- Le groupe Auchan a annoncé son entrée sur le marché algérien durant cette année. Pensez-vous que le réseau de la grande distribution à de l’avenir ?
Au fait, les grandes surfaces sont importantes dans la chaîne commerciale. Elles assurent une régulation des canaux de distribution des produits tous types confondus dont ceux de large consommation.
Ils viennent renforcer le réseau de distribution et faire de la concurrence aux marchands de proximité. Ainsi, une maîtrise des prix est de mise. Toutefois, en Algérie, nous avons un problème de disponibilité des produits et non pas d’espaces de vente.
Nous avons aussi un souci d’instabilité des lois. Maintenant si le réseau de la grande distribution à de l’avenir ? Je dirais oui, mais il faut lui consacrer l’atmosphère économique et commerciale adéquate. Il faut savoir que nous avons un grand problème qu’est l’instabilité du cadre juridique.
- La réouverture du champ commercial aux grandes enseignes de la distribution a pour but de veiller sur la disponibilité des produits et la stabilité des prix. Qu’en dites-vous ?
Certes, la présence des grandes surfaces stabilise le marché et assure la disponibilité des produits. Mais cela est conditionné par deux facteurs : le premier est la disponibilité des produits et les facilitations accordées à ces enseignes pour s’approvisionner, stocker et se déployer en masse à travers le territoire national.
Le deuxième est le comportement du consommateur. Personne ne peut nier que le consommateur algérien vit toujours avec le sentiment du risque et la peur de l’indisponibilité. L’instinct du stockage est prédominant. Un travail d’étude comportementale doit se faire dans ce sens.
Il y a aussi l’instabilité, voire l’absence, d’une politique et d’une stratégie commerciale globale sur le long terme. Cette instabilité entraîne directement celle du marché des produits agroalimentaires et de la distribution de manière générale.
- Un nouveau texte est en phase d’élaboration dans ce cadre. Qu’en pensez-vous ?
Du tout. Comme je viens de le dire, l’activité commerciale et les transactions de vente et d’achat sont les mêmes partout. Le problème est que l’Etat s’est immiscé dans l’action de la vente-achat et non pas dans la procédure globale qui devrait se dérouler dans la transparence notamment à travers la facturation.
Je le redis encore, nous avons un problème de disponibilité de produits en quantité et en variétés et non pas de législation. De par le monde, l’importation existe pour dynamiser le marché, créer de la concurrence et assurer la stabilité de l’approvisionnement. Il y a aussi beaucoup d’actions à mener sur la logistique d’approvisionnement dont les prix du transport.
- Que proposez-vous comme solutions aujourd’hui ?
Selon mon point de vue, la solution idéale serait de revoir le rôle du ministère du Commerce en le centralisant sur la régulation de l’activité globale et non pas dans l’action de la vente et de l’achat.
Cette intrusion dans les moindres petites transactions a affaibli son rôle réel. Il y a lieu aussi de veiller sur la disponibilité des produits, la prévision en matière de besoins nationaux tout au long de l’année et surtout durant les périodes de grande consommation.
Il faut également veiller sur la maîtrise des coûts liés à la logistique d’approvisionnement et la lutte contre le réseau de l’informel. Il y a aussi un grand travail sur le comportement du consommateur et une politique commerciale stable à long terme. Sans cela, nous n’aurons jamais une stabilité sur le marché agroalimentaire et de la distribution.