Benyamin Netanyahu est dans de sales draps. S’il a résisté jusqu’à ce jour, l’affaire des six otages trouvés morts dans un tunnel de Ghaza pourrait précipiter sa chute. Lui accuse le Hamas d’avoir abattu froidement les prisonniers. Le Hamas répond qu’ils sont morts dans des bombardements de l’aviation israélienne.
Le mouvement palestinien enfonce le clou en affirmant qu’ils étaient sur la liste des otages à échanger. C’est plus qu’il n’en faut pour une opinion mobilisée depuis plus de deux ans.
En effet, les Israéliens sont descendus chaque samedi dans la rue avant le 7 octobre pour protester contre un projet de Netanyahu de limiter les pouvoirs de la Cour suprême qui menaçait de l’envoyer en prison, lui et sa femme, pour des malversations financières.
La colère a pris une autre dimension avec la tragédie du 7 octobre.
Il est apparu aux yeux des Israéliens que Netanyahu, non seulement ne cherche pas la libération des otages, mais crée des obstacles aux négociateurs pour empêcher leur libération. Une telle issue signifierait la chute de son gouvernement, le plus long depuis la création d’Israël, mais surtout le chemin de la prison pour lui et, peut-être, pour sa femme. Pour cela, il ne cesse de mentir aux Israéliens, qui ne sont pas dupes, qui continuent de manifester et d’exiger sa démission et la paix avec les Palestiniens.
Il ne veut rien savoir, même si en public, il joue le pacifiste. Soutenu par les deux ministres extrémistes du gouvernement, Smotrich et Itamar Ben-Gvir, le premier prônant l’extermination pure et simple des Palestiniens par l’utilisation de l’arme nucléaire, et le second préférant les massacres de masse, accompagnés d’une expulsion des survivants, s’il en reste, vers les pays arabes.
Pour sauver sa peau, Netanyahu est prêt à aller jusqu’à mettre la sécurité d’Israël en jeu. Déjà, face à son intransigeance, deux personnalités travaillistes ont quitté le cabinet de sécurité créé au lendemain du 7 octobre. Autre coup dur pour lui. Le seul général membre de ce cabinet et l’un de ses principaux soutiens, Yoav Gallant, le ministre de la Défense, qui n’est pas connu pour être une colombe, est lui aussi entré en dissidence dimanche pour protester contre le refus de négocier du chef du gouvernement.
Ça sent vraiment mauvais. Mais il est prêt à supporter toutes les humiliations, toutes les insultes pour sauver sa peau et rester au pouvoir. Peu importe que 70% des Israéliens exigent qu’il parte. Peu importe si chaque samedi, les manifestants brandissent sa photo, accolée à cela de Pablo Escobar, le célèbre trafiquant de drogue colombien, avec la légende «Bibi Escobar».
Pour couronner le tout, la puissante centrale syndicale, Histadout, a déclenché ce lundi une grève générale en appui aux revendications des manifestants. Ces derniers ont compris depuis longtemps qu'ils ont affaire à un criminel de guerre qui ne sait pas ce que le mot «paix» veut dire.
Il ne fait qu’à appeler à tuer, tuer, tuer. Jamais il n’a prononcé un mot de regret pour les milliers de femmes et d’enfants déchiquetés par son aviation. Jamais il n’a manifesté le moindre respect pour la communauté internationale et ses appels à un peu de compassion pour un peuple pourchassé et meurtri depuis 1948.
Netanyahu défie le peuple et la classe politique. Bizarrement, il ne donne aucun signe de recul alors que désormais il est considéré comme un pestiféré sur la scène internationale et qu’un seul TPI est nécessaire pour lui seul. Est-ce le soutien inconditionnel des Etats-Unis à sa politique qui l’encourage dans l’intransigeance.
Il est allé jusqu’à manifester du mépris pour Joe Biden qui, pourtant, lui fournit toutes les armes dont il a besoin pour faire sa guerre aux peuples de la région. Il n’y a plus que le peuple israélien pour neutraliser cet homme et entraîner Israël dans la voie du changement. Ce peuple a prouvé qu’il existe en son sein des forces saines qui œuvrent pour la justice et le respect des droits du peuple palestinien. Il y a des raisons qui permettent de ne pas désespérer et de croire en l’avenir.
Pour l’instant, rien n’est joué. Netanyahu est un individu extrêmement dangereux et sans foi ni loi. S’il est acculé pour signer avec le Hamas un accord sur les otages, il trouvera bien un autre subterfuge pour entretenir la tension.
D’ores et déjà, il a annoncé que l’armée israélienne ne quittera pas le corridor de Philadelphie qui fait office de zone tampon entre Ghaza et l’Egypte. Or, ce corridor fait partie de l’accord de paix conclu entre cette dernière et l’Egypte à l’époque de Sadate. Le monde va-t-il rester les bras croisés face à cette nouvelle provocation ?