Contre toute attente, le président de la République vient de décider d’une élection présidentielle anticipée, qui aura lieu le 7 septembre 2024, au lieu du 12 décembre 2024, qui marque la fin de mandat du président Abdelmadjid Tebboune.
Il faut rappeler que seul le président Liamine Zeroual a eu recours à une élection anticipée, en écourtant son mandat présidentiel de deux ans en 1998, ce qui a permis à Abdelaziz Bouteflika d’être intronisé en 1999.
Cette procédure, bien que légale, n’en est pas moins interrogative sur les motivations réelles qui ont conduit le Président à prendre une telle décision. La Constitution permet une pareille procédure dans des cas bien précis, tels qu’une guerre, une catastrophe naturelle, une vacance de pouvoir ou une décision présidentielle.
Un nouveau mandat ou non ?
Agé de 78 ans, le président Abdelmadjid Tebboune n’a pas évoqué les raisons de sa décision, ce qui alimente les interprétations et les supputations de tout un chacun.
Les partisans de son départ affirment qu’il ne briguera pas un autre mandat pour des raisons de santé, de contradiction au sein du pouvoir, d’usure politique, d’une volonté personnelle de laisser la place à d’autres figures plus jeunes de la classe politique…
Ceux qui, en revanche, plaident pour son maintien, avancent les résultats positifs enregistrés sur les plans diplomatique, économique et social, dans une conjoncture particulièrement difficile, tant au niveau national qu’international.
Les éléments techniques et d’agenda
A tenter de lire entre les lignes du communiqué de l’APS (voir article intitulé «Elections anticipées : la lecture de l’APS»), ce sont des éléments techniques du timing électoral passé et du prochain, doublés d’un agenda national, mais surtout international, d’une extrême sensibilité, qui ont prévalu à cette décision pour la moins inattendue.
Il n’y a donc pas d’autres visées politiques, voire politiciennes, d’autant que le président de la République avait reçu, quelques jours auparavant, des responsables politiques de la majorité et de l’opposition, avec lesquels il a débattu des élections et des moyens d’assurer leur transparence et leur fiabilité, ainsi que du problème de leur financement.
Dans la logique du système
Il n’y a donc pas de raison évidente ou inavouée pour que le Président ne se présente pas, pour un prochain mandat. Bien au contraire, car il incarne la stabilité intérieure et extérieure de notre pays et dans la région.
Il importe donc de faire de cette élection présidentielle anticipée une opération transparente et fiable, pour permettre au débat politique contradictoire de s’ancrer dans nos mœurs, même si le résultat final semble évident, compte tenu de l’état indigent du personnel politique actuel et de l’évolution de la sédimentation sociologique de notre société.
Cette élection anticipée peut, si elle est menée à bon port et dans les règles de l’art, raffermir le tissu social, régénérer le personnel politique, mobiliser la jeunesse autour d’un projet de société à construire, favoriser le débat d’idées et, enfin, libérer les énergies pour permettre l’éclosion de l’entrepreneuriat productif.