Le secteur de l’Éducation nationale est aux prises avec de nombreux défis, au centre desquels figure le besoin de prendre le virage de la qualité. Maintenant que les salaires et les statuts des enseignants ont été revalorisés, il serait utile de lancer un débat pour toucher l’essentiel, à savoir instaurer un modèle de gouvernance qualitative de la profession enseignante, qui tient un rôle prépondérant.
Les élèves ont besoin de meilleurs instituteurs payés au mérite. C’est bien là l’essentiel : éviter aux parents de recourir aux cours privés de soutien pour leurs enfants, ce qui est susceptible de générer et d’aggraver les inégalités. La refonte de la profession enseignante peut s’insérer dans une matrice plus générale des réformes de la Fonction publique visant à remplacer l’indexation automatique des salaires basée sur le seul critère de l’ancienneté des employés par une évolution des salaires au mérite.
Le secteur de l’Éducation peut lancer un débat pour initier de nouvelles réflexions sur la rémunération, en concevant des modalités pertinentes d’attribution des primes au mérite pour les enseignants. Des instruments d’appréciation peuvent être mis en place pour permettre aux inspecteurs d’évaluer d’une manière adéquate et avec équité les enseignants pour instaurer une rémunération au mérite.
L’évaluation des enseignants doit certes incomber aux inspecteurs et aux directeurs d’établissement scolaire, mais aussi aux parents d’élèves qui doivent avoir leur mot à dire. La prime au mérite découlera ainsi de l’évaluation à la fois des inspecteurs, des directeurs d’établissement mais aussi de l’appréciation des parents d’élèves. Le salaire peut, par exemple, être constitué d’une partie fixe et d’un autre segment variable constitué d’une prime au mérite.
L’appréciation de la performance d’une prestation d’un enseignant n’est certes pas facile à déterminer, mais il n’est pas pour autant impossible de le faire selon des critères concrets. Il s’agit, par exemple, des aptitudes de l’enseignant, telles que l’engagement professionnel, l’organisation du travail, mais aussi ses compétences pédagogiques et son rapport aux élèves.
Parmi ces critères, certains doivent être choisis en accord avec l’enseignant, qui participe ainsi à l’établissement des objectifs. Le plus urgent est de renforcer et rendre plus pertinents les contrôles et les inspections disciplinaires à tous les échelons. Les inspecteurs doivent aussi à leur tour être inspectés et évalués par un corps qui sera créé à cet effet pour prévenir toute éventuelle dérive.
A long terme, la priorité doit être accordée à l’exigence d’une solide formation dans les sciences de l’éducation. Cette formation a notamment pour but de favoriser les pratiques pédagogiques réflexives et coopératives, sans plus gaver les élèves de connaissances à apprendre par cœur ; avec comme nouveau mot d’ordre : «Enseigner moins et apprendre mieux». La communauté éducative a ainsi besoin de mettre l’accent sur l’incitation à la créativité et à la réflexivité.
Les réformes de l’Education nationale algérienne doivent enfin oser toucher au cœur du volet pédagogique, en allégeant les programmes et en établissant un sens pertinent des évaluations des acquis des élèves en adaptant le système à l’enfant et non pas le contraire. Tout cela passe par des méthodes fondées sur des pratiques modernes qui mettent en avant l’importance de l’apprentissage en équipe dans le développement de l’élève.