Emblématique des festivités locales qui rassemblent les Portugais tout au long de l’été, la sardine représente les deux tiers de la pêche du pays ibérique et fournit la matière première d’une importante industrie de la conserve. «Là où il y a des sardines, il y a du monde, de la bière, des amis et de la convivialité.
La sardine, elle réunit les gens», témoigne à l’AFP Gonçalo Ortega, un Portugais de 27 ans attablé avec des amis dans un quartier typique de Lisbonne pour fêter la Saint-Antoine. Comme pour la Saint-Jean à Porto (nord), l’odeur de sardines grillées en pleine rue va de pair avec les bals populaires qui animent ces fêtes locales l’été au Portugal. «La sardine, qui est de fait l’espèce la plus abondante et la plus commune des côtes maritimes portugaises, a une grande importance en ce qui concerne l’approvisionnement de la population. Des communautés locales côtières jusqu’aux populations urbaines. En ce sens, la pêche à la sardine est de grande importance au niveau social. Encore plus que la légendaire morue», explique Alvaro Garrido, spécialiste de l’histoire économique de la pêche.
Plus gros consommateurs de poisson de l’Union européenne, les Portugais en importent la majeure partie, notamment la célèbre morue (ou cabillaud), symbole de la gastronomie nationale pêchée dans des eaux situées plus au nord. «La balance commerciale des produits de la pêche au Portugal, en raison des importations de morue, est chroniquement déficitaire.
Du côté des exportations, ce qui va rééquilibrer le tableau ce sont les exportations de conserves de sardines», précise M. Garrido. «La pêche à la sardine, c’est spécial car c’est une tradition. Tout le monde adore les sardines, surtout quand elles sont de bonne qualité», lance Agonia Torrao, capitaine d’un chalutier basé au port de Peniche, situé dans le centre du pays. «C’est un poisson qui existe en abondance le long de nos côtes. C’est pour cela qu’ici on pratique cette pêche», ajoute le marin de 51 ans à bord de son navire.
Malgré son importance historique, mais aussi dans l’imaginwaire des Portugais, la pêche reste une activité économique en déclin.
Selon l’Institut national des statistiques, le pays comptait l’an dernier quelque 14 000 pêcheurs, soit 35% de moins que 20 ans auparavant. Dans la même période, sa flotte de pêche s’est réduite de 28%, à 7600 embarcations.