Le recteur de l’université Mouloud Mammeri de Tizi Ouzou (UMMTO), le professeur Ahmed Bouda, estime, dans cet entretien accordé à El Watan, que si la situation qui prévaut au sein de l’UMMTO est stable, il n’en demeure pas moins que la rénovation des équipements enregistre beaucoup de retard. Ainsi, plusieurs infrastructures vétustes n’ont pas été réhabilitées en raison d’abord de la longue crise qu’a traversée, par le passé, l’université et ensuite des restrictions budgétaires qu’a connues notre pays, a-t-il confié. Le même responsable a précisé également, dans le même sillage, que «les autres universités du pays avaient profité de l’acquisition de plusieurs équipements pédagogiques et de recherche au moment où l’UMMTO avait évolué dans un contexte particulier. Aujourd’hui, la sérénité est revenue et nous souhaitons voir l’Etat accorder une attention particulière à notre université en la dotant de projets susceptibles de lui permettre de rattraper des années de retard», a-t-il souligné. Le professeur Ahmed Bouda est revenu également sur le projet de modernisation de l’université Mouloud Mammeri à travers la généralisation de la numérisation au sein de l’UMMTO.
- - Quelques mois après l’entame de la nouvelle année universitaire, pouvez-vous nous faire un petit bilan de cette période ?
La rentrée universitaire s’est déroulée dans de bonnes conditions. Les enseignements ont démarré dans les délais. Il y a eu quelques retards dans certains départements de la faculté des lettres, comme celui de français, mais les choses commencent à rentrer dans l’ordre.
Aujourd’hui, les examens du 1er semestre sont en voie de finalisation pour la plupart des départements et certains ont même entamé le second semestre. Les inscriptions ont été dématérialisées, nous avons basculé complètement vers le système Progres.
La gestion est assurée à travers ce système qui est très efficace.
D’ailleurs, même la gestion des ressources humaines a intégré ce système et sera suivie bientôt par la gestion financière. Pour ce qui est de l’enseignement en anglais, nous l’avons entamé particulièrement dans les matières transversales.
Nous allons faire progressivement une transition vers cette langue qui a été introduite dans l’enseignement supérieur, suite aux instructions de la tutelle. D’ailleurs, nous assurons, en continu, des formations aussi bien aux enseignants qu’aux étudiants. Je tiens également à souligner que les conditions de prise en charge s’améliorent davantage avec la réception prochaine de plusieurs infrastructures dédiées à la pédagogie.
- - Vous avez parlé de la dématérialisation des inscriptions et la numérisation des autres opérations administratives. L’UMMTO a-t-elle suffisamment de moyens techniques pour assurer ces tâches dans de bonnes conditions ?
L’université Mouloud Mammeri de Tizi Ouzou a effectivement enregistré un retard dans la numérisation. Il faut savoir que l’UMMTO n’a commencé à utiliser le système Progres que depuis deux ans. Il y a eu vraiment des difficultés dans la transition, car le logiciel Oscar utilisé par le passé ne peut plus répondre aux besoins de l’université.
C’est juste une question de temps, tout va rentrer dans l’ordre et tout le personnel va maîtriser le système Progres. Nous avons même commencé à délivrer les diplômes définitifs via cette plateforme.
Actuellement, nous avons sensiblement augmenté le débit de connexion qui est passé de 100 à 500 mégas. Le débit a été amélioré mais le réseau Internet au niveau de Hasnaoua 1 et de Hasnaoua 2 (Bastos) est vétuste. Nous avons demandé des opérations pour les rénover. Le campus de Tamda a bénéficié d’un programme pour la réalisation du réseau Internet.
L’entreprise est sur place, le projet lancé en juin dernier est quasiment finalisé. Nous avons lancé l’opération d’acquisition d’un Data Center au profit du Centre des réseaux et nous avons lancé un avis d’appel d’offres pour l’acquisition, installation et la mise en service des équipements informatiques pour la numérisation de la bibliothèque à l’UMMTO.
Il est important de préciser, d’autre part, que notre Centre des systèmes et réseaux d’information et de communication, de télé-enseignement et d’enseignement à distance assure un grand travail dans le numérique et le digital, notamment avec la signature de conventions avec Huawei et le géant américain Cisco pour la création de deux académies (Huawei ICT Academy et Cisco Notworking Academy).
L’objectif est de permettre aux étudiants, aux enseignants-chercheurs et aux personnels ATS de bénéficier des formations qui seront certifiées dans plusieurs domaines liés aux réseaux informatiques. Toutes ces conventions s’inscrivent dans notre politique de modernisation de notre université
- - L’UMMTO s’est plusieurs fois distinguée à l’échelle nationale et même internationale, pouvez-vous nous parler de ces consécrations ?
Des efforts considérables ont été fournis par toutes les composantes de notre université afin d’aboutir à des consécrations dans plusieurs domaines liés, notamment, à la recherche, la gestion et l’innovation. Ainsi, l’UMMTO a reçu une médaille pour son classement dans THE, qui évalue la qualité de la production scientifique. Notre université a été classée au 4e rang à l’échelle nationale, ces deux dernières années.
La 2e distinction consiste en le label Study in Algeria, c’est une reconnaissance que l’UMMTO accueille convenablement les étudiants étrangers. L’objectif de ce label est d’évaluer comment les étudiants étrangers sont accueillis, dans les mêmes dispositions que les étudiants algériens. Nos étudiants se sont aussi distingués dans plusieurs challenges, aussi bien à l’échelle nationale qu’internationale.
Je peux citer, entre autres, les deux étudiants qui ont décroché les prix «ICTAwards» pour leur travail dans le projet «Safeed» dans le cadre du programme de l’académie Huawei ICT, créée au niveau de notre université.
Il s’agit d’un partenariat signé avec Huawei pour faire bénéficier nos étudiants de formations dans le domaine des technologies de l’information et de la communication. Pour ce qui est de la mise en application de l’arrêté ministériel n°1275 du 27 septembre 2022 portant sur le mécanisme un diplôme/une startup, l’UMMTO a réalisé aussi des résultats remarquables.
Nous avons engagé 86 projets de startup, dont trois ont obtenu le label, d’autres en cours d’évaluation et 15 sont candidats au brevet. Il y a ceux qui seront réorientés vers l’Anade (ex-Ansej). Nous avons renouvelé la même opération cette année. Les projets sélectionnés seront financés par le fond du ministère de l’Economie, de la Connaissance et des Start-up. Les étudiants porteurs de projets concernés resteront à l’université pour mettre sur pied leurs entreprises innovantes.
- - Plusieurs infrastructures nécessitent d’être réhabilitées pratiquement au niveau de tous les campus de l’UMMTO, avez-vous bénéficié de projets de rénovation des équipements vétustes ?
Les programmes des équipements qui ne sont pas gelés sont en cours de réalisation, comme les travaux d’étanchéité, de l’auditorium, le réseau Internet, la rénovation du chauffage dans plusieurs campus…
Il est important de souligner que l’université Mouloud Mammeri de Tizi Ouzou a accusé un grand retard.
D’ailleurs, beaucoup d’infrastructures sont effectivement vétustes, elles nécessitent d’être réhabilitées. Donc, il faut des budgets pour entamer de grands chantiers au sein de l’UMMTO qui a besoin, en urgence, d’un plan de rattrapage pour asseoir définitivement la sérénité et lui permettre d’assurer son rôle de locomotive économique à l’échelle nationale.
Par le passé, faut-il le préciser, les autres universités du pays avaient profité de la réalisation des infrastructures de recherche et de l’acquisition de plusieurs équipements pédagogiques et de recherche au moment où l’UMMTO avait évolué dans un contexte particulier. Aujourd’hui, la stabilité est revenue et nous souhaitons voir l’Etat accorder une attention particulière à notre université en la dotant de projets susceptibles de lui permettre de rattraper des années de retard.