Pour encadrer l’essor fulgurant et inquiétant de l’IA : Un sommet au Royaume-Uni

31/10/2023 mis à jour: 06:10
AFP
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Destruction d’emplois, cyberattaques, voire perte de contrôle par les humains... Les signaux d’alarme se multiplient quant aux dangers potentiels de l’Intelligence artificielle (IA). Et si le gouvernement britannique a semblé réduire ses ambitions, avec peu d’invités prestigieux et de mesures concrètes attendues, il dit surtout vouloir ouvrir le dialogue sur le sujet lors de cette réunion organisée à Milton Keynes, au nord de Londres. 

«Ma vision et notre but ultime sont de travailler vers une approche plus internationale dans la sécurité, où nous collaborons avec nos partenaires pour faire en sorte que les systèmes d’IA soient sûrs avant d’être lancés», a plaidé le Premier ministre britannique, Rishi Sunak, jeudi lors d’un discours à Londres. Il a assuré qu’il bataillerait pour aboutir à la première déclaration internationale sur la nature des risques de l’IA et proposerait la mise sur pied d’un groupe d’experts internationaux, inspiré du modèle du Giec sur le climat.

 Le lieu n’a pas été choisi par hasard : le manoir de Bletchley Park est l’emblématique centre de décryptage des codes de la Seconde Guerre mondiale, où le mathématicien Alan Turing est parvenu à «casser» le code de la machine Enigma utilisée par les nazis. Le Britannique Alan Turing est aussi considéré comme l’un des pères de l’intelligence artificielle grâce à son célèbre test qui consiste à deviner si un utilisateur est train d’avoir une conversation avec un ordinateur ou avec un être humain. 

Des smartphones aux aéroports, l’Intelligence artificielle est déjà omniprésente dans la vie quotidienne, mais ses progrès se sont accélérés ces dernières années avec le développement de technologies «d’avant-garde» comme le robot conversationnel ChatGTP. «Dans 200 ans, les historiens auront donné un nom à cette période de révolution technologique», a affirmé lors d’une conférence de presse Aldo Faisal, professeur d’IA et de neurosciences à l’Imperial College de Londres. Si le potentiel de l’IA suscite de nombreux espoirs, en particulier pour la médecine, son développement semble parfois sans frein, avec de grandes puissances qui réagissent pour l’instant en ordre dispersé.
 

Approche alarmiste

Outre la destruction de milliers d’emplois dans de nombreux secteurs, comme l’art et les médias, l’IA pourrait être à l’origine de cyberattaques, de désinformation et de fraudes, a mis en garde Rishi Sunak. L’un des objectifs du sommet de Bletchley Park est donc de parvenir au moins à une «compréhension commune des risques» entre les participants. Reste désormais à savoir quels chef d’Etat feront le déplacement pour se pencher sur le sujet, en pleine guerre entre Israël et le Hamas. 

A ce stade, la Première ministre italienne,  Giorgia Meloni, est la seule cheffe d’Etat ou de gouvernement du G7 à avoir confirmé sa présence. Les Etats-Unis seront représentés par la vice-présidente Kamala Harris, et l’Union européenne par la présidente de la Commission Ursula von der Leyen. Le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres est également attendu. Selon le gouvernement britannique, la Chine sera présente sans que l’on sache exactement à quel niveau, une invitation qui a fait grincer des dents en raison des tensions entre les Occidentaux et Pékin, avec notamment des accusations d’espionnage technologique. Rishi Sunak a estimé qu’il ne pouvait y avoir de «stratégie sérieuse pour l’IA sans au moins essayer d’impliquer toutes les grandes puissances mondiales».

 A l’initiative de ce sommet, le Royaume-Uni se veut le moteur d’une coopération internationale sur l’intelligence artificielle, mais son approche alarmiste, insistant sur de potentielles catastrophes, agace certains acteurs du secteur qui voudraient plutôt se pencher sur les problèmes existants tels que le manque de transparence des modèles conçus par les entreprises et leurs biais sur la race ou le genre. Les principes éthiques communs que le Royaume-Uni veut tenter d’établir risquent également de se heurter aux intérêts des laboratoires d’IA et des géants de la tech, chinois et américains principalement, limitant l’efficacité d’un tel sommet selon ses détracteurs. 

Pour Hamed Haddadi, professeur au département d’informatique de l’Imperial College de Londres, le temps est en tout cas venu «d’avoir ce dialogue» : «Avons-nous besoin de régulation, ou devons-nous laisser le marché et les entreprises s’en occuper, et voir ce qu’il se passe ?» 
 

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