A la fin du mois dernier, l’ONS avait publié son chiffre de l’inflation pour le mois de février. Il s’est établi à 9,14%. Ce chiffre déroute autant le spécialiste que le simple citoyen. En effet, depuis le début de cette année, on assiste à une hausse généralisée de l’ensemble des produits de large consommation.
Ces hausses sont au minimum de 10%. L’arithmétique aurait voulu que l’indice des prix à la consommation (IPC), qui mesure l’inflation, soit à deux chiffres. Si l’IPC capte mal le «ressenti» du citoyen, c’est qu’il existe des raisons objectives. La première raison est que cet indice est calculé sur la base d’une pondération qui date de plus de 20 ans.
En effet, ces pondérations ont été inférées à partir de l’enquête de consommation de l’année 2000. Si en 2000, les produits alimentaires ne représentaient que 43% dans le total de la dépense du ménage, il est clair qu’actuellement et avec l’érosion du pouvoir d’achat, 60-70% du revenu du ménage, si ce n’est plus, est consacré à l’achat des produits qui relèvent du groupe «alimentation et boissons».
La deuxième raison est le relevé des prix qui figure dans ces publications. Ces moyennes des prix sont souvent inférieures au prix minimum qu’on peut observer. La troisième raison objective est le fait d’inclure dans le calcul de l’inflation des produits qui sont obsolètes actuellement.
En effet, dans la méthodologie de calcul de l’IPC, il est inclus, encore en 2022, des biens comme la «radio» , «appareil photo», «boîte de vitesses 4L», etc. La quatrième raison tient à l’échantillon des points de vente qui sont observés. Tout comme le système de pondération, l’échantillon des points a été choisi sur 17 villes et villages «représentatifs».
Il est clair qu’avec le fort mouvement d’urbanisation de création de nouvelles cités qui n’existaient pas en 2000, ces points de vente ne sont plus nécessairement représentatifs des habitudes de dépenses des ménages algériens actuellement.
A titre d’illustration et en prenant juste en compte une correction qui touche les pondérations et les relevés des prix de certains produits, l’inflation au mois de février dernier aurait été de 15% au minimum.
Mohamed Yazid Boumghar
statisticien économiste