Présidentielle anticipée du 7 septembre 2024 : L’ANIE sous le feu des critiques

10/09/2024 mis à jour: 03:58
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Photo : D. R.

Animant hier des conférences de presse, les candidats à la présidentielle du 7 septembre 2024 Abdelaali Hassani Cherif et Youcef Aouchiche accusent «des parties de vouloir attenter à l’élection et à l’Algérie», tout en estimant «avoir été privés de milliers de voix» par l’ANIE.

Critiques», «accusations» et «incompréhension»… L'après-scrutin présidentiel de samedi 7 septembre a connu des ratés. La cacophonie qui règne depuis la fermeture des bureaux de vote, samedi soir, est surtout suscitée par l’Autorité nationale indépendante des élections (ANIE) et son président Mohamed Charfi.

Ce dernier a commis aussi de nouveaux couacs dimanche dernier, en procédant à l’annonce des résultats de cette échéance qui donne le président sortant, Abdelmadjid Tebboune vainqueur avec 94,65% des suffrages exprimés, qui sont de 5 630 196. Selon les chiffres de l’ANIE, les deux candidats malheureux à cette présidentielle, Abdelaali Hassani Cherif et Youcef Aouchiche, ont obtenu respectivement 3,17% et 2,16% des suffrages.

Quelques heures plus tard et contre toute attente, la contestation commence. Elle vient des directions de campagne des trois candidats à l’élection qui ont signé un communiqué commun dénonçant «les résultats provisoires rendus publics par le président de l’ANIE, Mohamed Charfi».

«Les directions de campagne des trois candidats informent l’opinion publique nationale des imprécisions, des contradictions, des ambiguïtés et des incohérences qui ont été relevées dans les chiffres lors de l’annonce des résultats provisoires par le président de l’Autorité électorale nationale indépendante», lit-on dans ce communiqué.

Poursuivant, les représentants des trois candidats notent également des «contradictions» entre les «chiffres annoncés par le président de l’ANIE et les procès-verbaux de dépouillement et de concentration des voix remis par les commissions électorales communales et de wilaya».

Ce faisant, les signataires ont dénoncé aussi «l’ambiguïté du communiqué d’annonce des résultats provisoires de l’élection présidentielle, qui ne comportait pas la plupart des données essentielles devant être présentes dans les communiqués d’annonce des résultats, comme il est d’usage dans toutes les échéances nationales importantes».

L’ANIE a été également accusée d’avoir suscité une véritable confusion samedi soir, en annonçant le chiffre invraisemblable de 48% qui représente, selon elle, «la moyenne des taux de participation au scrutin dans les différentes wilayas». Mohamed Charfi et son Autorité n’ont pas encore jugé utile de communiquer le nombre de bulletins nuls et le taux de participation, aggravant ainsi la confusion générale.

Devant ce déluge de critiques, l’ANIE réagit en publiant un communiqué hier à 2h. Elle affirme qu’elle «continuait à recevoir les originaux des procès-verbaux de dépouillement, qu’elle les transmettra dès leur réception à la Cour constitutionnelle». L’instance promet aussi de «tenir au courant l’opinion publique des résultats des contenus de ces procès-verbaux, conformément au principe de transparence et pour sauvegarder la crédibilité de l’opération électorale qui s’est déroulée dans les meilleures conditions».

Mais la polémique ne s’estompe pas.

Animant hier des conférences de presse, les candidats Abdelaali Hassani Cherif et Youcef Aouchiche accusent «des parties de vouloir attenter à l’élection et à l’Algérie», tout en estimant «avoir été privés de milliers de voix» par l’ANIE. 
L’instance de Mohamed Charfi est chargée même par le président du Syndicat national des magistrats (SNM), Laidi Aoudeche, qui affirme que les résultats «nous rappellent les pratiques malheureuses d’avant 2019».

«Opacité, contradiction, ambiguïté, dysfonctionnement», écrit le magistrat sur les réseaux sociaux, ajoutant que «même si cela n’affecte pas la victoire finale méritée, cela nous rappelle les pratiques malheureuses d’avant 2019». 
Que s’est-il passé dans la nuit de samedi à dimanche derniers ?

Que fera la Cour constitutionnelle devant cette situation ? Jusqu’à hier, la Cour affirme «avoir reçu 50 PV de wilayas relatifs au scrutin et qu’elle en attend 8 autres». Où sont-ils ? Wait and see. En juin dernier, rappelons-le, Mohamed Charfi avait lancé une alerte qui est passée presque inaperçue. S’exprimant à la clôture d’un colloque sur «Les enjeux des processus électoraux démocratiques», il avait estimé que «la réussite du rendez-vous électoral de 7 septembre est tributaire d’abord de l’assainissement de l’ANIE, rongée de l’intérieur».

A l’époque, il avait affirmé que l’ANIE nécessite «un toilettage» de l’intérieur dans le but de sa préservation «des forces occultes». «Nous devons mener une bataille et canaliser les personnes ou organisations occultes qui tenteraient d’entraver les prochaines joutes.

Ces cercles malveillants veulent casser le travail de l’Autorité. C’est notre existence qui est en jeu», avait-il lancé. Et d’insister : «Ces menaces sont réelles et aujourd’hui, je le dis ouvertement : l’ANIE est minée de l’intérieur, mais je ne peux pas en dire plus, car le moment n’est pas opportun, mais viendra un jour où je divulguerai certaines vérités.» 

La Cour constitutionnelle n’est destinataire d’aucun recours

Le directeur général des Affaires juridiques et de la justice constitutionnelle par intérim, Ahmed Ibrahim Boukhari, a affirmé, hier, que la Cour constitutionnelle «n’est destinataire, pour le moment, d’aucun recours» dans le cadre du scrutin de l’élection présidentielle organisé samedi dernier.

«La Cour constitutionnelle n’a été, pour le moment, destinataire d’aucun recours, sachant que le délai pour l’introduction des recours est de 48 heures après la proclamation des résultats provisoires par l’Autorité nationale indépendante des élections (ANIE), conformément à la loi organique relative au régime électoral», a précisé M. Boukhari.

Il a indiqué que «la réception, par le greffe de la Cour constitutionnelle, des procès-verbaux de centralisation des résultats du scrutin et de ceux du recensement communal et autres documents électoraux des commissions électorales de wilaya, se poursuit toujours», et que «11 groupes ont été installés pour les examiner». R. N.

 



 

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