Un haut responsable diplomatique iranien s’est entretenu, lundi à Abou Dhabi, avec des représentants français, britannique et allemand sur des dossiers stratégiques, dont le programme nucléaire iranien, ont indiqué hier des sources diplomatiques, citées par l’AFP.
Le vice-ministre iranien des Affaires étrangères Ali Bagheri, chargé des négociations sur le nucléaire, a annoncé, dans un message sur Twitter, avoir «rencontré ses homologues» des trois pays européens, réunis au sein du groupe E3 (Royaume-Uni, France, Allemagne) pour «discuter d’un certain nombre de dossiers d’intérêt commun». Organisé dans la capitale des Emirats, «l’entretien a porté sur un large éventail de sujets, dont le programme nucléaire iranien», a précisé le ministère allemand des Affaires étrangères.
Le directeur politique de la diplomatie britannique, Christian Turner, a également confirmé la rencontre dans un tweet. Les quatre parties se sont déjà réunies dans le même format en mars à Oslo.
Cette nouvelle réunion intervient dans un contexte de relance des discussions entre Occidentaux et Iraniens centrées sur la question nucléaire. Téhéran a ainsi confirmé lundi mener des pourparlers indirects avec les Etats-Unis par l’intermédiaire du sultanat d’Oman. Iraniens comme Américains ont cependant démenti des informations de presse selon lesquelles ils sont proches de conclure un accord intérimaire pour remplacer l’accord international sur le nucléaire iranien de 2015, moribond depuis le retrait unilatéral des Etats-Unis en 2018. Téhéran cherche à obtenir la levée des sanctions américaines qui affectent durement son économie.
Au cours d’un entretien téléphonique samedi, le président français Emmanuel Macron avait fait part à son homologue iranien Ebrahim Raïssi de «son inquiétude quant à la trajectoire actuelle du programme nucléaire iranien», selon la présidence française. Il a demandé à Téhéran «des mesures de désescalade concrètes et vérifiables».
«Ne pas succomber à la pression»
Dimanche, le guide suprême iranien, l’ayatollah Ali Khamenei, a déclaré que son gouvernement devait continuer à coopérer avec l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA). «Je vous conseille vivement de rester en contact avec l’Agence (Internationale de l’énergie atomique) ; vous devez maintenir la coopération» avec elle, a-t-il dit au cours d’une réunion avec les responsables du programme nucléaire.
Il a exhorté les responsables du programme nucléaire à «ne pas succomber à la pression» de «revendications infondées». «Vous voudrez peut-être conclure des accords dans certains domaines, pas de problème, mais l’infrastructure existante de l’industrie nucléaire ne devra pas être affectée», a-t-il ajouté. Et d’observer : «Nous ne voulons pas aller vers l’arme nucléaire sur la base de nos principes islamiques. Si cela avait été le cas, ils n’auraient pas été en mesure de nous arrêter.»
Les relations entre Européens et Iraniens se sont un peu détendues ces dernières semaines avec la libération par Téhéran de six prisonniers européens, tandis que l’Iran récupérait un diplomate iranien condamné pour terrorisme et incarcéré en Belgique.
Le 5 juin, le secrétaire d’Etat américain, Antony Blinken, a répété que l’administration Biden considérait l’Iran comme la principale menace pour Israël et qu’il ne serait jamais permis d’obtenir l’arme nucléaire. «Si l’Iran rejette la voie de la diplomatie, alors, comme le président (Joe) Biden l’a clairement indiqué à de nombreuses reprises, nous n’écartons aucune possibilité pour s’assurer que l’Iran n’obtienne pas d’armes nucléaires», a-t-il assuré lors d’un discours à Washington devant le lobby pro-pro-israélien Aipac.