Nadir Larbaoui remplace Aïmene Benabderrahmane au poste stratégique de Premier ministre, ce qui était attendu, essentiellement du fait que ce dernier n’a pas été capable de gérer l’intersectorialité gouvernementale et d’imposer sa position entre les différentes décisions chaotiques prises par ses «ministres».
Cette incapacité s’est traduite par des perturbations économiques et commerciales graves, qui ont perturbé le marché et accéléré l’augmentation des prix des produits de première nécessité, doublée d’une spéculation féroce qui va réduire le pouvoir d’achat des ménages, malgré les subventions massives pour le protéger. La seule utilisation de sanctions pénales lourdes n’a pas pu empêcher le phénomène de se développer, bien au contraire, il a accéléré la dynamique contraignant les pouvoirs publics à recourir aux importations massives pour atténuer l’impact. Ce changement peut-il être une solution sans que l’équipe gouvernementale ne soit remaniée ?
Certainement pas, le nouveau Premier ministre aura besoin de former «son équipe» sur laquelle il pourra mettre en œuvre sa politique économique, avec des cadres qui mettront en place les décisions prises, en tenant compte des problèmes intersectoriels qui naîtront dans cette action et qu’il devra trancher avec autorité. Cette option ne peut avoir une chance de succès que dans la mesure où des «états-majors ministériels» (regroupement de plusieurs ministères) sont constitués, dans les grands secteurs (économique, social, éducation, intérieur...) avec à leur tête des ministres d’Etat pleinement responsables des secteurs qu’ils gèrent, avec une feuille de route déclinée en séquence annuelle et une obligation de résultat.
Cette concentration des prérogatives et des pouvoirs permettra d’éliminer leur dissolution en plusieurs ministères sectoriels porteurs de gaspillage de ressources rares et de délais élastiques. Plus que jamais, l’année 2024 sera celle de toutes les incertitudes et de toutes les déstabilisations, ce qui nécessite un front intérieur apaisé et une politique extérieure équilibrée, pour prendre en charge les dossiers lourds qui ne manqueront pas de se présenter.
L’action du nouveau Premier ministre doit s’inscrire dans cette fenêtre de tir, de coordination de l’action gouvernementale avec autorité, pour imposer la cohérence globale et la convergence des différentes décisions et en même temps celle de rendre lisible pour les citoyens les orientations présidentielles prises.
Pour cela, il devra «descendre sur le terrain» et sillonner les collectivités locales, pour vérifier la mise en place réelle des programmes retenus, autrement qu’avec des rapports rédigés par des fonctionnaires plus intéressés par leur carrière que par les budgets non consommés qu’ils sont censés gérer.
Enfin, un programme (pour ne pas dire un plan) chiffré et décliné en séquence annuelle doit être construit et débattu pour adoption, par la représentation nationale (les deux Chambres), de manière à engager les relais sociétaux, faute d’avoir une activité politique partisane capable de mobiliser les masses populaires. C’est donc à ces réalités que le nouveau Premier ministre devra faire face... Bon vent !