Poursuivis par les tribunaux militaire et civil : Mohamed Abdellah et Mohamed Benhalima devant le tribunal criminel

04/07/2023 mis à jour: 07:35
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Tribunal criminel de Dar El Beida - Photo : D. R.

Expulsés d’Espagne en 2021, Mohamed Abdallah et Mohamed Benhalima comparaîtront devant le tribunal criminel d’appel début juillet prochain, pour l’affaire dite «Pion-Pion», de «collecte et transfert de fonds», en lien avec le mouvement islamiste Rachad, inscrite «organisation terroriste». Benhalima sera déféré devant le tribunal criminel de Dar El Beida,  avec plusieurs autres personnes, dont le frère de l’ex-diplomate déserteur Larbi Zitout. Les deux ont plusieurs affaires judiciaires civiles et militaires pendantes et la peine la plus lourde dont ils ont écopé est de 15 ans, pour Abdallah et 6 ans pour Benhalima.

Depuis leur expulsion d’Espagne en 2021, en raison de leur situation illégale sur le territoire ibérique et incarcérés à la prison militaire de Blida, Mohamed Abdallah et Mohamed Benhalima, des déserteurs, le premier des rangs de la Gendarmerie nationale et le second de l’ANP, sont poursuivis pour plusieurs affaires aussi bien par les juridictions civiles que militaires.

Les deux vont être déférés devant le tribunal criminel de Dar El Beida, à Alger, dans ce qui est appelé l’affaire «Pion-Pion» liée à «l’adhésion à un groupe terroriste». Ils sont également poursuivis pour «atteinte à la sécurité nationale» en lien avec le mouvement islamiste Rachad, inscrit par l’Algérie sur la liste des «organisations terroristes», mais aussi pour «criminalité transfrontalière» et «collecte et transfert de fonds» au profit d’une «organisation terroriste».

Lors de leur procès en première instance qui s’est déroulé au tribunal criminel de Dar El Beida, les deux mis en cause avaient bénéficié de l’annulation des accusations criminelles. Ils ont été condamnés à cinq ans de prison pour délits. Aussi bien le représentant du ministère public que les deux accusés ont fait appel du jugement. Le procès est programmé pour lundi prochain.

Mohamed Abdallah, qui avait déserté les rangs de la Gendarmerie nationale avant de rejoindre l’Espagne, fait face, selon ses avocats, à 17 affaires en justice, aussi bien devant les juridictions militaire que civile. Il y a une quinzaine de jours, il a écopé d’une peine de 12 ans de prison ferme prononcée par le tribunal militaire de Blida, pour plusieurs chefs d’inculpation.

La «désertion» des rangs de la Gendarmerie nationale et «l’atteinte au moral de l’armée» sont les accusations les plus lourdes qui lui ont valu une condamnation par contumace à 20 ans de réclusion criminelle. A la fin du mois de juin, il avait comparu en appel devant la cour d’Alger pour «diffusion d’information portant atteinte à l’intégrité et l’unité nationales», des griefs qui lui ont valu une peine de 6 mois de prison en première instance contre laquelle le parquet a fait appel, réclamant son aggravation.

La chambre pénale a finalement maintenu la décision. En tout, Mohamed Abdallah cumule 17 procès et la peine maximale dont il a écopé jusqu’à maintenant est de 15 ans de réclusion prononcée par le tribunal criminel de Dar El Beida, à Alger, dans une affaire liée à sa dénonciation d’une personne qui, selon un de ses avocats, aurait «escroqué une victime», dans laquelle «il est censé être cité comme témoin et non comme accusé». Il doit comparaître pour d’autres affaires devant le tribunal militaire non encore programmées.

35 affaires pendantes et dix procès en attente

Pour sa part, Mohamed Benhalima, ex-caporal déserteur de l’Armée algérienne, avait rejoint l’Espagne, où il s’était converti en «youtubeur» très actif. Ses publications ont fait l’objet de nombreuses plaintes. Selon Me Zakaria Belahreche, un de ses avocats, il est poursuivi dans 35 affaires pendantes au niveau des tribunaux, cour d’appel et la Cour suprême et attend environ dix procès.

Ce nombre peut augmenter au cours des prochains mois. «La plus lourde peine qu’il a écopée est de 6 ans de prison ferme, au niveau du tribunal militaire de Blida, pour des faits délictuels. Il a été acquitté par la même juridiction pour une affaire très sensible», a souligné son avocat. Il reste, cependant, en attente de la programmation de son procès pour des faits liés à ses publications considérées comme «des informations et documents livrés à des pays étrangers dans le but de porter atteinte  à la sécurité et à l’intégrité territoriale du pays». Des accusations qui lui ont valu la peine de mort prononcée par le tribunal militaire de Blida.

Benhalima et Abdallah ont toujours nié les faits qui leur sont reprochés et clamé leur «innocence», a précisé Me Belahreche. Au niveau du tribunal militaire de Blida, Mohamed Benhalima a trois dossiers. Il a obtenu l’acquittement dans l’affaire liée à Gharmit Benouira, ancien secrétaire particulier du défunt chef d’état-major de l’ANP Ahmed Gaïd Salah, exfiltré en 2020 avec sa famille vers l’étranger avant d’être extradé par la Turquie.

Les deux autres affaires concernent sa désertion et l’espionnage pour lesquels il a été condamné par contumace à la peine capitale, ainsi que ses publications sur les réseaux sociaux, dont la date de leur examen n’est toujours pas fixée. Pour sa part, Mohamed Abdallah, est en attente de ses deux procès : le premier est lié à sa condamnation par contumace à 20 ans et le second à ses publications sur les réseaux sociaux.

Les deux accusés vont comparaître, ensemble, devant le tribunal criminel de Dar El Beida, le 10 juillet prochain, pour l’affaire dite «Pion-Pion» avec 13 autres personnes, dont quatre sont en détention et sept en liberté, parmi lesquelles deux femmes. Le 12 juillet, Benhalima comparaîtra devant le tribunal criminel de Dar El Beida pour un autre dossier aussi lourd, ouvert suite à ses premiers aveux diffusés sur les chaînes de télévision publiques et privées.

Ce dossier concerne de nombreuses personnes parmi lesquelles celles en fuite, comme le diplomate déserteur Larbi Zitout, réfugié à Londres, Amir Boukhors, Hicham Aboud, mais aussi ceux en détention comme Ahmed Mansouri, un ancien militant du parti dissous qui avait intégré les groupes armés au début des années 1990,  avant d’être blanchi dans le cadre de la loi sur la Concorde civile.

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