforme X (ex-Twitter), le secrétariat de l’Opep a ainsi «réfuté catégoriquement les affirmations formulées dans l’article», publié par le journal américain, à quelques heures de la réunion du Comité de suivi de l’Opep (JMMc), estimant que les informations étaient «totalement inexactes et trompeuses».

L’Opep répondait à l’auteur de l'article du Wall Street Journal, daté du 2 octobre 2024, intitulé «Le ministre saoudien du Pétrole a déclaré que les prix pourraient tomber à 50 dollars le baril si d’autres trichent, selon des sources». L’article rapportait «à tort», souligne l’Opep, qu’une conférence téléphonique avait eu lieu au cours de laquelle le ministre saoudien de l'Energie aurait averti les membres de l'OPEP+ d'une baisse potentielle du prix à 50 dollars le baril s'ils ne respectaient pas les réductions de production convenues. Il attribuait également une prétendue citation au ministre, déclarant : «Certains feraient mieux de se taire et de respecter leurs engagements envers l’OPEP+.» Ces allégations sont totalement infondées, écrit l’Opep.

Le secrétariat de l’OPEP souligne en outre qu’aucune conférence téléphonique de ce type n’a eu lieu la semaine dernière, et qu’aucun appel ou vidéoconférence n’a eu lieu depuis la dernière réunion de l’OPEP+ le 5 septembre. «Les prétendues déclarations, attribuées à des sources anonymes, manquent de crédibilité et sont complètement fabriquées.» Le secrétariat de l’OPEP souligne que «ses réunions, qu’elles se tiennent en présentiel ou par téléconférence, se déroulent toujours de manière civile et respectueuse. Il est donc profondément inquiétant que le WSJ publie un tel rapport, qui non seulement manque d’intégrité journalistique et de professionnalisme, mais témoigne également d’un mépris flagrant pour le respect dû aux ministres de l’OPEP+».

Le média américain avait écrit : «L’avertissement du ministre le plus influent de l’alliance OPEP+ a été interprété par d’autres producteurs comme une menace voilée selon laquelle l’Arabie Saoudite en a assez des tricheurs de quotas et pourrait se lancer dans une guerre des prix pour défendre sa part de marché, ont indiqué les sources du journal.»

Le message du ministre saoudien «était qu’il ne sert à rien d’ajouter plus de barils s’il n’y a pas de place pour eux sur le marché, a déclaré au Journal un délégué qui a assisté à l’appel de la semaine dernière», a ajouté le média. Des information qui sont, selon l’Opep, sans aucun fondement .

Le Financial Times avait insisté, pour sa part, dans un article publié quelques jours avant l’article de WSJ auquel répond l’Opep, sur une supposée volonté de l’Arabie Saoudite de laisser tomber une stratégie basée sur les prix, pour une stratégie de grignotage de parts de marché. Le média britannique a ainsi rapporté que l’Arabie Saoudite «était prête à abandonner son objectif officieux de prix de 100 dollars le baril de pétrole brut alors qu’elle se prépare à augmenter sa production», signalant ainsi qu’elle est résignée à une période prolongée de prix du pétrole plus bas.

L’Opep+ maintient sa stratégie

Le scénario évoqué par le média rappelle un épisode sombre vécu par les producteurs de pétrole il y a quelques années, lorsque la lutte pour les parts de marché a été enclenchée induisant un impact désastreux sur les prix. Les deux articles cités plus haut ont été publiés alors que le marché était baissier depuis plusieurs semaines – avant le récent rebond enclenché par la situation au Moyen-Orient.

Le Wall Street Journal avait indiquait, dans un autre article publié récemment, que «des perspectives d’augmentation de la production de brut de l’OPEP+ se dessinaient dans un avenir proche, ce qui influerait sur les prix». Des informations successives abondant dans le même sens et suggérant un probable «déraillement» de la stratégie de l’Opep dans un contexte de baisse des prix – en dépit de fondamentaux solides, selon les analyses de l’Opep – et de surcroît dans contexte géopolitique très tendu, ce qui chahute les efforts de l'Opep visant à maintenir sa cohésion et à assurer un approvisionnement adéquat en vue de réguler le marché et de stabiliser les prix.

Lors de leur dernière réunion début octobre 2024, les ministres membres du Comité ministériel conjoint de suivi (JMMC) de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole et ses alliés non Opep ont mis l’accent sur «leur engagement crucial pour arriver à la pleine conformité». Selon un communiqué du ministère de l’Energie et des Mines, les membres du JMMC ont échangé «des points de vue constructifs sur les perspectives à court terme du marché pétrolier».

Le ministre de l’Energie et des Mines a notamment rappelé que «depuis le début de l’été, le marché est marqué par une volatilité excessive, des inquiétudes persistantes quant à la croissance économique mondiale, et un ralentissement notable de la demande en produits pétroliers, alors même que les stocks mondiaux demeurent élevés et que le marché pétrolier reste correctement approvisionné». Le ministre a annoncé que «les membres du JMMC ont convenu de maintenir un contact étroit, de continuer à échanger régulièrement des points de vue et de rester particulièrement attentifs aux évolutions susceptibles d’affecter les fondamentaux du marché au cours des prochaines semaines».

Au cours de la réunion, «la République d’Irak, la République du Kazakhstan et la Fédération de Russie ont confirmé qu’elles avaient atteint la pleine conformité et la pleine compensation conformément aux calendriers soumis pour septembre. Les trois pays ont réitéré leur ferme engagement à maintenir la pleine conformité et la pleine compensation pendant toute la durée restante de l’accord».

Mohamed Arkab avait souligné à ce propos que «le JMMC a observé avec satisfaction qu’une grande majorité des pays de l’OPEP+ respecte pleinement les niveaux de production requis», tout en soulignant «l’importance, pour tous les pays signataires de la Déclaration de coopération, de poursuivre leurs efforts et de compenser les surplus produit au cours des mois précédents».

L’OPEP+ réduit sa production d’un total de 5,86 millions de barils par jour (bpj), soit environ 5,7% de la demande mondiale, dans une série de mesures convenues depuis fin 2022. Elle prévoit une augmentation de 180 000 bpj en décembre, dans le cadre d’un dénouement progressif de sa dernière série de réductions volontaires au cours de 2025. La hausse qui devait débuter en octobre a été retardé de deux mois en raison de la chute des prix.

 

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