Point de vue / L’art d’investir en diplomatie

05/06/2023 mis à jour: 07:52
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Photo : D. R.

L’investissement sur le redéploiement de la diplomatie algérienne a été énorme et varié, dans toutes les institutions onusiennes spécialisées et a valu les éloges soutenues du secrétaire général de l’ONU au président Abdelmadjid Tebboune, dernièrement. 

Cette appréciation de marque suffira-t-elle à permettre à notre pays d’être élu à son Conseil de sécurité, organe suprême de cette institution majeure dans la gestion des relations internationales ? Rien de moins sûr, dans la mesure où le SG de l’ONU ne peut interférer dans ce vote, seuls les pays membres permanents du Conseil (USA, France, Chine, Russie et Royaume-Uni) pèseront de tout leur poids  et de leurs influences pour permettre ou non à notre pays d’accéder à ce poste stratégique, pour un mandat (2024-2025) avec également le vote de tous les autres pays membres.

La «victoire», car ce serait une véritable victoire, n’est pas gagnée d’avance, tant la lutte sera dure devant les autres candidatures de pays amis et ennemis de notre pays. En fait, tous les pays aspirent à être élus comme membres non permanents du Conseil de sécurité, pour des raisons évidentes. En général, les pays non membres permanents au Conseil de sécurité sont élus sur la base d’âpres tractations entre les pays membres permanents et, bien sûr, le reste des pays membres de l’Organisation, personne ne souhaite voir un pays, hostile à ses intérêts, accéder à ce poste stratégique qui le ferait entrer dans la «cour des grands» ! 

Dans ce cadre, l’Algérie jouit d’un certain nombre d’atouts comme celui d’entretenir de «bonnes relations» avec tous les pays membres permanents du Conseil, ce qui est un premier obstacle franchi, nécessaire mais non suffisant. 

L’investissement doit donc se concentrer sur les pays franchement hostiles directement ou indirectement, sans perdre ses principes et la constance de ses positions affichées. 

Ce travail d’équilibrisme revient à notre ministre des Affaires étrangères, sur instructions du président de la République et de l’équipe dépêchée sur place, pour réaliser le lobbying nécessaire dans un pareil exercice et promouvoir et mobiliser l’appui à la candidature de l’Algérie pour obtenir la qualité de membre non permanent du Conseil de sécurité durant un mandat.L’erreur n’est pas permise et l’allocution du ministre que «notre pays continuera à apporter sa contribution, en tant que partenaire responsable et fiable, face aux défis mondiaux, en soumettant des idées et des initiatives à même de renforcer le rôle du multilatéralisme dans la préservation de la paix et de la sécurité internationales» va dans le sens du rassemblement des pays membres sur sa candidature. Il ajoutera que cette candidature «s’inscrit dans le prolongement naturel de son rôle et de son engagement à renforcer la coopération internationale pour l’édification d’un ordre mondial consacrant la paix, la stabilité et la prospérité».

 Inscrivant notre pays dans sa profondeur africaine (l’UA) et arabe (Ligue arabe), le ministre passera en revue le bilan de la présidence de la 31e session du Sommet arabe et les efforts consentis pour le règlement de la crise au Mali et en Libye et de la lutte contre le terrorisme dans la région. Enfin, au niveau des instruments de cette politique, il a insisté sur la création d’une agence de coopération internationale, entièrement dédiée au financement de projets de développement dans la région sahélo-saharienne. 

Cet argumentaire détaillé pourra-t-il rallier ses pairs et mobiliser les pays membres sur la candidature de notre pays ? Rien n’est moins sûr, dans la mesure où, le conflit ukrainien a radicalisé les relations internationales et la neutralité n’est plus permise, comme l’avait annoncé A. Blinker de passage à Alger, en déclarant que «dans ce conflit, il y a un agresseur et un agressé et il faut choisir son camp !» 

Il va falloir tenir une comptabilité stricte des pays ayant soutenu ou non la candidature de notre pays, pour en tirer tous les enseignements utiles et toutes les conséquences futures.

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