Pollution de l’Oued Soummam (Béjaïa) : Fermeture de 2 unités industrielles et mise en garde de 33 autres

09/03/2025 mis à jour: 03:48
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L’oued Soummam : réceptacle de toute sorte de déchets

La pollution des oueds et des cours d’eau avec toute sorte de détritus, notamment du plastique, et autres déchets cancérigènes, en plus de l’exploitation effrénée et parfois illégale des agrégats du lit de l’oued affectent directement l’écosystème. 

L’oued Soummam, qui prend naissance de la confluence de l’oued Sahel et de Bou Sellam à Akbou avant de se jeter, à Béjaïa, dans la mer Méditerranée, constitue le réceptacle principal de tous les rejets ménagers, en plus de ceux d’origine industrielle, provenant des unités de production installées aux abords de l’oued. Même si l’administration a longtemps minimisé la nuisance de ces entreprises, il n’en demeure pas moins qu’elles comptent parmi les pollueurs. 

Le député de Béjaïa Massinissa Ouari a profité, lors de la séance plénière de l’APN consacrée aux questions orales, pour interpeller à ce sujet la ministre de l’Environnement et de la Qualité de la vie, Nadjiba Djilali. 

Parmi les préoccupations, le député de la région cite la dégradation de l’oued Soummam. Les pêcheurs et les associations écologistes ont, à plusieurs reprises, tiré la sonnette d’alarme, après avoir constaté toute sorte de substances et de mousse dénaturant l’eau de l’oued ainsi que des cas récurrents de mort de poissons signalés ici et là par des pêcheurs de barbeau et de carpes. Interpellées alors, les autorités locales avançaient que cette pollution est «d’origine chimique», sans s’étaler sur la provenance de ces produits et leur nature. 

Des analyses menées auparavant par la direction de l’environnement ont démontré «la présence de matériaux lourds dans l’eau, comme le plomb, et surtout une forte concentration de chlore». 
Selon un récent bilan du ministère de l’Environnement, deux unités se débarrassant de leurs rejets industriels dans l’oued «ont été fermées récemment et 33 autres ont été mises en garde dans le cadre des missions de l’Observatoire national de l’environnement et du développement durable (ONEDD), un organisme rattaché au même ministère», selon la ministre. 

35 unités implantées près de l’Oued

A ce sujet, la ministre de l’Environnement, Nadjiba Djilali, a indiqué que des organismes sous sa tutelle, comme l’ONEDD, prennent toutes les dispositions nécessaires pour la protection des plages, des espaces marins et des rivières, en opérant les analyses appropriées. Dans ce sens, «sur 35 entreprises qui rejettent leurs déchets dans l’oued Soummam, dont des unités industrielles et des stations de lavage et de graissage d’engins, nous en avons fermé deux et mis en garde 33 autres». 

L’action du gouvernement a conduit, selon elle, «deux entreprises sur les 33 à engager des projets de réalisation des stations d’épuration des rejets industriels au niveau de la zone industrielle Thaharacht d’Akbou, et la dotation de 7 autres du même équipement, pendant qu’une autre unité est en cours de réaliser sa STEP». Dans le même sillage, elle a indiqué que «30 entreprises ont signé des conventions avec l’Observatoire national de l’environnement et du développement durable pour le suivi et le contrôle régulier de ces STEP», à travers des actions concrètes comme la prise d’échantillons pour analyse, ainsi que d’autres programmes visant à protéger ce cours d’eau.

Cap sur l’économie circulaire

Dans le même contexte, le député a évoqué un autre type de pollution, la plus visible : la prolifération des décharges et dépotoirs sauvages. Il commentera qu’«en dépit de l’existence d’un arsenal juridique consistant, encadrant et régissant le volet de la lutte contre la prolifération des dépotoirs sauvages, il n’en demeure pas moins que ces lois dépendent de la volonté des responsables pour leur application». 

A quoi la ministre rétorque par le programme gouvernemental d’investissement dans le domaine de l’environnement. Elle cite, entre autres, la prochaine ouverture de l’unité de traitement des déchets ménagers Delta environnement basée à Tazmalt, au sud de la wilaya, d’une capacité de 85 tonnes ; la création de 40 PME évoluant dans la récupération et le recyclage des déchets et, enfin, l’établissement des autorisations à tout investisseur souhaitant s’engager dans le segment de la récupération des déchets recyclables. Toujours dans le volet de la gestion des ordures, la représentante du gouvernement a évoqué un programme consistant à la réalisation et la mise en service prochainement de quatre unités de traitement des déchets ménagers. Il s’agit des projets accusant déjà un retard considérable, mais qui sont en phase d’achèvement à présent. 

La ministre a indiqué que la décharge contrôlée de Beni Ksila, dont le taux d’avancement des travaux a atteint 95%, entrera en service cette année, alors que le centre d’enfouissement technique de Sidi Aïch, un projet qui vient remplacer la décharge décriée de la RN26, situé non loin du lit de l’oued Soummam, est à 80% de réalisation. Le secteur de l’environnement enregistre l’éradication de 20 décharges sur les 36 recensées, avec leur recouvrement avec de la terre végétale, afin d’écarter tout risque de déclenchement d’incendie, tout en réhabilitant les sites pour éliminer les nuisances sur l’environnement et la santé. Les zones ciblées en priorité sont celles situées à proximité de denses couverts végétaux. Nordine Douici
 

 

 

Deux études pour la dépollution du bassin de la Soummam

Le ministère de l’Environnement et de la Qualité de la vie a engagé une étude pour la dépollution de l’oued Soummam et la protection des zones non polluées le long de ce cours d’eau, qui se meurt sous les ordures et de toute sorte d’agressions et de rejets ménagers et industriels. Selon la ministre Nadjiba Djilali, une commission composée des cadres centraux s’est déplacée en février dernier ainsi qu’en ce début du mois de mars pour vérifier les affluents de l’oued Soummam, notamment au niveau des wilaya concernées, à savoir, Béjaïa, Sétif, Bordj Bou Arréridj et enfin Bouira, afin de collecter les données techniques permettant l’élaboration du cahier des charges. La mission vise ainsi «le recensement des sources de pollution et les points noirs avant de dresser les recommandations et les mesures adéquates susceptibles de préserver les zones non polluées». Par ailleurs, une étude, d’en on parle localement depuis au moins 8 ans et qui est menée par les services de la wilaya, est en cours, a indiqué la même source. Celle-ci consiste en la recherche d’une meilleure approche visant à réaménager et à réhabiliter ce bassin d’eau si important pour la vie des espèces qui y vivent. L’étude prévoit, entre autres, «le reprofilage du cours d’eau, le confortement des berges, la construction de remparts pour protéger les agglomérations urbaines, ainsi que l’aménagement d’un canal de décharge à l’amont de la zone deltaïque».  N. Douici

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