Pourparlers américano-russes sur la crise ukrainienne : Washington promet des réponses écrites aux exigences russes

22/01/2022 mis à jour: 03:52
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La rencontre du secrétaire du chef de la diplomatie américaine, Antony Blinken, avec son homologue russe s’est soldée sur l’engagement américain à transmettre la semaine prochaine «des idées» sous forme d’une réponse écrite aux demandes russes.

Ni rupture ni avancées. C’est ce qui ressort de la rencontre, hier à Genève, entre les chefs de la diplomatie américaine et russe, Antony Blinken et Sergueï Lavrov, pour désamorcer la crise en Ukraine. Crise générée par le déploiement de dizaines de milliers de soldats russes aux frontières avec l’Ukraine. Mouvements qui font que l’Occident accuse la Russie de se préparer à l’invasion de l’ex-République soviétique voisine.

Ce que rejette Moscou, conditionnant néanmoins toute désescalade à des traités garantissant le non-élargissement de l’Organisation du traité de l’Atlantique nord (Otan), et un retrait de l’Alliance d’Europe de l’Est. Ces exigences sont qualifiées d’inacceptables, par l’Occident qui menace la Russie de sanctions en cas d’attaque contre l’Ukraine.

Avant le début de ces pourparlers, la Russie a réclamé un retrait des troupes étrangères de l’Otan de deux pays membres, la Bulgarie et la Roumanie, dans le cadre d’un traité qu’elle réclame pour une désescalade de la crise ukrainienne. «Il n’y a pas d’ambiguïté», a écrit le ministère russe des Affaires étrangères en réponse à une question écrite d’un média. «Il s’agit du retrait des forces étrangères, des équipements et des armements ainsi que d’autres mesures dans le but de revenir à la situation de 1997 dans les pays qui n’étaient pas alors membres de l’Otan. C’est le cas de la Roumanie et la Bulgarie.»

Ceci dit, les deux diplomates ont joué l’apaisement même, tout en campant sur leurs positions. Ainsi, le secrétaire d’Etat américain, Antony Blinken, a affirmé à l’issue de cette rencontre que le dialogue avec Moscou se poursuivra mais a demandé à la Russie de retirer ses troupes massées à la frontière de l’Ukraine. Après des discussions «franches et substantielles» avec son homologue russe, il a aussi confirmé que Washington présenterait des «idées» sous forme de réponses écrites à Moscou, la semaine prochaine, sans plus précision, selon des propos recueillis par l’AFP.

Comme il a demandé à la Russie d’apporter la preuve qu’elle n’a pas l’intention d’envahir son voisin, et de retirer les quelque 100 000 soldats russes massés à la frontière avec l’Ukraine. Il a aussi soutenu que les Etats-Unis répondraient «à une agression de la Russie y compris non militaire».

Et d’observer : «Nous ne nous attendions pas à une percée majeure aujourd’hui, mais je pense que nous sommes maintenant sur le bon chemin pour comprendre les inquiétudes et les positions de chacun.» Le chef de la diplomatie américaine n’a pas écarté l’idée d’un sommet entre les présidents Joe Biden et Vladimir Poutine en cas de progrès sur l’Ukraine.

De son côté, son homologue russe, Sergueï Lavrov, a indiqué que lui et le secrétaire d’Etat américain sont «d’accord qu’un dialogue raisonnable (était) nécessaire» pour que «l’émotion retombe». Sur le fond, «je ne sais pas si nous sommes sur la bonne voie», a-t-il observé.

La tornade

Les tensions se sont accrues ces derniers mois autour de l’Ukraine, que les Occidentaux estiment être sous la menace d’une potentielle invasion russe. Kiev et Moscou sont à couteaux tirés depuis l’annexion par la Russie en 2014 de la péninsule ukrainienne de Crimée, suivie d’une guerre dans l’Est de l’Ukraine avec des séparatistes prorusses soutenus par le Kremlin selon l’Occident.

Le 10 novembre dernier, Washington demande des explications à la Russie sur des mouvements de troupes «inhabituels» à la frontière ukrainienne. En avril, Moscou a déjà massé des dizaines de milliers de militaires à la frontière, suscitant des craintes d’invasion des Etats-Unis et leurs alliés. Le 28, l’Ukraine assure que la Russie a massé près de 92 000 soldats à ses frontières, pour une offensive fin janvier ou début février.

De leur côté, les autorités russes accusent l’Ukraine de masser des troupes dans l’est du pays. Le 7 décembre, le président américain Joe Biden a menacé la Russie de «fortes sanctions» économiques en cas d’invasion de l’Ukraine, lors d’un sommet virtuel bilatéral. Son homologue russe exige des «garanties juridiques sûres» qui empêcheraient l’Ukraine de rejoindre l’Organisation du traité de l’Atlantique nord (Otan).

Le 17, Moscou dévoile deux projets de traités prévoyant d’exclure tout élargissement de l’Otan et l’établissement de bases militaires américaines dans les pays de l’ex-espace soviétique. Washington se dit prêt à «engager un dialogue diplomatique» avec Moscou tout en jugeant «inacceptables» certaines de ses exigences. Le 10 janvier, Russes et Américains engagent des négociations à Genève. Le 12, l’Otan et la Russie constatent leurs profondes «divergences» sur la sécurité en Europe, à l’issue d’un conseil Otan-Russie à Bruxelles.

Pour sortir de ces tensions, Moscou réclame, en plus d’un traité interdisant tout élargissement de l’Otan, que les Etats-Unis et leurs alliés renoncent à organiser des manœuvres et des déploiements militaires en Europe de l’Est.

Moscou jugeant ses demandes non négociables et les Occidentaux les qualifiant d’inacceptables. Mardi, le Bélarus annonce l’arrivée d’un nombre indéterminé de troupes russes pour des exercices de «préparation au combat» vu les tensions croissantes avec les Occidentaux et l’Ukraine, selon Minsk. 

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