Prise en charge médicale des femmes victimes de violences : Seules 17% bénéficient d’une consultation psychologique

29/01/2022 mis à jour: 01:56
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La prise en charge des victimes de la violence a longtemps été considérée comme un problème social et judiciaire. Le rôle des médecins se limitait à la rédaction des certificats médicaux et aux soins d’urgence. Le volet psychologique est pour le moins négligé.

Selon une étude que vient de publier l’Institut national de la santé publique (INSP), à peine 17% des femmes, victimes de violences, bénéficient d’une prise en charge psychologique. Ce qui parait insuffisant, alors que ces brutalités engendrent de graves séquelles. 

Le document rédigé par le département de la protection et promotion de la santé est basé sur la collecte des données relatives aux violences faites aux femmes, consultant, durant la période allant du 1 janvier au 31 décembre 2019, les services de la médecine légale des hôpitaux dans cinq wilayas, à savoir Alger, Oran, Blida, Médéa et El Oued.

Ce sont ainsi 3647 cas qui ont été étudiés. Il en résulte que ces victimes sont des femmes relativement jeunes, dont la moyenne d’âge est de 35 ans. Elles sont instruites dans 65% des cas et exercent un métier pour 17%. 

Elles sont mariées pour la moitié d’entre elles, 61%. Selon la même source, l’objectif de cette étude est de «connaître la fréquence de violence» ainsi que les «caractéristiques sociodémographiques des femmes victimes de violence». Aussi, il est question de proposer une stratégie de prévention.

BATTUE PLUS DE SIX FOIS PAR AN

Il ressort de cette étude que les agressions physiques représentent la majorité des violences déclarées, soit 98%. S’en suivront les agressions psychologiques, 3%. L’auteur dans 1386 cas est le mari, le frère pour 146 autres. 

Cette violence, si elle est exercée en milieu familial, elle peut aussi surgir de l’environnement alentour. Ainsi, 8% des agressions sont à mettre sur le compte du voisinage. 

Et partant, «en tenant compte de la fréquence des violences, une femme sur dix est battue plus de six fois par an», atteste le rapport rédigé par le Dr R. Djekoune. 

Et de préciser que presque la totalité, soit 88% des femmes, ont présenté une atteinte physique : «Les agressions physiques sont représentées dans leur totalité par des coups et blessures volontaires (CBV). On a observé 2 cas de décès (0,1%) de femmes suite aux violences.» 

La violence conjugale ou domestique n’est pas toujours déclarée. Pis encore, elle est souvent banalisée, contraignant bon nombre de victimes à souffrir en silence sans oser franchir la porte d’une structure sanitaire. Et les chiffres sont là pour confirmation. La prise en charge médicale a concerné 72% des femmes agressées. 

Seules 17% d’entre elles ont bénéficié d’une consultation psychologique. L’Incapacité totale de travail (ITT) est en moyenne de 6 jours : «Un acte d’inactivité qui entraîne une perte d’autonomie et des fonctions du fait de l’emplacement des blessures ou de la perte complète d’une fonction particulière». Dans 3% des cas, il n’y a pas eu de certificat médical. 

Or, l’établissement de ce document, est-il indiqué : «constitue une pièce essentielle dans le dépôt de plainte qui permet au magistrat de mesurer l’importance des dommages subis, la gravité des agressions et de décider des poursuites judiciaires à la lumière des faits établis». 

LE PROFIL DE L’AGRESSEUR

Même si ce phénomène est plus visible dans les grandes villes, Alger caracole avec 60% des cas, le profil des agresseurs semble être commun à l’ensemble des régions ciblées. 

«Les caractéristiques des agresseurs montrent qu’ils sont instruits, mais le niveau d’instruction ne semble pas être un frein à la violence.» Toutefois, plus du tiers des agresseurs sont sans emploi, souligne la publication. 

Par ailleurs, 65% des agressions déclarées surviennent au domicile. Les femmes au foyer sont donc plus exposées aux violences dans un lieu où elles sont censées être en sécurité. 

Comme il est rappelé, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) définit cette violence ainsi : «Tout acte dirigé contre le sexe féminin et causant ou pouvant causer un préjudice, ou des souffrances physiques, sexuelles, psychologiques y compris la menace de tels actes, la contrainte ou la privation arbitraire de liberté que ce soit dans la vie publique ou dans la vie privée.»

Outre le fait que c’est une violation majeure des droits de la femme, cette violence est un problème de santé publique auquel il faut opposer, la batterie juridique existant déjà, une stratégie de prévention. 

«Le secteur de la santé est particulièrement concerné par la prévention, où il a un rôle essentiel à jouer. Le coût de la violence s’explique en grande partie par ses répercussions sur la santé des victimes et par le fardeau qu’elle fait peser sur les établissements de la santé. Cette violence a des conséquences graves sur la santé mentale, psychologique et sexuelle des femmes, de leurs enfants et leurs partenaires», est-il relevé.

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