Le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique a lancé au mois de juin dernier une vaste opération de recrutement de titulaires de doctorat et de magistère non salariés. Dans cet entretien, le professeur Toufik Hamoum, chargé de mission auprès du ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, fait le point sur cette opération d’envergure qui concernera tous les domaines et toutes les filières.
- Où en est l’opération de recrutement de titulaires de doctorat et de magistère lancée par le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique ? Pourriez-vous nous rappeler le nombre de postes budgétaires dégagés pour cette opération ?
Le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique a réalisé dernièrement une opération de grande importance pour le développement du secteur et de la nation. Une opération exceptionnelle de recrutement des enseignants chercheurs, réservée uniquement aux docteurs non-salariés. Il est à signaler qu’il s’agit d’une opération jamais réalisée depuis l’indépendance de l’Algérie au profit du secteur. A la demande du ministre, cette action a été adoptée par le Conseil du gouvernement du 14 mai 2023.
Elle revêt un caractère d’exception et répond d’abord à un besoin du secteur en matière d’encadrement puis à un besoin sociétal qui vise aussi à absorber le taux de chômage inscrit dans cette catégorie de jeunes Algériens. Tout cela en parfaite synergie avec la politique de l’Etat en matière de développement de la formation supérieure et de la recherche scientifique en tant que propulseur de l’économie nationale. Cette opération d’envergure, qui a mobilisé de grands moyens, est complètement achevée.
L’opération est passée par plusieurs étapes, à savoir en premier lieu le recensement des porteurs de diplômes de doctorats et non salariés via la plateforme «Progrès» dédiée à cet effet. Après finalisation de l’opération de recensement, une demande d’octroi de postes budgétaires a été envoyée aux secteurs et services concernés. Après accord, une session extraordinaire de recrutement a été ouverte selon les besoins réels exprimés par tous les établissements sous tutelle. Les services du MESRS ont procédé à la vérification de la recevabilité des dossiers avant leur affectation aux établissements concernés. Chaque université et établissement affectataire avait procédé au traitement et au recrutement local selon les procédures et la réglementation en vigueur.
Suite aux résultats de l’opération, une session de recours a été ouverte afin de permettre aux candidats non retenus d’introduire des recours selon les cas. Les résultats finaux ont été proclamés le 13 août 2023. Il est à signaler que près de 8000 postes ont été dédiés à cette opération massive de recrutement. Une autre opération de recrutement ordinaire sera également lancée prochainement. Un recrutement réservé aux enseignants hospitalo-universitaires en sciences médicales et aux chercheurs permanents, et ce, afin de renforcer les centres de recherches toutes spécialités confondues. Les estimations de renforcement en matière d’encadrement pédagogique et de recherche pour la fin de cette année 2023 avoisineront les dix mille postes.
Cet effort exceptionnel, consacré par l’Etat à cette opération, se traduit d’abord par la masse salariale allouée à cet effet. Une enveloppe financière qui avoisine les 40 milliards sept cents millions de dinars est dégagée pour couvrir seulement les salaires des mois de septembre au 31 décembre 2023. Cette opération majeure, réalisée en un temps record, a mobilisé de gros moyens humains et s’est faite grâce aux efforts soutenus des cadres du ministère et des établissements universitaires sur tout le territoire national, pendant près de trois mois.
Il est aussi important de mettre la lumière sur quelques indicateurs de performance, résultants de cette opération. Le Programme d’action du gouvernement (PAG) a inscrit comme objectif d’atteindre en 2024 la norme internationale de un enseignant pour 22 étudiants en matière d’encadrement pédagogique universitaire. Aujourd’hui, avec cette opération de recrutement, l’encadrement pédagogique passera à un taux de 1 enseignant pour 23 étudiants, avec un effectif qui atteint les 70 000 enseignants, ce qui révèle que l’objectif est quasi atteint à une année de l’échéance.
- M. Baddari a fait savoir dernièrement que le recrutement des titulaires de magistère et de doctorat sera effectué selon plusieurs formules. Peut-on savoir lesquelles ?
Effectivement, plusieurs formules de recrutement de cette catégorie sont envisagées par le MESRS. Certaines sont à l’étude et d’autres en phase d’élaboration de textes les régissant. Un projet de texte a été déjà soumis au Secrétariat général du gouvernement SGG, régissant le recrutement des maîtres assistants «B» et les maîtres de recherche «B», en qualité de contractuels pour trois 03 années renouvelables une fois.
Un autre projet de texte interministériel est à l’étude pour permettre aussi leur recrutement dans les administrations publiques en qualité «d’administrateur conseiller». Ce qui permettra leur évolution dans l’administration publique dans des conditions équivalentes à celles de l’enseignant chercheur. A ce titre aussi, il faudrait œuvrer à la promulgation de l’instruction interministérielle n°1 du 15 septembre 2021, permettant la possibilité de recrutement des détenteurs du diplôme de doctorat dans des postes les plus gradés dans les différents corps.
- Quelles sont les filières qui ont été privilégiées ?
Tous les domaines et toutes les filières confondues ont été concernés par le recrutement sans aucune distinction. Les chefs d’établissement sur tout le territoire national ont été instruit d’exprimer leurs besoins réels en termes de nombre de postes à pourvoir dans chaque filière dispensée. Afin d’assurer un équilibre dans la répartition des postes budgétaires, les services du MESRS ont pris en compte tous ces paramètres et ont veillé au bon déroulement et au respect des procédures en vigueur.
- Y aura-t-il d’autres opérations de recrutement à l’avenir ? La question se pose car il y a chaque année de nouveaux diplômés.
Mise à part l’opération exceptionnelle de recrutement des détenteurs de doctorats et de magistères non-salariés, chaque année, des opérations de recrutement ont lieu selon les procédures en vigueur. Des demandes de postes budgétaires supplémentaires ont déjà été introduites auprès du ministère des Finances pour l’année académique 2023/2024.
- Le secteur de l’enseignement supérieur peut-il absorber tous ses diplômés ?
Le secteur de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique a pour vocation la formation supérieure et la recherche scientifique pour les besoins de la nation et de l’économie nationale. L’université forme, pour répondre aux besoins du marché du travail, toutes spécialités confondues. Donc, toute équivoque doit être levée, le secteur de l’enseignement supérieur est avant tout formateur et non recruteur.
De ce fait, il n’est pas censé absorber tous les porteurs de diplômes de doctorat. Les opérations de recrutement dans le secteur se feront en réponse aux besoins exprimés par les établissements sous tutelle. D’autres secteurs concernés devraient s’impliquer pour absorber cette masse de diplômés.
D’abord, pour résoudre un problème sociétal, puis élever le niveau de leurs structures et domaines de compétence. Plusieurs formules sont déjà identifiées. A commencer par la mobilité entre partenaires, université-entreprise. Le MESRS a déjà initié la possibilité de préparer les thèses de Doctorat en milieu professionnel.